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Manif antiraciste le 21 mars 2014

Tract de l’OCL-Paris

Ensemble contre le racisme

jeudi 19 mars 2015, par ocl-lyon


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Ensemble contre le racisme

Dans le fumet nauséabond qui se dégageait déjà bien avant le 7 janvier, cette manifestation est bienvenue. Il est bienvenu de rappeler que nous sommes opposé-e-s à tous les racismes. Nous sommes opposé-e-s à ce racisme colonial, qui non content de pourchasser les immigré-e-s, se refuse toujours à considérer les jeunes des quartiers populaires comme français-es égaux-égales en droits à tou-te-s les autres citoyen-ne-s. Nous sommes opposé-e-s à cette vieille tradition nationale d’antisémitisme, tradition honteuse maintenant et qui ne se proclame plus ouvertement dans la bonne bourgeoisie, mais tradition sur laquelle surfe l’extrême-droite pour tenter de récupérer des supporters dans les quartiers populaires. Nous ne supportons pas cette chasse aux rroms qui semblent avoir l’aval tacite de tous. Nous ne croyons pas au « choc des civilisations ». Comment l’occident après la traite négrière, après les massacres coloniaux, après la destruction de l’Irak, après ses nombreuses interventions meurtrières à travers toute la planète peut-il prétendre lutter contre la barbarie ? Nous n’oublions pas comment les « manifs pour tous » ont redonné vigueur aux vieux relents homophobes, ni le sexisme éhonté de ceux et celles qui ont réussi à travers leur « journée de retrait de l’école » à enrayer les timides tentatives de l’éducation nationale pour promouvoir l’égalité hommes-femmes.

Bref, nous sommes opposé-e-s à tous les racismes. Et nous ne le sommes pas seulement pour des raisons morales. « Diviser pour mieux régner » a toujours été la doctrine constante de tous les pouvoirs. Nous sommes pour l’émancipation sociale. Et nous savons bien que le racisme a toujours été le meilleur moyen d’opposer les exploité-e-s entre eux et elles. C’est la tactique aussi vieille que le pouvoir du bouc émissaire. Le racisme agit aussi de façon plus subtile. Il se traduit par des conditions d’exploitation différentes, ce qui permet d’isoler les un-e-s des autres lors de la défense (légitime) d’avantages acquis qui ne sont pas généralisés à tou-te-s, les un-e-s étant stigmatisé-e-s comme privilégié-e-s, les autres désigné-e-s comme jaunes potentiel-le-s. Nous savons bien pourtant que le capitalisme s’est toujours appuyé sur l’existence de populations dominées pour aggraver l’exploitation de tous, noirs contre syndicalistes blancs aux Etats-Unis, hommes contre femmes la première moitié du 20ème siècle en France, français-es contre immigré-e-s et sans-papiers aujourd’hui et depuis toujours. Nous savons bien que ce n’est qu’en intégrant l’ensemble des situations de domination que nous pourrons gagner notre émancipation.

Et c’est là que nous sommes gêné-e-s par certaines évolutions de la lutte antiraciste. Le racisme divise la population, nous divise, en de multiples catégories. Ces catégories ne sont pas fondées sur ce que nous faisons, si nous vivons de l’exploitation des autres ou non, sur le rôle que nous jouons, si nous participons volontairement à la domination ou non, mais sur ce que nous sommes, nos origines raciales ou ethniques, nos orientations sexuelles, notre sexe, nos croyances... Il nous enferme dans des identités qu’il a fabriquées lui-même. Chacun de ces groupes subit des discriminations spécifiques qui sont mises en concurrence les unes avec les autres. Le combat antiraciste glisse alors d’un projet émancipateur, la libération de l’humanité de toutes les exploitations et de toutes les dominations, à une concurrence malsaine : qui souffre le plus ? Quel antiracisme spécifique est le plus légitime ? Nous nous égarons alors dans des listes de l’ensemble des discriminations en tâchant de n’en oublier aucune, et pourtant nous en oublierons toujours tant la liste est extensive. Certes, l’émancipation ne peut être l’oeuvre que des travailleurs eux-mêmes. Certes, la lutte contre le racisme passe par chacun des groupes qui en sont victimes, et qui lutte contre son oppression spécifique. Mais si nous reprenons systématiquement les catégories de nos ennemis, si nous nous égarons dans des discussions sans fin sur la question de savoir lequel parmi les racismes est le plus virulent, le plus urgent à combattre, notre lutte sera perdue d’avance. Le pouvoir pourra toujours trouver des catégories délaissées à surexploiter, des groupes discriminés à opposer contre les autres.

Tous les racismes sont solidaires. Derrière le racisme anti-arabe et anti-noir, l’antisémitisme et le sexisme ne sont jamais loin. Ne l’oublions pas, et restons solidaires contre tous les racismes.

Groupe OCL Paris

oclidf@riseup.net

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