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Communiqué de la la Fédération anarchiste de Catalogne suite à la nouvelle opération « antiterroriste »

mercredi 11 novembre 2015, par ocl-lyon

En Espagne, la répression contre les mouvements sociaux se poursuit notamment contre des camarades anarchistes qui viennent de subir à Barcelone de nouvelles arrestations. Dans un pays en proie à la crise économique la plus crue (25% de chômage dont 50% chez les jeunes), l’État fédéral et provincial préférant le « dialogue social institutionnalisé » n’admet pas les résistances franches et directes à l’austérité libérale imposée et les criminalise en utilisant l’alibi du terrorisme. On peut alors s’interroger sur l’attitude du front de gauche espagnol « Podemos » qui est arrivé au pouvoir grâce au mouvement social mais qui derrière le tue en cautionnant cette Terreur d’État contre les révolutionnaires. Face à cette répression, notre arme reste la solidarité et la lutte !


{{Communiqué de la la Fédération anarchiste de Catalogne suite à la nouvelle opération « antiterroriste »}}

Aujourd’hui 28 octobre 2015, une fois de plus, des compagnons ont été réveillés par les cris de la police qui, à cinq heures du matin, a enfoncé les portes de leur logement. Malheureusement, ce n’est pas une situation nouvelle (1), mais c’est devenu systématique au cours des deux dernières années. Aujourd’hui la répression est tombée sur Manresa et sur différents quartiers de Barcelone : ​​ Sants, Sant Andreu, le Clot, la Verneda et Gracia.

Ils ont perquisitionné et les Mossos d’Esquadra (la force de police de Catalogne) ont pris du matériel graphique et des appareils électroniques : des affiches, des brochures, des peintures, des livres, des cahiers, des ordinateurs, des banderoles, etc. Une fois de plus, un espace social a été attaqué, dans ce cas l’Athénée Libertaire de Sants, et une fois de plus, malheureusement, il y a eu des arrestations. Neuf personnes ont été arrêtées, dont un membre de notre Fédération.

Cette opération fait partie de l’engrenage répressif qui attaque systématiquement la dissidence organisée. Une attaque de plus contre ceux qui ne baissent pas la tête. Une attaque de plus contre les personnes qui s’affrontent au capitalisme patriarcal qui nous condamne à la misère. Une attaque de plus qui ne nous fera pas reculer ; au contraire, nous allons continuer le combat parce que la rébellion et la colère ne peuvent pas être contrôlées.

Nous sommes conscients que l’appareil répressif de l’État va continuer à attaquer les anarchistes, tous ceux qui n’obéissent pas à ses diktats, tous ceux qui combattent les injustices, mais nous savons aussi qu’ils ne pourront jamais arrêter notre lutte, ni empêcher que la solidarité et le soutien mutuel se renforcent, parce que dans un monde si injuste, être juste est un crime.

La solidarité c’est la lutte.

Fédération anarchiste de la Catalogne, le 30 Octobre ici à 2015

{{Communiqué des personnes arrêtées lors de la dernière phase de l'Opération Pandora et remises en liberté avec charges

Nous désignons le ministère de l’Intérieur du gouvernement catalan (Generalitat) et plus particulièrement le commissariat général à l’information de la FMC (Fédération des mairies de Barcelone) comme responsables directs de cette dernière répression agressive.
Le mercredi 28 octobre, nous avons été arrêtés (neuf personnes), dans le cadre d’une nouvelle opération antiterroriste orchestrée par l’appareil d’information du Corps des Mossos d’Esquadra, en collusion avec le juge numéro 3 de l’Audiencia Nacional espagnole. Après l’enregistrement des pillages de nos domiciles et de l’Athénée Libertaire de Sants, nous avons été conduits dans différents commissariats de police de la périphérie de Barcelone, et le lendemain livrés à la Guardia Civil pour notre transfert à Madrid. Le vendredi après-midi, nous avons comparu devant le juge Juan Pablo Gonzalez, qui a décrété la mise en liberté avec charges pour deux d’entre nous, l’emprisonnement sous condition d’une caution pour six autres, et la prison ferme pour le compagnon qui se trouve actuellement incarcéré à la prison de Soto del Real (Madrid).
Le groupe de détenus qui se trouvent actuellement libérés veulent rendre publique une série de réflexions et de positions politiques :

  • L’accusation générique contre les neuf est "appartenance à une organisation criminelle à buts terroristes." Concrètement, on nous accuse de faire partie du GAC « Groupes anarchistes coordonnés - FAI-FRI » , qui, comme nous le savons, est tiré d’un concept construit artificiellement par l’appareil policier, un regroupement de sigles dans lequel, intentionnellement et de façon bien calculée, ils mélangent un espace de coordination entre collectifs (GAC) avec la « signature » que certains groupes utilisent au niveau international pour revendiquer des actions de sabotage (FAI-FRI).
  • La construction de cette organisation/cadre donne à la police tous les recours répressifs que fournit le dispositif antiterroriste : tribunaux d’exception, plus grande insécurité juridique, sanctions beaucoup plus sévères à l’encontre des compagnons qui sont condamnés pour avoir réalisé certaines actions, détentions au secret, régimes pénitentiaires spéciaux, relations personnelles d’amitié/de militantisme conçues comme délictueuses, amplification médiatique, stigmatisation sociale, etc. Il suffit de noter que, pendant tout le processus de détention, à partir du moment où nous avons vu nos domiciles envahis et pillés jusqu’au moment où nous avons été présentés devant le juge- nous n’avons même pas su de quoi nous étions accusés.
  • Avec l’invention de l’acronyme GAC-FAI-FRI, les forces de police ont conçu un réseau avec lequel ils peuvent attraper tout ce qui bouge dans le domaine anarchiste et anti-autoritaire. Dans le contexte de cette nouvelle organisation/cadre, assister aux journées de débats, participer à des réunions, rendre visite à des compagnons prisonniers ou simplement avoir des contacts personnels avec quelqu’un considéré comme membre de l’organisation sont des indices suffisants pour qu’on soit inclus dans leur liste noire. C’est ce caractère diffus et étendu qui donne une véritable force à la stratégie antiterroriste : après chaque vague de répression, ceux qui se solidarisent avec les personnes arrêtées seront également susceptibles d’être considérés comme faisant partie de l’organisation et donc arrêtés, et ainsi de suite. Le concept de l’organisation terroriste est pensé pour être étendu indéfiniment, peut-être en vue d’atteindre un moment où l’entourage considéré comme dangereux reste finalement isolé et asphyxié par la dynamique de la répression ou bien où la capacité de cet entourage à continuer à agir politiquement est tellement affaiblie qu’il ne vaut plus la peine de continuer à le frapper. Le fait que cette nouvelle opération contredit les déclarations mêmes des Mossos (qui prétendaient que la section de Barcelone de GAC-FAI-FRI était déjà démantelée) n’est pas surprenant, étant donné que l’organisation terroriste est construite, modifiée et étendue par l’action même de la police et non l’inverse. La "lutte contre le terrorisme" crée le terrorisme de la même manière que la loi crée le délit.
  • La tentative d’établir l’existence d’une organisation anarchiste terroriste représente donc un saut qualitatif dans la stratégie répressive contre les luttes, un saut qui ne devrait pas passer inaperçu et qui nécessite une réflexion approfondie au sein du mouvement .
  • Nous désignons le ministère de l’Intérieur de la Generalitat et particulièrement le Commissariat général à l’Information de la FMC comme responsables directs de cette dernière agression répressive. Leurs tentatives visant à détourner l’attention en disant que les Mossos n’ont fait que suivre les ordres de Madrid ne sont qu’une tentative mesquine et lâche d’éluder leur propre responsabilité et de dissimuler leur implication dans les événements ; ils ont impulsé et conçu dans les moindres détails une opération approuvée par l’Audiencia Nacional.
  • À cet égard, voir comment la Generalitat de Catalogne livre de jeunes catalans aux tribunaux, aux prisons et à l’application de lois répressives directement héritées du franquisme espagnol nous offre une image très claire de ce que sont les bases réelles du « processus souverainiste", révélant la perversité de la rhétorique libératrice qui l’entoure. La vérité est qu’il y a longtemps que le gouvernement a identifié le milieu anarchiste et anti-autoritaire catalan comme un ennemi à abattre, et le processus Pandora (1) n’a pas d’autre objectif que de se rapprocher de cette cible. L’anarchisme est frappé non pour ses idées dans l’abstrait, mais pour ce qu’il a été, est et peut être dans la pratique : une minorité de révolutionnaires qui n’hésitent pas à contester le système et ses fondements oppressifs et corrompus, qui encouragent ceux qui les entourent à se rebeller, et qui refusent de se laisser séduire par les canaux d’intégration politique qu’offre la démocratie capitaliste libérale.
  • Au cours du dernier cycle de luttes, alimenté par la crise de la financiarisation mondiale et par les politiques d’austérité qui ont fait peser tout le poids de l’ajustement sur le dos des exploités, il s’est ouvert en Catalogne un champ de contestation dans lequel le rôle des révolutionnaires a été particulièrement gênant pour le projet néolibéral de la Generalitat. Avec toutes nos limites, erreurs et contradictions, au cours de ces dernières années nous avons lutté pour freiner les attaques dirigées contre les conditions de vie (en termes d’emploi, de logement, de santé, etc.) de tous ; nous avons diffusé une analyse structurelle de la crise, qui montre que le problème n’est pas tel ou tel aspect du système, mais le système lui-même ; nous avons créé des espaces et des réseaux pour résoudre nos problèmes et répondre à nos besoins à travers la solidarité et le soutien mutuel, des structures autonomes vis-à-vis des institutions et de leurs dynamiques paternalistes et caritatives ; aux côtés de milliers d’autres, nous avons renforcé les grèves qui ont animé la ville pour la défense de nos intérêts en tant que travailleurs ; nous avons érigé des barricades face à la destruction des centres sociaux des quartiers ; nous sommes sortis dans la rue pour condamner le féminicide, pour rendre visible l’exploitation des femmes sur le terrain de la reproduction et du travail de soins, pour désobéir aux lois anti-avortement qui cherchent à contrôler nos corps et nos vies ; nous avons dénoncé et rompu le silence autour de la violence et des assassinats policiers, autour des persécutions racistes, de la machinerie des déportations, des centres de détention d’immigrants (CIE), des prisons et, bien sûr, nous n’avons pas cessé de pointer et d’attaquer en fin de compte les responsables de notre misère, les États, les patrons et les élites financières locales et internationales.

Voici ce que nous sommes, voici ce qu’ils ont l’intention de détruire. L’objectif politique de ces vagues répressives n’est autre que de répandre la peur et le découragement pour obtenir un mouvement social domestiqué, peu enclin à désobéir et à rompre avec les règles du jeu que le Pouvoir impose pour s’auto-perpétuer. De là, sa répression contre les anarchistes, les communistes, les indépendantistes, les grévistes du 29 mars, les inculpés de Can Vies (Centre social autogéré), les inculpés pour l’action Aturem el Parlement (« Arrêtons le Parlement », action menée en 2011 par des milliers de personnes manifestant pour dénoncer, entre autres, l’approbation des coupes budgétaires et pour laquelle 8 personnes ont été condamnées à 3 ans de prison par le tribunal suprême) etc. Le système ne vise pas à condamner notre culpabilité mais à prouver son innocence : il veut s’absoudre en délégitimant, isolant et neutralisant ceux qui lui tiennent tête et l’accusent.

La réponse solidaire à nos arrestations nous montre que nos ennemis sont encore loin d’atteindre leurs objectifs. Nous voulons remercier et saluer toutes les marques de solidarité exprimées ces jours-ci. Les manifestations, les rassemblements, les actions, les gestes de complicité et d’affection, les contributions financières ... l’énorme soutien reçu est d’une valeur inestimable pour nous, une valeur qui fait plus que compenser la mauvaise expérience et l’éclipse au point de la ridiculiser. Nous ne croyons pas dans leurs lois, ni dans les garanties qu’elles nous donneraient : notre seul défense, notre seule garantie est la riposte solidaire dans la rue. La démonstration massive du soutien qui nous a été apporté, et qu’auparavant nous avons témoigné à nos compagnons détenus dans d’autres opérations, montre clairement l’échec de la stratégie antiterroriste destinée à nous isoler en médiatisant la peur.

Nous sommes maintenant en liberté, mais seulement la moitié d’entre nous. Les autres sont toujours emprisonnés à Soto del Real. Voilà pourquoi la solidarité non seulement ne doit pas cesser, mais doit se multiplier. Nous lançons un appel à intensifier la lutte pour leur libération, à leur écrire et à appuyer avec force tous les appels qui seront lancés pour leur soutien, ainsi qu’à d’être très attentifs à toute demande ou information venue des collectifs parmi lesquels : Action libertaire de Sants et le Syndicat des différentes sections de la CNT de Barcelone. En aucun cas nous ne laisserons seuls Mónica, ni Francisco, ni les autres compagnons emprisonnés. Ni les arrestations, ni les processus répressifs, ni les prisons ne pourront briser nos liens de solidarité ou notre engagement politique. Pour nous, les cellules sales où nous étions ces jours-ci sont plus dignes que les bureaux luxueux d’où est gérée la misère de tous.

Ne reculons pas ! LA LUTTE EST LA SEULE VOIE !

Les détenus de la dernière phase de l’opération Pandora qui ont été libérés

[https://asamblearaval.wordpress.com...]

(1) Opération Pandora : Le mardi 16 décembre 2014, la police catalane réveillait plusieurs compagnon-ne-s à l’aube dans différentes villes de l’État espagnol, et mettait sans dessus dessous les maisons où ils et elles habitaient. Sous les ordres du juge Javier Gómez Bermúdez, président du Tribunal Pénal de l’Audiencia Nacional, placé là par la majorité conservatrice du Pouvoir Judiciaire, se déclenche l’opération Pandora (nom tiré du mythe misogyne qui veut que Pandore soit manipulée par les dieux pour apporter tous les maux à l’humanité).

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