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NDDL

Notre dame des landes - la solidarité : une "association de malfaiteur"

mardi 1er juillet 2014, par ocl-lyon

Suite à la manifestation du 22 février à Nantes contre les menaces
d’expulsion de la zad et de démarrage des travaux de l’aéroport, nous
faisons face à une campagne continue d’arrestations. Fait nouveau dans ce
pays, ces arrestations se font en majorité à posteriori, sur des bases
d’images vidéos, d’appels à délations et de croisements avec des fichiers
politiques.


La manifestation du 22 février avait regroupé plus de 50 000 personnes et 500 tracteurs. Son parcours avait été prohibé, au dernier moment, par le Préfet. Mais des milliers de personnes ont décidé de braver la zone rouge et se sont, de fait, mises ainsi dans l’illégalité. Le jour même la répression policière, à coup de gaz, grenades et flashballs, a été
particulièrement féroce. 3 personnes y ont perdu l’usage d’un œil. Dans
les semaines qui ont suivi la manifestation, une campagne
politico-médiatique de diabolisation s’était mise en œuvre, sans succès,
pour diviser et fragiliser le mouvement. Au final le gouvernement n’a eu
d’autre choix que de mettre le projet d’aéroport en stand-by pour une
durée indéterminée et peut-être à jamais.

Mais 4 mois après, l’Etat continue à se venger de cet affront, sur le plan
judiciaire : en isolant des personnes et groupes qu’il incarcère pour
distiller la peur au plus grand nombre. Une vingtaine de personnes
arrêtées dans les semaines et mois qui ont suivi la manif’ sont déjà
passées en jugement. Une d’entre elle a été condamnée à un an de prison
ferme pour avoir fabriqué et utilisé des fumigènes. Une manifestation de
soutien aux inculpés et blessés a déjà regroupé plus de 1500 manifestants le 19 mai.
La solidarité continue à se diffuser, avec des appels à
rassemblements de soutien lors de deux nouvelles journées de procès
d’inculpés du 22 février. Dans ce contexte et deux jours avant le procès
du 19 juin, 6 nouvelles arrestations sont survenues. Un jeune Rennais a
été arrêté mercredi matin à domicile, inculpé pour des faits de
dégradation pendant la manifestation du 22 février. Il est resté en garde
à vue jusqu’à son passage devant le juge ce jeudi. Après avoir refusé la
comparution immédiate, il a été remis en liberté jusqu’à son procès le 10
juillet.

5 autres ont été arrêtées mardi suite à un contrôle par la bac,
soit-disant "de routine", sur le périphérique nantais. Parmi elle, R. une
des personnes qui devait passer en procès jeudi et se rendait à Nantes
pour voir son avocat avec des amies. Après 48h de garde à vue, 4 d’entre
elles se sont vues inculpées de recel, soupçonnées d’une sombre histoire
de vol de lampe frontale, et de refus d’identification (signalétique et
Adn). Beaucoup plus grave, elles se voient accusés, sous prétexte de la
présence dans leur voiture d’affiches d’appel au rassemblement du 19 et du
27 juin ainsi que d’une boîte à outils, d’"association de malfaiteur", en
l’occurrence "entente établie en vue de commettre un rassemblement armé devant le tribunal de Nantes". Ils risquent jusqu’à 5 ans de prison pour
ce délit. Le ministère public a demandé le maintien en détention
provisoire pour deux d’entre elles, en argumentant sur l’"absence de
garantie de représentation" de l’un et sur le "passé activiste" de
l’autre. Au final le juge a confirmé la mise en détention du premier et la
libération des 3 autres, avec contrôle judiciaire et interdiction de
présence en Loire Atlantique et ce jusqu’à leur procès le 18 juillet.

Sur les 4 personnes qui sont passées en procès aujourd’hui pour des faits liés à la manifestation du 22 février, R est inculpé sur la base de photos
floues, montrant une personne masquée levant la main en direction de
l’hôtel de ville et d’une autre photo montrant quelqu’un sortant du local
de Vinci avec un fumigène. R avait été identifié comme étant cette
personne sur la base des fiches politiques de la DCRI et d’une photo de
lui à 13 ans. R a nié être cette personne.
Sur la simple base des
photographies, la juge l’a condamné à 9 mois de prison avec sursis,
interdiction de se rendre en Loire atlantique pendant deux ans et à une
amende de 4500 euros pour les dégâts occasionnés sur la mairie. En somme elle a appliqué à la lettre les réquisitions de la procureur. Celle-ci
avait reconnu à demi-mot que le dossier était vide, mais avait placé la
décision sur un plan politique en argumentant sans état d’âme, qu’en
l’absence de preuves plus probantes, la juge devait prendre parti malgré
tout entre le ministère public et la défense.

3 autres personnes ont été condamnées. K, accusé d’avoir jeté d’avoir jeté des pavés en direction des forces de l’ordre et interpellé en possession
d’un marteau et d’un burin, a été condamné à 4 mois avec sursis assorti
d’une mise à l’œuvre (obligation de trouver du travail) et 105 heures de
Tig. C. accusé de participation à attroupement armé et jet de canette sur
les forces de l’ordre a été condamné à 2 mois avec sursis simple. G
arrêtée en possession d’un marteau a été condamnée à un mois de sursis.

Après le succès du 22 février, l’impossibilité d’expulser la ferme
nouvellement occupée à Saint-Jean du tertre et d’empêcher l’acheminement et la construction d’un nouveau hangar au Rosier, l’Etat se venge comme il peut face à un mouvement qui ne cesse de monter en puissance.
Pour paralyser la contestation, il vise tout d’abord à faire accepter la mise en place de nouveaux dispositifs répressifs. Ceux-ci nous concernent tous et toutes car ils menacent les possibilités de lutte en général. Ils s’attaquent à présent aux soutiens et amis des inculpés : les
manifestations de solidarité deviennent des "associations de malfaiteurs".
Aujourd’hui, deux cents personnes se sont rassemblées malgré tout devant le tribunal de Nantes.

Nous ne nous laisserons pas gagner par la peur. Plus que jamais, une
solidarité massive doit se construire à l’échelle du mouvement contre
l’aéroport et bien au-delà. Le prochain moment pour l’exprimer sera le 27 juin, de nouveau devant le tribunal de Nantes et partout ailleurs où des rassemblements et actions pourront s’organiser.

Des manifestant-e-s du 22 février, des occupant-e-s de la zad, des
collectifs et personnes en lutte.

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