Accueil > Courant Alternatif > *LE MENSUEL : anciens numéros* > Courant Alternatif 2015 > 250 Mai 2015 > Courant alternatif n° 250 - Mai 2015 est sorti

Courant alternatif n° 250 - Mai 2015 est sorti

sommaire et édito

mercredi 6 mai 2015, par admi2


 {{SOMMAIRE }}

édito page 3

politicaillerie

page 4 Le peuple ne vote plus ! Dissolvons-le !

antiracisme

page 5 A propos du racisme et de l’antiracisme

répression

page 9 Permis de tuer : une chronique de l’impunité policière
mobilisation

page 13 Zyed zet Bouna, octobre 2005, appel à mobilisation

page 13 Aujourd’hui dans la rue, demain on continue ?

l’économie en brèves page 14

luttes

page 15 La grève à Radio France Pays Basque

page 21 Morvan : la ZAD qui gagne, le projet ERSCIA dégommé !

analyse

page 18 La loi santé, une loi qui peut rapporter gros

big brother pages 22, 23

société policière

pages 24 Projet de loi sur le renseignement

L’mouv’ment

pages 27 Disparitions -rencontres libertaires
Palestine

pages 28 Jerusalem : du mythe au nettoyage ethnique

bouquins

pages 30 S. Federici « Caliban et la sorcière » : voilà qui fait débat(tre)
Kristin Ross, l’Imaginaire de la commune
Editions Acratie : nouveautés

EDITO

Des milliers de migrants meurent chaque année en Méditerranée et le processus s’accélère. 1500 morts en 2011, 3419 en 2014, environ 1600 à ce jour depuis le début de l’année 2015. Et ces chiffres ne concernent que les drames qui ont pu être constatés et évalués.

Face à cette catastrophe, Matteo Renzi, chef du gouvernement italien a déclaré : "Nous demandons à ne pas être abandonnés". Pour autant, ce ne sont pas les autorités italiennes qui sont abandonnées par leurs pairs, ce sont d’abord les migrants. En 2005 a été créée l’agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’Union européenne plus connu sous son acronyme de FRONTEX. Cette agence bénéficie d’une autonomie importante, renforcée en 2011 et est autorisée à posséder son propre matériel militaire. Les moyens financiers mis à disposition de FRONTEX sont en augmentation constante : 19 millions d’euros en 2006 et 88 millions d’euros en 2011, 110 millions en 2015 (prévus pour l’instant, mais des rallonges sont évoquées).

Bien sûr les migrants sont victimes des passeurs qui les exploitent et les mènent souvent à la mort, mais ils sont aussi victimes de la guerre que leur mène l’Europe avec FRONTEX. Ce ne sont pas des moyens humanitaires qui sont développés pour les secourir mais des moyens militaires pour les refouler. Matteo Renzi remarque à juste titre que les missions de recherche et de sauvetage en mer ne suffisent pas, à elles seules, à sauver la vie des migrants mais pense que problème ne pourra être résolu qu’en empêchant les passeurs de se livrer à leur activité et en faisant en sorte que leurs bateaux ne quittent plus les côtes libyennes. Ce dirigeant issu du Parti Démocrate (centre gauche), ira-t-il jusqu’à prôner de couler les bateaux avant qu’ils ne prennent la mer comme l’a proposé la fasciste Daniela Santanchè.

La Coordination Migrants (de Bologne et sa région) – mouvement des migrant-e-s contre le racisme et l’exploitation) analyse cela avec justesse : « Si les indiscrétions qui parlent d’un blocus naval dans la Méditerranée devaient être confirmées, le résultat serait que nous migrants finirions par devenir les pions jetables d’un jeu entre des gendarmes et des voleurs, entre les ‟forces de bien” de la démocratique UE et les ‟agents du mal” représentés par des passeurs. Des équipes différentes mais toutes les deux effectivement sans scrupules. »

Lorsqu’une personne a fui un pays en guerre civile, le joug d’une dictature (qu’elle soit islamiste ou dirigée par un affairiste pro-occidental) ou une misère invivable et qu’elle a traversé dans des conditions difficiles la moitié de l’Afrique, il est normal qu’elle ne se résigne pas à rester bloquée en Libye ou au Maroc et soit prête à n’importe quel prix à tenter de traverser la Méditerranée
Bien sûr, la situation catastrophique de la Libye (Courant Alternatif N°243 d’octobre 2014) ne simplifie pas la situation mais contrairement à Renzi qui pense que « La seule solution est la paix et la stabilité des institutions libyennes », nous pensons qu’il faut voir les vraies causes dans l’aggravation de l’exploitation capitaliste de l’Afrique. Bien sûr, la Libye est dans un état extrêmement grave, suite à l’intervention des occidentaux (Sarkozy en tête) pour la débarrasser d’un dictateur à qui l’on faisait des courbettes peu de temps auparavant. Mais c’est surtout l’exploitation économique de l’Afrique par les grands groupes occidentaux -exploitation renforcée par les accords de partenariat économique (APE)- et le maintien de dictatures qui font que tant d’africains fuient la misère.

Et quelle situation trouvent ces immigrés en arrivant en Europe ? « Avec beaucoup d’autres nous luttons chaque jour pour faire valoir nos droits contre le racisme institutionnel qui voudrait nous réduire au silence, comme des bras à exploiter sans voix. Avec les assemblées, les rassemblements, les grèves et les manifestations, nous nous organisons pour revendiquer la liberté de tous face à l’exploitation, à la précarité et aux lois racistes comme les lois Bossi-Fini. Nous sommes ici et nous nous battons ici. Mais nous savons que notre condition découle d’avoir traversé une frontière, et que cela continue à nous poursuivre dans le permis de séjour que nous portons dans notre poche ou dans les papiers qu’ils ne nous veulent pas nous donner, dans le racisme que nous devons affronter. » explique la Coordination Migrants de Bologne.

En France aussi, il y a des personnes qui restent des années – voire des dizaines d’années – sans papiers, tout en étant exploitées comme une main d’œuvre corvéable à merci. Et même lorsqu’ils obtiennent le droit de séjourner régulièrement et de travailler, même lorsqu’ils sont installés depuis longtemps ils sont victimes du racisme et de l’exploitation. Les enfants et petits-enfants de ces immigrés sont eux aussi victimes de discriminations sociales, de ségrégation spatiale, de surveillance et de violences policières. Heureusement, de plus en plus souvent, les immigrants, les travailleurs sans-papiers, les jeunes dits « issus de l’immigration » s’organisent pour défendre leurs droits face à l’exploitation, au racisme, à l’injustice ou aux violences policières.

Et même lorsque l’on n’est pas immigré, il est nécessaire de lutter pour défendre ses droits de salariés comme viennent de le faire les salariés de Radio France, ses droits sociaux, et en particulier le droit à la santé face aux réformes inégalitaires. Et il faut plus que jamais lutter contre « l’instauration d’une société de surveillance » (comme l’exprimait à juste titre le Parti Socialiste en 2009 dans son livre La France en libertés surveillées), à l’heure où ce même PS veut maintenant aller plus loin que la droite en matière de contrôles à travers la loi sur le renseignement.

« Face aux crimes politiques dont se rendent coupables les gouvernements de tous les rivages de la Méditerranée, nous revendiquons le droit de nous déplacer et de traverser les frontières par n’importe quel moyen sans mourir. » nous disent encore les camarades de la Coordination Migrants de Bologne. Nous ajouterons seulement qu’en plus de la liberté de circulation, il est nécessaire de lutter pour l’abolition de l’exploitation capitaliste et du contrôle étatique sur nos vies.

Limoges, 26 avril 2015

Pour une analyse plus fouillée des causes de l’accroissement du nombre de migrants africains et de la gestion de cette situation par l’Europe, vous pouvez consulter l’intéressant article de Saïd Bouamama Le mur meurtrier de la Méditerranée sur son blog : https://bouamamas.wordpress.com ; il a été repris sur « Paroles libres » : http://www.paroleslibres.lautre.net et sur notre site : http://oclibertaire.free.fr .

Répondre à cet article


Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP | squelette