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Edito 153 Novembre 2007

mardi 1er novembre 2005, par Courant Alternatif


« Nous sommes tout-e-s sans droit ni titre »

Brûlés vifs en Europe, noyés aux Etats-Unis, abandonnés dans le désert en Afrique, les indésirables subissent un véritable lynchage à grande échelle. Dans leurs chasses aux pauvres les gouvernements des pays riches font feux de tous bois. Particulièrement du bois d’ébène. La dernière exaction dont ils sont responsables est la mort dans des conditions révoltantes de onze personnes détenues dans un centre de rétention d’Amsterdam. Messieurs Sarkozy & Delanoë auront peut-être noté que ce bâtiment, bien qu’infâme, n’était pas vétuste. Cependant, nous n’avons jamais cru que les incendies de trois immeubles parisiens habités par des parias de l’occident étaient dus au hasard. Les méthodes de barbouzes on les connaît et aucun état ne répugne à les utiliser quand bon lui semble. Après les charters communs de cet été, un échelon de plus dans l’infamie a été franchi lors de « l’affaire » de Ceuta et Melilla. L’union européenne démontrant à nouveau son mépris des droits de l’homme et de la convention de Genève sur les réfugiés s’offre le luxe de sous-traiter la lutte contre l’immigration à ses pays frontaliers. Ainsi les migrants ont été refoulés avant même avoir pu passer la Méditerranée. La répression s’est délocalisée et le Maroc est désigné seul responsable des traitements inhumains, conséquences directes de la politique raciste de la forteresse Europe. Sur le front intérieur, le gouvernement poursuit sa politique de « fermeté et humanité », entendez répressions et précarité. Docteur Villepin et Mister Sarko nous servent une recette éculée, essayée et approuvée par tous les flics du monde, celle du gentil et du méchant qu’ils ont accommodée d’un zeste de querelle fictive.

Dans le rôle du bon, le nobliau poursuit la mise en coupe réglée de tous les droits sociaux peaufinant une société à plusieurs vitesses. Tout y passe : Le droit d’asile, l’aide médicale état, la sécu, les retraites, l’indemnisation des chômeurs, les RTT, le droit du travail, de grève, les libertés syndicales etc…Les services publics sont bradés, l’éducation et la santé s’étiolent. Les doits à l’avortement ainsi qu’à la contraception sont en mauvaise posture. Nous ne saurions trop conseiller au héraut du « toilettage du service public » de balayer dans sa cour. A commencer par les hauts fonctionnaires avec mention particulière pour Pasquoi et sa bande des Hauts-de-Seine. Pour les nantis tout va bien. Les impôts, l’I.S.F et autres prélèvements sociaux fondent comme neige au soleil.

Dans le rôle de la brute, le premier flic de France manie la répression avec une ardeur non dissimulée : provocations et brutalités policières, contrôles aux faciès, rafles, vidéo surveillance, croisement des fichiers, procès. Les charters ainsi que les centres de rétentions ne désemplissent pas et la mort lente sévit toujours plus dans les prisons. Etant entendu que « ce n’est pas la rue qui gouverne », tous ceux qui s’y trouvent sont susceptibles de tâter du flashball ou du pistolet électrique. Toute personne à l’origine ethnique non conforme, tout insoumis s’expose de façon systématique à une répression policière de plus en plus démesurée. L’utilisation du GIGN contre les salariés en lutte de la SNCM en est la plus révoltante illustration. La violence à laquelle nous sommes confrontés ne sévit pas seulement sur les pavés : A l’heure où le droit à la santé est de plus en plus inégalitaire et restrictif, on nous annonce sans sourciller « la mort de cent mille personnes dans les prochaines années » à cause de l’amiante. Une fois de plus, les politiques clientelistes mortifères des gouvernements qui se sont succédés illustrent le peu de cas qu’ils font de la vie du bas peuple. Que doit-on penser de ce chiffre alors qu’en matière de décompte des victimes de la barbarie capitaliste les résultats sont généralement à revoir à la hausse ? La palme du révisionnisme pourrait revenir à l’O.N.U pour qui la catastrophe de Tchernobyl se solderait par quatre mille morts alors que six cent mille liquidateurs ont été sacrifiés par la faute des nucléocrates. Des générations de mineurs morts de silicose. Des milliers de transfusés ont été contaminés par le virus du sida du fait de l’incurie des politicards. La multinationale Monsanto, après avoir pollué le Vietnam pour des décennies avec l’agent orange, continue à jouer l’apprenti sorcière avec ses OGM pour le plus grand plaisir de l’INRA. A quoi ressemble le futur aux mains des CEA, AREVA et consorts ? Sans oublier La CGT énergie qui collabore encore activement à la préparation de lendemains qui déchantent, laissant le sale boulot aux trimardeurs. L’avenir s’obscurcit, il aurait même tendance à virer au bleu marine, voir au kaki…Sarkozy remarquait que « notre société est beaucoup trop violente » avant d’ajouter « il faut que ça s’arrête » En effet, la violence d’état dont il est grandement responsable, nous la subissons tous les jours et on en a marre. Pour enrayer ce fléau, il serait effectivement opportun de commencer par ne pas laisser les poulets à l’air libre.

Nous la canaille, « la racaille », les « sans droits ni titres », nous n’en pouvons plus de l’arrogance de la réaction. « Jusqu’à quand la sainte clique nous croira-t-elle un vil bétail » ? « Toute forme de mépris, si elle intervient en politique, prépare ou instaure le fascisme » aurait dit Camus. Pour nous, lutter c’est vivre alors Il se pourrait bien que le Karcher se retourne contre son utilisateur et que le farfadet de Neuilly devienne l’arroseur arrosé.

Paris, le 28 octobre 2005

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