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Courant Alternatif n° 251 - Juin 2015 est sorti

Sommaire et édito

jeudi 11 juin 2015, par ocl-lyon


SOMMAIRE

EDITO PAGE 3

LUTTES SOCIALES

PAGE 4 Révolte antimanagériale à Radio France

PAGE 7 Le bio, c’est trop beau pour les pauvres

PAGE 8 Lutte contre les fermetures des accueils de la CAF à Marseille

PAGE 10 Grève à la BNF : Maltraitance dans la sous-traitance

PAGE 11 Grève illimitée dans la sous-traitance chez Telefonica

L’ECONOMIE EN BREVES PAGE 12

AGRO INDUSTRIE

PAGE 14 Contre la conchyliculture industrielle

LIBRE CIRCULATION

PAGE 16 La forteresse Europe prend l’eau

COMMERCE DES ARMES

PAGE 18 Spéculer sur la charogne

CONTRE LA SOCIETE POLICIERE

PAGE 21 Toulouse, encore un épisode répressif

BIG BROTHER PAGE 22

PAGE 23 Rassemblements du 18 mai pour le délibéré de Zyad et Bouna

PAGE 25 Christine, une résistance contre l’ordre carcéral

LIVRE

PAGE 27 « Des femmes respectables » ou la nécessité d’un féminisme populaire

INTERNATIONAL

PAGE 30 Mexique : révolte des ouvriers agricoles de la région de San Quintin

PAGE 31 Paysans contre Bolloré-Socfin, accapareurs de terres

RENCONTRES LIBERTAIRES D’EYCHENAT PAGE 32

ÉDITO

Au nom du pire !

En démocratie, le maintien de l’ordre s’obtient par le consentement plus ou moins volontaire de la majorité de la population et par la force pour la minorité rebelle. En dictature, ni consensus, ni rébellion : la force c’est la loi, c’est l’ordre pour tout le monde et, du coup, la majorité est potentiellement en opposition, certes de façon latente et clandestine. C’est bien là le problème, ce compromis social démocratique qui valide des lois liberticides pour ce qui est devenu un bien commun : la sécurité. Pour l’égalité et la fraternité, il faudra encore attendre un moment ! C’est le premier ministre, chef du gouvernement socialiste qui le dit : « Il va falloir être de plus en plus surveillés, si nous voulons être protégés ».

Mais de quoi nous protège-t-on ? Trois guerres menées en extérieur en moins de trois ans avec dégâts collatéraux prévisibles, c’est ce qui « pourrait » nous mettre en danger, nous fait-on croire pour juste distiller la peur et nous soumettre un peu plus. Soi-disant gendarmes du monde, en fait impérialistes classiques continuant à piller la moitié de la planète, nos dirigeants, de tous bords mais de même classe, ne connaissent que la guerre, les assassinats ciblés pour lutter contre les ennemis désignés du jour, après avoir été de stratégiques alliés. Et l’on voit que les populations les plus en danger immédiat, qui risquent leur vie chaque jour, qui souffrent des méfaits de la guerre (violences, destructions, famine, exodes, exils...) ne sont pas ici, dans les sociétés démocratiquement mises sous surveillance. Pourtant l’Etat nous surveille sous prétexte de garantir la sécurité. « Sécurité de qui ? » interrogeait un habitant de Gênes, dont le quartier avait été transformé en bunker super militarisé, lors du sommet du G8 réunissant les représentants des pays les plus industrialisés, en 2002.

En fait, l’insécurité quotidienne dans les pays capitalistes se construit au quotidien contre les pauvres, la classe des exploité-es et elle n’est pas le fait d’éléments extérieurs mais tout banalement du gouvernement et du patronat qui brandissent l’austérité comme un remède miracle à leur crise financière qui n’en n’est pas une, juste une variable d’ajustement pour assainir leur propre marché et s’enrichir encore plus. La paix sociale est un leurre quand le nombre de personnes sans emploi stable et suffisamment rémunéré est en constante augmentation malgré les radiations d’office visant à inverser la courbe du chômage. L’insécurité est quotidienne pour qui n’a pas de logement assuré, à la merci d’une expulsion imminente ; pour qui n’a pas les papiers nécessaires, à la merci des actionnaires du travail au noir ; pour qui n’a pas les moyens de se faire soigner dignement dans des services de soins de plus en plus privatisés et onéreux ; et la liste n’en finit pas de cette précarité qui soumet les plus faibles et aussi l’ensemble de celles et ceux qui n’ont que leur force de travail pour survivre  ; le chantage est permanent, la menace est réelle de perdre du jour au lendemain ce minimum nécessaire à la vie. La privation d’accès direct aux organismes qui distillent leur maigres subsides comme les allocations familiales, les remboursements de soins, les indemnités chômage, etc. est une forme radicale d’exclusion des personnes les plus en difficulté. Il faudra désormais être totalement intégré dans le monde moderne avec les outils adéquats (internet, téléphone mobile...) ou disparaître.
Pour que ces menaces au quotidien fonctionnent et annihilent toute velléité de résistance, il faut que la société atomise les individu-es, les isole. C’est le principe de base de la liberté individuelle tant vanté par les chantres de la démocratie ; en effet, le fondement des constitutions, l’idée centrale de la démocratie précisent que l’être humain naît libre et égal aux autres, lui octroyant ainsi des droits personnels alors qu’en fait il s’agit de le maintenir isolé dans ses droits et ses devoirs envers l’ensemble de la société. L’exemple le plus probant en est l’isoloir électoral.
Quand la survie même est questionnée, l’argument qui fonctionne c’est la recherche et la désignation d’un bouc émissaire ; ce que sait très bien faire l’extrême droite politique mais que ne dénient pas la classe dominante et ses médias. L’immigration concentre en un mot tous les maux comme si, en restant entre « nous », les services sociaux allaient se développer, l’hôpital public renforcer ses capacités, les employeurs embaucher à tour de bras, les propriétaires louer à petit prix des logements rénovés, la culture devenir un service public accessible à tout le monde, etc.
Ce qui semble ne pas déranger les gouvernants démocratiques est de faire de multiples entorses aux droits élémentaires, dont celui, en particulier, de s’exprimer librement. Pour cela, ils agissent au nom d’un danger qui, en fait, les menace eux en risquant de mettre fin à cette société pacifiée, contrôlée. Il n’y a que des interdits, plus ou moins consensuels et destinés à protéger les intérêts des dominants, que des lois viennent rappeler aux plus récalcitrant-es. On ne peut pas non plus considérer comme crédible la volonté que l’Etat affiche de lutter contre la « terreur » ; c’est lui-même qui l’alimente, la désigne, s’en sert de prétexte, la pratique. Si l’Etat a bien le monopole du terrorisme, c’est qu’il est le seul à en définir les contours ; c’est lui qui décide qui est terroriste et qui ne l’est pas ou plus : quand il agit militairement hors de ses frontières, il prétend que c’est contre des terroristes ; quand il use d’armes létales à l’intérieur du pays, c’est pour protéger la société...
La logique militaro-policière/sécuritaire qui prévaut aujourd’hui sur tous les sujets et sur tous les terrains va bien au delà de la stricte défense de l’ordre public. Elle est une manière d’administrer une société, un mode de gouvernance. Et elle tend et réussit à répandre dans l’ensemble de la société des ferments de méfiance, de soupçon, de haine et de repli. Face à cela, les armes que nous pouvons et devons opposer sont la solidarité de classe et la critique sociale et politique, exprimées dans des actions collectives.

Toulouse, le 29 mai 2015

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