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Edito 154 Décembre 2005

jeudi 1er décembre 2005, par Courant Alternatif


Encouragés par la faible résistance qu’ils trouvent en face d’eux, l’Etat et le patronat continuent à nous rendre la vie invivable. Licenciements en série, augmentation des heures de travail et bloquage ou réduction des salaires, boulots de plus en plus précaires, attaques sur le droit de grève, voilà pour la vie en entreprise. A côté de cela, les loyers augmentent (pour ceux qui peuvent encore en payer un), les logements sociaux sont plus vite détruits que construits. Et le flicage quotidien s’amplifie, que ce soit par le contrôle toujours plus poussé des chomeurs et autres RMIstes, la répression de la fraude dans les transports (à Lyon les stations de métro sont en train d’être équipées de portillons automatiques). Les rafles se font de plus en plus fréquentes pour arrêter les pauvres qui n’ont pas de papiers.

Face à cela, des resistances apparaissent, mais restent souvent disparates. A Paris, des passants se sont opposés à la police et ont ainsi empêché l’arrestation de plusieurs sans-papiers ; à Nantes, la solidarité des lycéens, profs et parents a permis de stopper l’expulsion d’une élève sans papiers. Les déportations ("reconduites à la frontière" en langage policier -pardon policé...) se multiplient, alors que tout le monde sait q’une partie des immigrés fuit une mort certaine. Ceux, qui tentent d’échapper à la pauvreté due à l’impérialisme occidental, essayeront à la première occasion de revenir en Europe dans l’espoir d’une vie un peu meilleure. C’est dans cette situation que se trouvaient les africains qui transitaient par des enclaves espagnoles au Maroc, avant de se retrouver "expulsées" par l’armée marocaine dans le désert, à la frontière Algérienne. On voit que même la répression anti-immigrée se délocalise, avec son lot d’humiliations et d’exactions. Cette barbarie touche aussi les Irakiens, toujours aux prises avec l’occupant américain. La résistance populaire est cependant forte, face à l’Etat fantoche irakien et à l’armée US.

En France, deux jeunes sont mort, et un troisième gravement blessé dans un transformateur électrique alors qu’ils tentaient d’échapper aux forces de polices (l’un d’eux n’avait pas de papiers ...). Cette nouvelle exaction policière, s’ajoutant à une liste déjà longue, entraîna pendant environ trois semaines, dans les banlieues parisiennes d’abord, puis après dans toute la France, des émeutes dans les quartiers populaires. Les jeunes se sont révoltés contre un monde qui les exclut. Brulant des voitures, des écoles et des commissariats, caillassants des bus et des policiers, attaquant des symboles du pouvoir (mairies, préfectures, flics), ils ont exprimé à leur manière un ras-le-bol général. Même si les méthodes employées ont été souvent décriées et incomprises, les émeutes ont rencontré la sympathie d’une partie de la population.

Il est nécessaire et urgent de se mobiliser face à la répression brutale qui s’abat sur les jeunes révoltés, exiger l’abandon des poursuites et l’amnistie générale. La "justice" a reçu des consignes strictes et les condamnations sont particulièrement lourdes : 6 mois fermes pour un feux de poubelle par exemple. Les condamnations à la chaîne dans les tribunaux, au rythme des comparutions immédiates, n’épargnent personne, les arrestations étant particulièrement arbitraires. Profitant de cette révolte avortée faute de réel mouvement populaire, l’Etat policier se renforce : loi anti-émeute, état d’urgence, retour en force de la double peine...

L’apathie semble générale face à la répression qui se met en place, et si nous ne voulons pas passer nos prochaines années à apporter des oranges aux emprisonnés, il est grand temps de détruire les prisons et le monde qui va avec.

Lyon,25 novembre 2005

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