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Edito 150 juin 2005

mercredi 1er juin 2005, par Courant Alternatif


Au moment où nous terminons ce numéro de CA, le NON majoritaire caracole en tête des sondages. Ce scrutin sera “ l’autre expression sociale ” du mécontentement qui gronde à travers les luttes de ces derniers mois et dans le pays. Du moins, les rabatteurs électoraux nous le présente-t-il ainsi.

Contrairement à ce que prétendent les OUI, les politiques gouvernementales sont des applications directes de la nouvelle constitution proposée. Mais aussi, comme omettent de le rappeler les partisans du NON : cette constitution n’est que la suite des précédents traités ( Maastricht, Lisbonne 2000, Nice 2001…) qu’ils ont eux mêmes entériné lorsqu’ils étaient aux commandes de l’état. Dans le cadre de la mondialisation, le capital européen même avec ses rivalités, nécessite un espace géographique unique où les mouvements de capitaux seraient enfin libérés de toutes contraintes étatiques et où, le coût de la force de travail serait le plus faible possible. Cette Europe, ce sont les Chirac, les Jospin, les Hollande mais aussi les Fabius, les Melenchon, les Emmanuelli.. et tant d’autres en coulisse qui l’ont tracé et accompagné durant ces années passées. Si la protestation défoulée dans l’isoloir venait à donner la victoire au NON, cela n’entravera en rien l’avancée des politiques libérales mises en œuvre. Tout au plus, les princes qui nous gouvernent renouvelleront-ils le personnel politique dans un premier temps pour donner l’impression à l’électeur que son message à été entendu.. A charge pour ceux qui ont illusionné l’électeur citoyen sur le pseudo pouvoir de son bulletin de vote, de continuer à gérer les intérêts du capital de façon plus insidieuse, plus soft ou plus musclée selon la situation à venir.

Une victoire du NON n’aura pas de dynamique de classe. Sortie de l’isoloir, elle ne peut refléter que l’humeur ou le mécontentement isolé de l’électeur citoyen aussi disparate, hétéroclite et revanchard que la palette des NON proposée. Quand au NON de gauche, les consensus, les évitements et tabous affichés par les têtes d’affiches lors des meetings commun illustraient l’après 29 mai. Aucune force crédible porteuse de rupture avec le capital mais toutes prêtes à gérer à son profit le résultat s’il s’avérait triomphal. Nous assisterons à la construction d’appareils pour une énième gauche plurielle, 100% à gauche et, promis juré vraiment réformiste au service des intérêts travailleurs pour les uns, démocratique et citoyenne pour les autres. Les Fabius, Melenchon, Emmanuelli ne sont pas entrés en dissidence de parti par la grâce anti-capitaliste. Ils jouent leur partition espérant en tirer profit puis tous sauront se retrouver entre gens “ réalistes et responsables ” dans la perspectives des présidentielles de 2007. Que ne les avions nous pas entendu lorsque eux mêmes ou leurs camarades au pouvoir, privatisaient, licenciaient et plongeaient les salariés dans la misère. Idem pour le PCF ? reconverti au citoyennisme et au catastrophisme annonçant par la voix de MG Buffet “ qu’une victoire du OUI serait catastrophique car il serait alors pour la gauche plus difficile de mener une politique pleinement à gauche ”. Pourquoi avec “ ses camarades communistes ” n’a t-elle pas insufflé, lors de leurs passages gouvernementaux, cette politique de gauche tant souhaitée aujourd’hui.

La victoire du NON résultera d’un exutoire collectif, multiple et vengeur mais n’améliorera pas la situation des salariés ni ne les armera pour mieux défendre leurs intérêts de classe. Arrêter l’offensive de la bourgeoisie ne dépend pas des urnes, ou d’un vote, ou d’une sanction citoyenne fut-elle majoritaire et de gauche. Elle ne peut être stoppée que par une généralisation de nos luttes, dans un rapport de classe, avec une conscience et des objectifs autonomes de classe.

Si nous sommes amenés à dénoncer et combattre le projet de constitution, ce n’est pas parce qu’elle est d’inspiration libérale, voire ultra-libérale mais parce que nous sommes anti-capitalistes et portons un projet communiste et libertaire qui ne passe pas par l’isoloir.

OCL Caen
Mai 2005

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