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Courant alternatif 246 - janvier 2015 est sorti

mercredi 14 janvier 2015, par admi2


SOMMAIRE

Edito page 3

Social

page 4, 5, 6, 7 Patrons et gouvernement intensifient leur offensive

Economie

page 8, 9 La dette

À lire

page 10 Livres

page 11 A propos de censure en milieu libertaire : le salon de Lyon

Aménagement du territoire

page 12, 13 Grand Paris, gentification, projets destructeurs

page 14 Contre la capitale du capital

page 15 Notre Dame des Landes : les rodomontades de Valls

Sociéte

page16, 17, 18, 19 La SNCM, une liaison Corse-Continent tumultueuse

Libertaires

page 20 Offensive s’arrête

International

page 21, 22, 23 Burkina Faso : Compaoré part, mais...

page 24,25 Kurdistan, Rojava : une révolution du quotidien

page 28, 29, 30, 31 Catalogne : comprendre l’agitation nationaliste

Big Brother page 26,27

Brèves économiques page 32


EDITO

Mois après mois, la répression se montre toujours plus dure pour celles et ceux qui osent transgresser l’ordre public, celui des affaires et de l’Etat. Pour un jet de pierre et une vitrine de banque cassée, un manifestant toulousain contre la mort de Remy Fraisse (tué par un gendarme sur la ZAD de Sivens) écope d’un an de prison dont six mois fermes et d’une amende de 45 000 €. Le gendarme tueur, lui, a eu droit à tous les égards du ministre, pour son traumatisme moral.

Pour l’Africain musulman de Joué-les-Tours, plusieurs balles de révolver ont conclu mortellement un contrôle musclé d’identité, présenté par les médias comme une agression islamiste inattendue contre de braves flics. Face à de tels faits, gouvernement et médias offrent un soutien sans faille à la police et aux juges, juges si arrangeants pour les écarts d’initiés et de hauts responsables du privé ou du public, de Tapie à Lagardère, de Cahuzac à Thévenoud et sa phobie administrative.

La paranoïa, sciemment entretenue par les amalgames les plus grossiers de quelques faits divers tragiques à Joué-les-tours, Nantes ou Dijon, permettait aux journalistes d’une radio publique comme France Info la veille du Nouvel An de parler de « vague d’attaques », contrecarrée par 50 000 policiers mobilisés dans les rues pour la Saint-Sylvestre  ! Ainsi, les traditionnels incendies de voitures dans des banlieues, comme à Strasbourg, étaient associés par avance au soupçon de terrorisme. Des évènements compréhensibles sont moulinés par une propagande incessante en une bouillie informative inquiétante désignant l’ennemi public à la vindicte populaire, bon à être lynché dans des parodies de procès.

Cette répression croissante accompagne opportunément une dégradation économique pour les plus pauvres comme pour les classes moyennes, qui font face à une véritable offensive sociale du patronat, épaulé par le gouvernement PS (cf p. 4). La nomination par Hollande de son précédent ministre de l’intérieur à la tête du gouvernement, avec un banquier de choc à l’économie, inscrit le quinquenat Hollande dans la stricte continuité du gouvernement Jospin, grand privatiseur d’entreprises publiques et liquidateur du dernier grand mouvement des chômeurs.
Mais Hollande, lui, adopte une ligne de plus en plus agressive à l’intérieur comme à l’international, à mesure que sa popularité décroît. S’il n’a pas pu bombarder la Syrie pour complaire à son ami turc islamiste Erdogan, il maintient une force de choc de trois mille militaires au Sahel, pour traquer les djihadistes avec des méthodes plus ou moins déclarées : des raids sont menés jusque dans le sud de la Lybie ; l’armée française se dote de drones américains tueurs, si besoin rapidement opérationnels pour des assassinats ciblés (cf la chronique Big Brother p.26).
La défense de la Françafrique et des intérêts industriels tricolores, d’AREVA à Bolloré et consorts, amène Hollande, qui voulait prendre le contre-pied de Sarkozy à Dakar, à interférer en permanence dans la politique africaine (comme au Burkina Fasso, qui s’est débarrassé du dictateur Compaoré, mais qui n’en a pas fini avec les militaires cf p.21).

La politique française s’insère de fait dans un contexte international de plus en plus tendu, où des partis d’extrême droite ou d’extrême gauche (Front National, Podemos, Syriza) se rapprochent de victoires électorales et où des mouvements sociaux contradictoires se succèdent (poussées nationalistes comme en Catalogne, cf p.28, contestations anti-fiscales en Irlande, affrontements anti-austérité en Grèce, en Belgique et en Italie, mouvement anti-immigrés en Allemagne).

Significativement de l’autre côté de l’océan, les bavures françaises font écho à plusieurs meurtres de noirs désarmés par des policiers blancs, meurtres qui réveillent un mouvement des droits civiques sur tout le territoire US, noirs et blancs mêlés, dans un pays où la relance économique ne profite qu’aux plus riches…
L’économie de la dette (cf analyse de l’endettement français p.8) qui verrouille les politiques gouvernementales se révèle comme un poison virulent pour tous les tissus sociaux. Mais l’impasse économique croissante actuelle ne provoque pas pour autant un sursaut salutaire du pouvoir et le seul mot d’ordre appliqué est d’offrir des opportunités de rendement rapide aux capitaux au mépris des intérêts collectifs des populations. Il sera donc décisif , lorsque des mobilisations massives inévitables apparaîtront tôt ou tard, de désigner les vrais enjeux contre les leurres démagogiques et illusoires que le pouvoir tentera de nous proposer comme les seules solutions réalistes.

Nantes, le 01/01/15

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