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CA 239 avril 2014

Ukraine  : un hiver plutôt chaud

mercredi 23 avril 2014, par ocl-lyon

Indépendante depuis 1991, à la suite de la chute de l’Union Soviétique, l’Ukraine se voit aujourd’hui au centre d’un conflit géopolitique impliquant d’un côté l’Union européenne et les États-Unis (alliés à travers l’OTAN) et de l’autre la Russie.


Pour l’Union européenne c’est un défi, va-t-elle pouvoir protéger et remettre sur pied ce pays au bord de la crise économique ? L’OTAN, menée par les États-Unis, s’agrandissant de plus en plus depuis la fin de la guerre froide, a une réelle opportunité à la suite de la chute du gouvernement ukrainien pro-russe de Ianoukovytch de grignoter un peu plus un ancien pays du bloc de l’Est.

Pour la Russie, c’est un retour en arrière. La révolution orange de 2004 avait mis les pro-européens au pouvoir, mais la situation a été rétablie en 2010 à la suite de la victoire du « Parti des Régions » (le parti de Ianoukovytch). Un retour de l’Ukraine dans le camp russe n’est plus possible à présent. La Russie doit à présent mener une bataille afin de conserver ce qui peut l’être et peut-être même accroître dans une certaine mesure son influence régionale et mondiale.

Ces derniers temps la Russie a su jouer de sa carte politique avec brio, avec comme plus grande victoire la proposition du démantèlement de l’arsenal chimique syrien, contrecarrant toute intervention potentielle de la part de l’OTAN. La Russie avait, pour la première fois depuis la fin de la guerre froide, entravé les actions des États-Unis, ce qu’elle n’avait pas réussi à faire lors du démantèlement de la Yougoslavie par exemple.
Elle a également démontré une intransigeance lors du conflit en 2008 avec la Géorgie. Petit rappel des faits : Saakachvili, le président Géorgien, avec la bénédiction de son allié américain, lance une offensive pour reprendre le contrôle de l’Ossétie du Sud. De nombreux soldats russes en garnison dans la région sous mandat onusien et des citoyens russes habitant dans la région sont tués lors de l’offensive initiale. La Russie décide donc d’intervenir militairement. Résultat, dix jours plus tard l’Ossétie du Sud, mais également l’Abkhazie, une autre région échappant à l’autorité géorgienne, sont devenues de véritables états fantoches dirigés par Moscou.

Mais ce conflit ne repose pas uniquement sur des luttes d’influence entre superpuissances. Il prend ses sources dans un nationalisme exacerbé couplé à la mémoire d’un passé trop souvent douloureux. Pour bien comprendre la source du problème il faut revenir un peu en arrière.

Un peu d’histoire sur l’Ukraine…

Le chemin de l’indépendance ukrainienne est long. Ce territoire a longtemps été convoité par les grandes puissances alentour. Entre le IXè et le XIIIè siècle, la principauté de Kiev (également appelée Rus’ de Kiev) y est maîtresse. Les Mongols prennent alors contrôle de la région, mais au XIVè siècle la Pologne les supplante. En 1649, l’Ukraine devient brièvement indépendante après la révolution cosaque, mais en 1764, cherchant un débouché sur les mers du sud, la Russie prend définitivement l’emprise sur la région.

La révolution russe de 1917 met le pays à feu et à sang. Les armées blanches contrôlent la majorité du pays au début du conflit. Au sud-ouest, la Roumanie occupe la Bessarabie et la Bukovina. On voit la création de la République populaire à l’ouest du pays, et au sud-est ce sont les anarchistes de la Makhnovtchina qui gèrent la région. Pour les bolcheviques, la conquête de l’Ukraine, véritable grenier à blé pour la Russie, est primordiale et la majorité du pays passe sous leur contrôle en 1919. A la fin de la même année, la guerre soviéto-polonaise éclate. Après trois ans de conflit, une paix est signée et l’ouest de l’Ukraine passe alors sous contrôle polonais.

De 1931 à 1933, l’Union Soviétique, à la suite du premier plan quinquennal et en raison de la collectivisation des terres qui se déroule mal, connaît de grandes famines. Le nombre particulièrement élevé de victimes en Ukraine (certaines estimations donnent jusqu’à 5 millions de victimes), ainsi que la gestion de cette crise par le gouvernement soviétique, lui ont donné un nom : Holdomor, signifiant littéralement « extermination par la faim » en ukrainien. Cette famine est vue par certains comme un génocide soviétique programmé, visant spécifiquement le peuple et les aspirations nationalistes ukrainiennes. Alors que d’autres soutiennent que la famine a touché avec une gravité toute aussi sévère certaines régions russes ou kazakhs. Mais nous n’allons pas nous attarder sur ce débat. L’important est de comprendre que pour le peuple ukrainien, Holdomor est bel et bien un génocide orchestré par les russes. Aujourd’hui ce souvenir est encore présent dans les esprits de beaucoup d’ukrainiens.

La seconde guerre mondiale vient à nouveau modifier les frontières de l’Ukraine lors du partage de la Pologne en 1939. Le 22 juin 1941, l’armée allemande envahit l’Union Soviétique. La quasi-totalité de l’Ukraine est conquise dès la fin de l’année. Une partie de la population, et plus particulièrement les paysans ayant eu leur terre confisquée lors des collectivisations, accueille l’armée allemande comme des libérateurs. L’OUN (l’Organisation des Nationalistes Ukrainiens) collabore dans un premier temps pleinement avec l’armée allemande. Cette organisation prend ses sources dans des groupes existants déjà avant-guerre et créés par des ukrainiens réfugiés en Europe de l’ouest. Dès les années 1930, ils reçoivent un soutien notable du gouvernement du IIIème Reich. Mais leurs aspirations indépendantistes rentrent vite en conflit avec l’idéologie nazie, et dès 1942 les allemands répriment par la force l’OUN. Les nationalistes ukrainiens luttent dès lors aussi bien contre les allemands que contre les soviétiques qui reprennent peu à peu le territoire soviétique perdu en début de guerre. La victoire soviétique sur les allemands ne met pas fin à la guérilla ukrainienne. L’OUN continue le combat, mais le pouvoir soviétique est trop important. À la fin des années 1950 l’insurrection est vaincue.
En 1954, la Crimée, faisant alors partie de la République Soviétique Russe, est donnée comme cadeau à l’Ukraine pour célébrer le 300ème anniversaire de son rattachement à la Russie. Ce transfert, à l’époque bien insignifiant, prend aujourd’hui toute son importance.

…et sur la Crimée

La Crimée, cette péninsule de plus de 25’000 km2 (un peu moins grande que la Belgique) se jetant dans la mer Noire fait depuis peu les gros titres des médias. Elle abrite près de deux millions de personnes. Un recensement fait en 2001 découpe la population de la sorte : 58 % de russes, 24 % d’ukrainiens et 12 % de Tatars (les 6 % restant sont d’origines diverses).

Son histoire est également très mouvementée et cette région a déjà vu son lot de batailles. Durant l’Antiquité, de nombreux comptoirs grecs s’y installent. La région passe ensuite sous contrôle romain, et les invasions barbares ne l’épargnent pas. C’est pendant ces invasions que les Tatars, cherchant à fuir les Mongols, s’installent dans les montagnes de Crimée aux alentours du XIIIè siècle. Au XVe siècle, ils embrassent l’islam (sunnite) et forment le Khanat de Crimée qui va perdurer jusqu’en 1783. Leur protecteur et allié principal est l’Empire Ottoman, avec qui le commerce d’esclaves est florissant. Ces esclaves proviennent de raids comme lors du pillage de Moscou en 1571.

A la fin du XVIIIè siècle, la Russie, cherchant un débouché sur les mers du sud, prend définitivement contrôle de la Crimée et une russification du territoire est dès lors mise en place. C’est à partir de ce moment que Sébastopol devient également le port principal pour la marine russe en mer Noire. L’expansionnisme russe vers le sud prend fin après la défaite en 1856 lors de la guerre de Crimée. Lors de ce conflit, une coalition, principalement franco-anglaise, débarque sur la péninsule et capture Sébastopol après un siège de près d’un an.
Les combats durant la seconde guerre mondiale sont également très importants. Les allemands conquièrent en 1942 la péninsule. Durant l’occupation, un certain nombre de Tatars criméens sont incorporés dans la Légion Tatar, une unité auxiliaire de la Waffen SS. Cette collaboration va coûter aux Tatars une déportation quasi-totale de leur population en Asie centrale dès 1944. Ce n’est qu’en 1967 qu’un décret supprime les accusations de collaboration. Les Tatars peuvent alors retourner en Crimée, bien qu’ils ne reçoivent pour cela aucune aide du gouvernement soviétique.

A noter qu’il y avait également des Tatars engagés au sein de l’Armée Rouge et que des unités aussi bien géorgiennes que turkmènes, mais également ukrainiennes et même russes ont servi au sein de l’armée allemande.

La période de la guerre froide fait prendre à l’Ukraine une place importante sur l’échiquier stratégique et politique. De par sa position géographique, une forte présence militaire est maintenue par les soviétiques, si bien que ce n’est qu’en 1996 que l’Ukraine termine de transférer à la Russie, pour qu’elles soient détruites, les dernières armes atomiques de l’époque soviétique présentes dans son pays.

L’indépendance

L’Ukraine déclare son indépendance le 24 août 1991. Les régions à majorité russophone votent également pour l’indépendance. On constate tout de même un pourcentage de votants bien inférieur au reste du pays dans ces régions. Il faut noter que d’après le recensement de 2001, plus de 17 % de la population est officiellement russe. Elle est principalement groupée dans l’est du pays et en Crimée. N’ayant aucun autre port assez grand pour abriter sa marine, et avec l’accord de l’Ukraine, la Russie garde une base militaire à Sébastopol.

Leonid Kravchuk devient le premier président de l’Ukraine en 1991. Leonid Kuchma le remplace en 1994. Sa présidence sera marquée en novembre 2000 par le « scandale des cassettes ». Oleksandr Moroz, un politicien de l’opposition, accuse le président d’avoir été impliqué dans l’assassinat du journaliste Georgiy Gongadze. Une campagne sous l’appellation « L’Ukraine sans Kuchma ! » est alors lancée et la popularité de Kuchma chute drastiquement. Les États-Unis et l’Europe soutiennent l’opposition, la Russie elle continue de soutenir le pouvoir en place. On a là les premiers signes d’un affrontement « est-ouest » pour la domination de l’Ukraine.

Le 21 novembre 2004, Viktor Ianoukovytch (pro-russe), est élu. L’opposition pro-européenne crie scandale. C’est le début de la « révolution orange » (l’orange étant la couleur du parti d’opposition) qui durera près de 15 jours. Avec à sa tête Viktor Iouchtchenko et Ioulia Tymochenko, la protestation gagne en intensité. Sous la pression des manifestants, la Cour suprême annule le scrutin du 21 novembre et de nouvelles élections sont organisées. Le 26 décembre Viktor Iouchtchenko les emporte avec 52 % des voix.

Il est à noter une certaine ressemblance entre la révolution orange et les événements survenus en Serbie en 2000 ou encore en Géorgie en 2002, où les gouvernements pro-russes se font remplacer par des gouvernements pro-européens à la suite de grands mouvements sociaux (financés et soutenus à chaque fois par les Etats-Unis).

Iouchtchenko est donc au pouvoir, mais son gouvernement est très instable et des conflits entre Ioulia Tymochenko et lui entachent son régime. Plus grave encore est l’offensive économique et politique lancée par la Russie via la société Gazprom. Entre 2005 et 2009, la Russie, n’appréciant pas la politique pro-européenne de l’Ukraine, joue sur sa mainmise sur le gaz. C’est à coup de hausses de prix, d’accusations et de menaces (parfois concrétisées) sur l’approvisionnement qu’elle fait pression sur l’Ukraine. L’Europe, et tout particulièrement les pays de l’est, ne disposant que de quelques semaines de réserves, est indirectement, mais volontairement, touchée par cette crise également.

En 2010, profitant des conflits internes du parti au pouvoir, Ianoukovytch remporte les élections. Le nouveau pouvoir tente alors de serrer la vis afin d’éviter une deuxième révolution orange. Il centralise de plus en plus le pouvoir et en 2011, Ioulia Tymochenko est condamné à 7 ans de prison pour abus de pouvoir.

En novembre 2013, la signature de l’accord d’association entre l’Europe et l’Ukraine est repoussée par le gouvernement sous la pression de la Russie. Ceci est l’élément déclencheur des événements survenus en Ukraine ces derniers mois.

Ça commence  !

Les manifestations prennent de l’ampleur, passant de quelques milliers de manifestants le 21 novembre 2013 à des centaines de milliers le 24. Les protestations son parfois très virulentes et l’on dénombre des dizaines de blessés aussi bien dans les rangs des protestataires que de la police.
Le 26 novembre, le gouvernement tente d’apaiser les tensions et déclare que les accords devant être signés avec l’Europe sont toujours sur la table des négociations. A l’Ouest, de nombreux messages de soutien envers les manifestants émergent de la part de différents gouvernements.

La contestation se propage au reste du pays. La place de l’indépendance à Kiev (Maidan) est investie par les pro-européens. On y voit flotter des drapeaux ukrainiens et européens. Dans la masse, on aperçoit également un certain nombre de drapeaux composés de deux bandes horizontales, une rouge et une noire. Ces couleurs sont celles de l’extrême droite, certains groupes se revendiquant même de l’OUN. La présence de cette extrême droite qui est également très bien organisée rend la situation encore plus confuse. Les différents courants et groupes de la gauche radicale, aussi bien en Ukraine qu’en Russie, sont divisés sur la question. Mais certains groupes, comme les syndicats libres d’Ukraine, ont participé activement aux événements et aux structures d’auto-organisation de la place Maidan.

Des camarades, impliqués dans ces événements nous ont rappelés que de tout temps les nationalistes ont été impliqués dans les révoltes se déroulant dans la sphère d’influence politique russe, que ce soit en Pologne en 1863 ou à Budapest en 1956. A leur avis, la participation active de la gauche dans ces mouvements qui sont réellement populaires est vitale.

La présence de l’extrême droite n’a été que très peu médiatisée en occident, alors que, du côté russe, par exemple sur Russia Today (RT), cette extrême droite fait les gros titres. Nous précisons que Russia Today est une chaîne de télévision russe internationale, proche du gouvernement, diffusée en anglais, en espagnol et en arabe. Elle est l’équivalente à France 24, Al Jazeera, CNN, la BBC ou encore dans une certaine mesure la CCTV chinoise. Les russes avaient besoin d’un média pouvant concurrencer ceux déjà en place et la création de RT (en 2005) n’est pas anodine. Au temps de la guerre froide, intervenir ou faire de l’ingérence dans un pays se justifiait simplement par opposition à l’autre bloc. Mais depuis la fin du XXe siècle il faut innover. La dissolution de la Yougoslavie est un parfait exemple. Là les médias occidentaux parviendront efficacement à faire passer la cause indépendantiste comme juste auprès de la population par exemple.

Mais revenons sur la place Maidan. Le soir du 30 novembre, la police spéciale ukrainienne Berkut, vide avec une extrême violence la place après avoir brouillé les ondes des téléphones cellulaires. La délégation européenne appelle le gouvernement ukrainien à ne pas utiliser la force et Jeffrey Payette, ambassadeur américain en place, menace et prévient qu’il y aurait de graves conséquences si la situation ne change pas.

Le début de décembre voit les premières occupations de bâtiments publics, la place Maidan est réoccupée. On y installe des tentes et des barricades. Des forces d’auto-défense sont créées, les opposants s’organisent. Le 8 décembre, la statue de Lénine du marché de Bessarabsky est renversée. On y plante à la place un drapeau ukrainien et un drapeau noir et rouge de l’extrême droite. Les bureaux de plusieurs journaux et partis d’opposition sont investis et saccagés par la police. Le 11, avant le lever du soleil, la place est encerclée. Les affrontements continueront jusqu’au petit matin, des appels à l’aide de la part des encerclés se font entendre, et en quelques heures des milliers de personnes arrivent en renfort. La police est finalement repoussée.

Le campement se fait plus important, les barricades sont réparées après les affrontements de la nuit, des hôpitaux de fortune sont installés pour soigner les coups et les gelures. Le reste du pays n’est pas épargné et des manifestations ont également lieu dans de nombreuses autres villes, comme à Kharkiv ou à Lviv. On rapporte des refus d’ordre de la police également. Des discussions impliquant l’opposition et le gouvernement se mettent en place. De petites concessions sont faites de la part du gouvernement, comme la libération de quelques manifestants emprisonnés, mais on note encore une censure importante lors des retransmissions de ces discussions dans les médias. L’opposition maintient que rien n’a été fait pour répondre à ses demandes.

Le gouvernement est en pleine crise, plusieurs figures de l’administration se voient retirer leur poste à la demande de Ianoukovytch, certaines sont même accusées d’abus de pouvoir pour la répression sur la place. Ceci ne suffit pas à calmer l’opposition. Le 15 décembre, c’est devant près de 200’000 manifestants que les sénateurs américains Christopher Murphy et John McCain s’adressent à la foule et renouvellent le message de soutien de la part de leur pays.

La Russie, sentant que son allié est en train de perdre la partie, tente de l’aider comme elle peut. Ianoukovytch se rend à Moscou et des accords sont signés. Il lui est promis que 15 milliards d’euro-obligations appartenant à l’Ukraine seront rachetées par la Russie et que le prix du gaz sera revu à la baisse. Mykola Azarov, alors premier ministre, rétorque que sans cette aide, le pays aurait très vite sombré et aurait dû déclarer banqueroute.
Le 29 décembre, on manifeste devant la résidence personnelle du président à plus de 10km de Kiev. Un convoi de voitures avait été organisé par AutoMaidan, une branche du mouvement contestataire qui utilise leurs véhicules, que ce soit pour barricader des rues, aider à convoyer des manifestants sur des points névralgiques lors des différentes attaques de la police ou encore pour ravitailler la place Maidan.

Le 1er janvier 2014, c’est une marche aux flambeaux de près de 15’000 personnes qui est organisée pour commémorer la naissance de Stephan Bandera, figure emblématique du nationalisme ukrainien mais très controversée pour sa collaboration avec le régime nazi.
Maidan est toujours occupée malgré la pression de la police. Quand le courant est coupé, des générateurs de secours sont installés. On organise le ramassage des déchets et on ravitaille les occupants en nourriture et en bois pour se chauffer.

Le 15 et 16 janvier le gouvernement fait passer de nouvelles lois. Une criminalisation des méthodes utilisées par l’opposition est mise en place. Interdiction de se masquer ou de se casquer, d’installer une tente en public ou encore de faire du « révisionnisme » sur les crimes fascistes de la seconde guerre mondiale. Lorsque plusieurs dignitaires européens s’indignent de ces nouvelles lois, le ministre des affaires étrangères ukrainiennes, Leonid Kozhara, répond que ces lois existent déjà dans de bon nombre de pays européens.

Le 17, les crises internes au pouvoir s’accentuent quand le chef de l’armée de terre ukrainienne, Hennadiy Vorobyov, est démis de ses fonctions après avoir perdu la confiance de Ianoukovytch.

La confrontation continue dans le froid glacial, le nombre de blessés et de morts augmente de chaque côté. Les groupes d’extrême droite appellent à prendre les armes tandis que le gouvernement refuse d’admettre l’usage d’armes à feux par la police, bien que des manifestants sont parfois trouvés criblés de balles. Il faut également noter qu’il existe au sein du camp gouvernemental des groupes, soutenus et financés par le pouvoir, qui agissent depuis le début de la crise contre les révolutionnaires, le sale boulot leur étant souvent confié.

Le 25 janvier, sentant la situation lui échapper complètement, Ianoukovytch propose plusieurs postes clefs à l’opposition, une amnistie aux occupants des différents bâtiments et un changement en profondeur de la constitution. Il serait même prêt à dissoudre le gouvernement d’Azarov si sa proposition est acceptée. L’opposition déclare qu’il laisse la proposition sur la table sans l’accepter pour le moment.

Le ministère de la justice est brièvement occupé le 27 et des manifestations deviennent violentes également à Dnipropetrovsk, Zaporizhya, Cherkasy et Sumy avec de nombreuses arrestations.

La situation dans le camp de Ianoukovytch se détériore encore et Azarov remet sa démission le 28 janvier. Le 30, on retrouve une figure éminente du mouvement AutoMaidan torturée mais vivante après avoir disparu depuis plus d’une semaine. Ce cas d’enlèvement n’est pas unique en Ukraine au point où certaines comparaisons ont été faites avec les escadrons de la mort en Amérique latine.

Le 18 février est marqué par de sérieux combats lorsque les manifestants tentent de marcher sur le parlement. Des coups de feux retentissent, les morts se comptent par dizaines, les blessés par centaines, et cela aussi bien dans un camp que dans l’autre. Le lendemain un état d’urgence est de facto mise en place. Des postes de contrôle sont installés, les transports publics et les écoles fermés. Le ministre des affaires intérieures, Vitaly Zakharchenko, autorise l’utilisation d’armes létales contre les manifestants.

C’en est fini avec Ianoukovytch…

Mais à la surprise générale, Ianoukovytch (et une grande partie de son cabinet) prend la fuite pour la Russie dans la nuit du 21 février. L’opposition a remporté la bataille. Un nouveau gouvernement est formé avec les leaders des principaux groupes et une partie de l’opposition. L’ancien président, qui se trouve en sécurité en Russie, est accusé de meurtre de masse.

Ce nouveau gouvernement doit faire face à de nombreuses difficultés. Les nouveaux dirigeants de l’Ukraine voudraient un retour à la normale au plus vite. Mais les dizaines de milliers de personnes, qui ont lutté pendant des mois dans des conditions extrêmes, qui ont su créer des structures d’auto-organisation et d’auto-défense, ont prévenu qu’ils ne lèveront leur camp qu’après les élections prévues le 25 mai. Bien que la droite soit toujours bien présente (mais divisée), des camarades des syndicats libres ont formé des milices ouvrières dans plusieurs villes comme à Kiev ou à Kirovograd.

En Russie également tous ces événements font écho. Bien que la côte de popularité de Vladimir Putin n’ait jamais été aussi haute, de nombreuses manifestations ont été organisées à travers le pays contre son pouvoir quasi-monarchique. La répression est très lourde et des milliers de manifestants anti-Putin sont arrêtés.

En Ukraine, la réaction à la chute du gouvernement pro-russe ne s’est pas fait pas attendre. Rappelons que près de 17% de la population ukrainienne est russe, et que dans certaines régions cette proportion monte jusqu’à 70%.

Des manifestations pro-russes ont eu lieu dans plusieurs villes comme à Donetsk, à Odessa ou encore à Sébastopol. Des drapeaux russes sont hissés à la place des drapeaux ukrainiens. On peut lire sur les flyers et les banderoles que le nouveau gouvernement ukrainien est composé de fascistes, des allusions au collaborationnisme ukrainien de la seconde guerre mondiale se font entendre. Mais partout ou des pro-russes manifestent, des opposants défendant l’intégrité de l’Ukraine sont également présents.

A Donetsk et à Luhansk, les bâtiments de l’administration régionale sont investis début mars par les pro-russes et une nouvelle administration est mise en place. Mais dans les jours qui suivent, la police (à présent dans le camp du nouveau gouvernement pro-européen) lance l’assaut et reprend la situation en main.

Sergueï Lavrov, ministre des affaires étrangères russes, dénonce la situation chaotique qui existe dans l’est de l’Ukraine. Aux États-Unis on parle déjà d’un casus belli potentiel de la part de la Russie pour une intervention en Ukraine.

…mais pas du conflit

La situation dans l’est du pays semble à présent sous contrôle. C’est par contre une toute autre histoire en Crimée. Des manifestations pro-russes se déroulent à Kerch et à Sébastopol. Malgré les slogans antifascistes scandés lors de ces manifestations, un certain nombre de drapeaux jaune et noir (faisant référence au drapeau de la Russie tsariste) sont visibles. Ces couleurs sont utilisées par des mouvements d’extrême droite en Russie.
Le 26 février à Simferopol, capitale de la Crimée, on se bat entre pro-russes et anti-russes. Les Tatars, qui portent en eux le souvenir de leur déportation de 1944, sont également dans la rue. Le conflit monte en intensité quand des miliciens pro-russes armés et très bien organisés installent un point de contrôle sur la route reliant Sébastopol à la capitale régionale. Le lendemain, l’isthme de Perekop est sécurisé par des unités issues des forces de la police spéciale Berkut, dissoutes par le nouveau gouvernement mais travaillant à présent contre celui celui-ci. Des hommes appartenant au Night Wolves (l’équivalent en Russie des Hells Angels) gardent les bâtiments administratifs à Sébastopol pour le compte des Russes. Des miliciens équipés à la russe sécurisent également l’aéroport de Simferopol.

Washington met en garde la Russie contre toute tentative d’intervention en Crimée. Mais le 1er mars, le premier ministre de facto criméen, Sergueï Aksyonov, lance un appel à la Russie pour venir sécuriser et ramener la paix dans la région. La Russie répond à l’appel en autorisant formellement l’utilisation des forces armées sur le territoire ukrainien. Sortant de leur base à Sébastopol, des soldats Russes encerclent un bon nombre de casernes ukrainiennes. Des navires de la flotte russe font également le blocus de plusieurs ports abritant des bateaux de guerre ukrainiens.
Le 2 mars, l’amiral de la flotte ukrainienne, Denis Berezovsky, change de camp et prête allégeance aux nouvelles autorités criméennes. Un jour plus tard, c’est au tour de toute une base aérienne, la 240ème brigade d’aviation tactique, forte de 800 hommes, de changer de camp, mais des 45 chasseurs MiG-29 seuls quatre sont véritablement opérationnels. Le 4 mars, les médias russes sortent le chiffre de 5000 soldats ayant fait défection, emportant avec eux tout leur matériel. Les jours suivant on s’affronte, en général sans échange de coup de feu, pour faire tomber les casernes encore aux mains de l’armée ukrainienne.

A Kiev, on crée la Garde Nationale. Cette force, qui doit atteindre 60’000 hommes, doit officiellement « assurer la sécurité de l’état, défendre les frontières et éliminer les groupes terroristes ». Mais quelles sont les réelles motivations derrière cette Garde Nationale ? On peut voir par cette action le besoin de créer une unité militaire politiquement et idéologiquement fiable, car il serait tout à fait possible que si la situation dans l’est du pays venait à mal tourner pour les ukrainiens, un certain nombre d’unités changeraient de camp également. La deuxième raison est de canaliser et de réintégrer ces milliers de personnes ayant pris les armes lors de événements sur la place Maidan. Le nouveau gouvernement a peur de leur potentiel, le peuple ayant prouvé ce qu’il peut accomplir et le nouveau pouvoir veut éviter à tout prix que cela se reproduise. L’aide promise par l’Union européenne n’arrivera également qu’au compte-goutte tant que la situation n’est pas normalisée. C’est donc une urgence pour le nouveau gouvernement de réintégrer ce potentiel révolutionnaire. Ceci n’est bien sûr pas un fait nouveau : le pouvoir a de tout temps tenté, avec plus ou moins de réussite, ce genre d’opération.

Le 16 mars, la Crimée vote favorablement avec plus de 90 % de oui pour se détacher de l’Ukraine et réintégrer la Russie. Les pays occidentaux, et même, dans une moindre mesure, la Chine, condamnent cette action. L’occident accuse la Russie d’annexion pure et simple, les médias comparent même cette action aux agissements de l’Allemagne nazie sur les Sudètes et lors de l’Anschluss sur l’Autriche. Côté russe, les médias utilisent les mêmes tactiques. On voit en Crimée de grandes affiches appelant à voter le 16 mars avec d’un côté, la Crimée remplie d’un énorme svastika (représentant le nouveau pouvoir en place à Kiev), et de l’autre côté, la Crimée arborant le drapeau russe.

La distribution de nouveaux passeports russes dans la péninsule a déjà commencé. Certaines bases ukrainiennes résistent encore. Plusieurs personnalités russes et ukrainiennes sont alors frappées de sanctions de la part des américains. Le lendemain la Russie rétorque et fait de même. En Europe, certain pays, se souvenant des coupures dans l’approvisionnement du gaz russe, sont tout de même réticents à aller trop loin et à fâcher l’ours russe.

En marge de ces échanges de coups politiques, une certaine montée en puissance militaire se fait dans les deux camps. Mais ceci reste très symbolique : une escadrille d’avions de chasses américains envoyés en Pologne, des missions de surveillance aérienne à la frontière de Kaliningrad ou encore l’envoi d’un destroyer en mer Noire. La Russie répond aussi et envoie quelques avions en Biélorussie. On assiste également à une médiatisation sans précédent des exercices menés par l’armée russe, et cela dans les deux camps. Pour les occidentaux, ces exercices sont montrés comme des préparations à une invasion globale de l’Ukraine et ce n’est peut-être pas tout à fait faux, ceux-ci étant bien une démonstration de force de la part de la Russie, d’où leur grande couverture dans la presse russe.

Mais l’issue d’un affrontement ne fait aucun doute et il est très peu probable que le nouveau pouvoir ukrainien veuille « mourir pour Sébastopol ».

YD

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8 Messages

  • La faillite historique d’un modèle de gestion du rapport social capitaliste, celui qui s’était développé entre autre en Europe de l’est durant plusieurs décennies de contre-révolution, a entrainé la dissolution et la disparition de l’URSS en tant que bloc impérialiste. Depuis lors, le prolétariat dans ces régions, comme partout ailleurs dans le monde, a du subir de nombreuses nouvelles attaques contre ses conditions de survie mais il a aussi brûlé au passage un certain nombre des illusions que la propagande occidentale a entretenu lorsqu’elle encensait ad nauseam un modèle de gestion du capitalisme qui serait plus « humain », plus « libre ». Ce « monde de paix et d’harmonie » tant vanté, ce nouvel Eden qui fut promis aux « idiots utiles » lors de la chute du rideau de fer qui scella la fin d’un « monde bipolarisé », toutes ces illusions volent de plus en plus en éclats.

    A nouveau, les bruits de bottes résonnent bruyamment en Europe, les canons s’affutent, les bombardiers regorgent de dragées meurtrières, les missiles dardent leurs pointes nucléaires sur leurs futurs objectifs : après les guerres qui ont localement et conjoncturellement embrasé la Yougoslavie, la Géorgie, la Tchétchénie, le Daghestan, l’Ossétie, etc. durant ce dernier quart de siècle, voici maintenant que s’intensifie la maturation des conditions du déclenchement en Ukraine d’une nouvelle guerre, d’une ampleur plus considérable encore, avec des répercussions internationales inimaginables.

    Depuis quatre mois, d’importants troubles secouent ce pays. Ces troubles ont émergé du sol fertile des profondes contradictions qui déterminent toute société de classe ainsi que leurs expressions concrètes : salaires de misère, restructuration, licenciements, privatisations, diminution des aides sociales qui constituaient un reliquat de « l’ère socialiste », etc. Bien sûr, ces mouvements sociaux (comme toutes les luttes qui se développent aujourd’hui) portent encore le sceau du manque de rupture avec les gestionnaires du rapport social, ainsi qu’avec leurs futurs remplaçants. Leur expression politique et leur conscience semblent être si faibles et fausses… Mais les révolutionnaires ne peuvent pas juste balayer d’un revers de main le contenu des événements, de manière dédaigneuse et condescendante.

    Les luttes actuelles sont encadrées par diverses fractions bourgeoises : des partisans du modèle « libéral » euro-américain, des ultranationalistes, et même des groupes d’extrême-droite, voire fascistes… Nous nous sommes confrontés journellement aux défilés écœurant des faux drapeaux, les drapeaux des superpuissances impérialistes occidentales, les drapeaux ukrainiens, et ceux des fascistes… Ce qui, admettons-le, n’est pas vraiment très différent des encadrements bourgeois plus « classiques » et « traditionnels » des professionnels sociaux-démocrates de la pacification de nos luttes : syndicalistes, gauchistes, staliniens, adorateurs de la « démocratie directe », et autres islamistes radicaux (pour nos frères et sœurs prolétaires qui se battent dans des régions à « prédominance musulmane », et plus particulièrement depuis l’émergence dudit « printemps arabe »)…

    Evidemment, le prolétariat est encore loin d’émerger en tant que force révolutionnaire capable d’affirmer son programme historique et ses perspectives de renversement du rapport social capitaliste. Les prolétaires descendent dans la rue, ils occupent des places publiques, ils investissent des bâtiments officiels, ils s’affrontent aux forces répressives, ils érigent des barricades, ils refusent les propositions pacificatrices des charlatans des partis d’opposition, ils posent (même « maladroitement ») la question de l’armement et de l’auto-défense du mouvement, ils pillent des armureries de la police, etc. Malgré cela, dans la plupart des cas ils ne s’affirment pas encore en tant que classe et donc en tant que force organisée et dirigeante, en tant que parti(e) avancé(e) du prolétariat…

    Malgré la nature bourgeoise de diverses expressions et matérialisations émanant des mouvements sociaux, ce que la classe des capitalistes craint le plus aujourd’hui, c’est une extension des troubles aux métropoles des superpuissances mondiales. Que se passerait-il si de pareils événements devaient éclater dans la Fédération de Russie, en Grande-Bretagne, aux USA, en Chine ? A tout le moins, les capitalistes préféreraient éviter ce genre de « catastrophe » pour la pérennité de leur dictature sociale et ils tentent ainsi de canaliser préventivement toute cette bouillonnante énergie, tout ce maelström social dans les ornières de la guerre. Et pour ce faire, l’Ukraine pourrait devenir un terrain idéal pour la mobilisation des forces guerrières. Et conjoncturellement, le sort de la « République autonome de Crimée », qui vient d’être annexée de fait par la Fédération de Russie, ou encore la conquête des régions orientales de l’Ukraine (Donetsk, Kharkov…) en proie à de nouveaux troubles, constitueraient un intéressant prétexte, comme l’attentat de Sarajevo le fut il y a de cela très exactement 100 ans…

    Et ce ne sont pas les incessants « ballets diplomatiques » à Moscou, Londres, Paris, Berlin, Bruxelles, Genève, Washington… pour « dés-escalader » la situation, ce ne sont pas les « appels pour la paix » qui peuvent empêcher l’inéluctable de se produire. En 1914 déjà, ces mêmes « ballets » eurent lieu, « personne ne voulait la guerre », et pourtant des processus politico-militaires furent mis en route, et ceux-ci débouchèrent sur l’embrasement mondial le 2 août…

    Une fois encore les capitalistes se préparent à nous envoyer au massacre

    Cette année 2014, la bourgeoisie commémore le déclenchement de la première guerre mondiale, tout en prétendant que nous vivons maintenant dans un monde de paix et d’harmonie. Mais au moment même où le capitalisme traverse sa pire crise de valorisation depuis la fin de la seconde boucherie mondiale, sa seule alternative, une fois encore, c’est la destruction massive de forces productives excédentaires : destruction de marchandises, de travail mort, mais aussi de marchandises forces de travail, donc de travail vivant, donc de prolétaires… La seule solution viable pour le capitalisme (afin de relancer ultérieurement un nouveau cycle de valorisation), c’est donc la guerre généralisée,… Son seul problème de taille, c’est comment mobiliser mondialement le prolétariat pour que celui-ci se laisse embrigader dans une quelconque campagne idéologique afin de justifier les futurs massacres.

    Les actuels roulements de tambours guerriers qui résonnent en vue d’une intervention militaire de la Russie en Ukraine participent de cette campagne idéologique. D’autant plus que cette région est l’enjeu géostratégique des appétits voraces des capitalistes. En effet, il suffit d’observer une carte géographique du continent eurasien pour se rendre compte que d’une part une partie considérable de l’approvisionnement en énergies fossiles (pétrole et gaz) des pays de l’Union européenne provient de Russie et de ses importants gisements en Sibérie (ceci afin de ne pas dépendre des pays du Moyen-Orient instable). D’autre part, la seule possibilité actuelle pour les hydrocarbures russes de réaliser leur valeur, et de trouver acheteur sur le marché mondial, c’est de les exporter précisément vers l’UE en utilisant essentiellement les oléoducs et gazoducs qui traversent l’Ukraine.

    Autant les deux camps de charognards capitalistes en présence (Russie versus l’UE, les USA et leur bras armé l’OTAN) ont besoin l’un de l’autre, et cela devrait « objectivement » empêcher par là même toute guerre qui annihilerait l’une ou l’autre des puissances en compétition, voire les deux en même temps ; mais autant ces mêmes conditions pourraient tout aussi bien expliquer en quoi l’un et l’autre camp a besoin de conquérir l’autre et de le dominer, de s’accaparer soit les immenses sources énergétiques russes, soit les marchés solvables occidentaux.

    Une guerre pour le gaz ? Absurde ? Le contrôle des ressources énergétiques ne sera probablement pas l’élément essentiel qui pourrait déclencher une guerre entre la Russie et l’Ukraine mais comme en 1914 des mécanismes politico-militaires sont en train de se mettre en route, et qui peuvent très bien échapper à la mainmise des apprentis sorciers qui dirigent le monde. Et c’est à ce moment-là que la question du pétrole et du gaz deviendrait centrale et pourrait libérer toutes les énergies meurtrières pour massacrer une fois de plus des millions d’êtres humains sur l’autel du profit. A titre d’exemple, rien que ces trois dernières décennies ont vu les diverses puissances bourgeoises faire la guerre (ou soutenir l’un ou l’autre belligérant, voire plusieurs en même temps) pour s’assurer le contrôle des zones de production pétrolière du Moyen-Orient (Iran, Irak, Koweït,…) ainsi que les routes d’approvisionnement (Golfe persique,…). Ces guerres ont fait au bas mot des centaines de milliers de morts, si ce n’est deux à trois millions, sans compter les innombrables « dommages collatéraux » qui furent victimes des bombardements à « l’uranium appauvri » et autres saloperies créées par le génie du progrès capitaliste.

    Au-delà du développement de l’hystérie nationaliste, chauvine et patriotique dans les deux camps en présence, ainsi que des circonstances particulières qui alimentent les actuels préparatifs de guerre entre l’Ukraine et la Russie, nous devons mettre en avant un point fondamental : la rapidité avec laquelle toute cette affaire a pris de l’ampleur. En effet, quelques jours, quelques semaines seulement ont suffi à révéler toutes les contradictions accumulées depuis la fin du « monde bipolaire » (l’URSS contre les USA, l’est contre l’ouest, le « communisme » contre le « capitalisme » selon la propagande des deux camps), soit depuis un quart de siècle. Toutes contradictions qui provenaient de la non-résolution de la crise historique inhérente au capitalisme (considéré en tant que ce qu’il est fondamentalement, c’est-à-dire un rapport social mondial) et que celui-ci porte dans ses flancs ; crise qui résulta du nouveau cycle de valorisation qui s’est développé sur les ruines du précédent conflit mondial. L’ordre capitaliste ayant horreur du vide, dont la faillite d’un des deux blocs impérialistes fut une expression, tout commence à « rentrer dans l’ordre » avec la re-bipolarisation du monde, tant nécessaire à la compétition entre les différentes fractions du capital mais également à la mise en place des conditions objectives d’une nouvelle guerre. Nous pouvons donc affirmer que l’histoire s’accélère ! A l’image des mouvements sociaux qui depuis quelques années ponctuent plus fortement qu’avant la dictature sociale du capital.

    Nous nous devons également de rappeler ici l’essence fondamentale de la guerre. Depuis que le mode de production capitaliste existe et donc domine la planète entière, toutes les guerres sont bourgeoises, capitalistes, toutes les guerres, au-delà des idéologies pour lesquelles le capital dit les faire, sont des guerres contre le prolétariat, sont des guerres contre-révolutionnaires.

    La cause des guerres bourgeoises est toujours, au-delà des rivalités inter-impérialistes, la dévalorisation, la chute du taux de profit entraînant une surproduction généralisée de marchandises et donc aussi une surpopulation. Pour la bourgeoisie, hier comme aujourd’hui, le but principal (même si selon sa propre conscience il s’agit surtout de détruire l’ennemi) est toujours le même : la destruction massive d’êtres humains que le capitalisme a transformés en marchandises aujourd’hui excédentaires.

    La bourgeoisie doit, pour faire ses guerres, liquider le prolétariat en tant que classe c’est-à-dire en tant que force agissante, pour le dissoudre dans le peuple, pour alors embrigader ces citoyens parmi d’autres citoyens derrière n’importe quel drapeau cachant la face hideuse du capitalisme : le drapeau de l’antifascisme ou du fascisme, au nom du progrès ou de la réaction, au nom de la « démocratie » ou d’un « ordre nouveau », de la conquête d’un espace vital ou de la libération nationale, de la défense de l’occident civilisé ou de l’anticolonialisme,… C’est toujours au nom de la paix, de la liberté, de la démocratie, du socialisme,… que s’amoncellent les cadavres, que civils comme militaires sont mutilés à coups de bombes à fragmentation, qu’ils sont concentrés dans des camps pour crever.

    Action communiste contre la guerre et la paix capitalistes

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    http://www.autistici.org/tridnivalka/preparatifs-guerriers-entre-lukraine-et-la-russie-show-ou-realite/
    http://www.autistici.org/tridnivalka/wp-content/uploads/preparatifs-guerriers-entre-lukraine-et-la-russie.pdf

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    • "Evidemment, le prolétariat est encore loin d’émerger en tant que force révolutionnaire capable d’affirmer son programme historique et ses perspectives de renversement du rapport social capitaliste."...

      ..." Malgré cela, dans la plupart des cas ils (les prolétaires) ne s’affirment pas encore en tant que classe et donc en tant que force organisée et dirigeante, en tant que parti(e) avancé(e) du prolétariat"…

      Toute cette réthorique marxiste léniniste et ouvriériste fait litière de toutes les impasses historiques de cette ligne politique. C’est pourtant bien l’expérience historique de la révolution russe, menée par Lénine, appuyée de façon volontariste sur la classe ouvrière, qui a planté les conditions de développement du capitalisme moderne en Russie, et en Ukraine. Idem pour la Chine, avec sa variante paysanne d’auto éradication du Grand bond en Avant. Pourquoi faudrait-il de nouveau retomber dans les mêmes échecs, rechercher la prise du pouvoir d’Etat, mépriser la "démocratie directe" et tous les pouvoirs aux soviets (assemblées ou conseils) ? Mais réellement tous les pouvoirs, pas le tour de passe passe des bolchéviques ...

      A croire que "la classe ouvrière ira au paradis" quand elle aura choisi son programme historique d’auto-aliénation..! La question aujourd’hui n’est même plus là, puisque ce sont carrément les conditions de survie de l’espèce qui sont posées par les conséquences du développement des forces productives. Forces productives censées amener le bonheur de l’Humanité, selon la vulgate. Il y a donc un sérieux bug dans le programme, chers "action communiste contre la guerre et la paix capitaliste".
      Et en Ukraine, cette contradiction explosive, avec notamment la gestion des centrales nucléaires et du site de Tchernobyl, promet d’être hautement édifiante pour tous les révolutionnaires sincères, qui ne se poussent pas du col mao.

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  • Lorsque nous avons écrit il y a un quelques mois dans notre texte « Préparatifs de guerre entre l’Ukraine et la Russie – Show ou réalité ? »i que les conditions d’une nouvelle guerre mûrissaient en Ukraine, beaucoup de camarades ont exprimé des doutes ou même des désaccords avec une telle affirmation catégorique. Maintenant nous pouvons affirmer que le conflit en Ukraine a clairement permuté de la phase « froide » à la phase « chaude » et que ce à quoi nous assistons actuellement dans l’est du pays, c’est la guerre sous toutes ses définitions. De Lougansk à la frontière avec la Russie jusque Marioupol sur la côte de la mer Noire, ce sont deux forces militaires qui se mesurent dans des affrontements quotidiens en essayant d’étendre la zone sous leur contrôle, ils se battent au sol ainsi que dans les airs, à la campagne ainsi que dans les centres industriels, l’artillerie fait pleuvoir des obus sur des villages, l’aviation bombarde des villes (sous le prétexte que leurs ennemis utilisent les habitants comme boucliers humains), des hommes, des femmes, des enfants meurent sous les bombes et les missiles… En quatre mois de conflit armé, plus de 2.000 civils et militaires sont morts et 6.000 autres ont été blessés ; 117.000 prolétaires ont été déplacés dans le pays et 730.000 autres ont trouvé refuge en Russie. Au moment de boucler cet article, les cadavres jonchent les rues de Donetsk, pris dans l’étau de l’offensive gouvernementale.

    Dans le même texte, nous avons aussi écrit que la seule réponse du prolétariat à la guerre, c’est d’organiser et de développer le défaitisme révolutionnaire, c.-à-d. de refuser dans la pratique de rejoindre l’un ou l’autre camp, mais au contraire d’établir des liens entre prolétaires des deux côtés du conflit à travers la lutte contre les deux bourgeoisies. Et même sur ce terrain, les choses se sont développées, notre texte mérite dès lors (trois mois après sa publication) un post-scriptum.

    Ce texte est basé sur des informations puisées à différentes sources (que nous citons en notes), des blogs militants comme des média officiels. Cette courte description des événements en Ukraine nous a demandé des heures d’un travail prudent, de collecte d’informations, de lecture de textes, de vision de vidéos, de comparaison de différentes données, etc. Nous voudrions souligner deux choses : primo, le fait que les événements que nous décrivons ici ne furent pas couverts par France Télévision ou Euronews ne signifie pas qu’ils n’ont pas eu lieu, que nous les ayons inventés (diverses sources gauchistes mais aussi les média ukrainiens et russes les ont décrits). Secundo, il est clair que les informations que nous avons obtenues d’Ukraine sont chaotiques, incomplètes et parfois contradictoires. Cependant, cela ne signifie pas que nous devrions abandonner notre tentative de saisir ce qui se passe là-bas. Nous sommes persuadés que nous devons opposer aux informations sélectives de l’État la position critique et radicale du mouvement anticapitaliste ; nous devons développer et partager les informations et les analyses qui comprennent le monde à travers le prisme de la perspective de le révolutionner.

    ***

    L’idéologie guerrière (qu’elle soit basée sur la défense d’un état national uni ou sur le droit à l’autodétermination des sympathisants pro-russes) plonge ses racines en Ukraine, les organisations de la société civile organisent des campagnes de collecte de fonds pour supporter l’armée, les popes bénissent les armes d’un camp ou de l’autre, et la télévision diffuse des scènes de babouchkas qui fournissent aux hommes armés leur dernier pot de compote. Tous les prolétaires cependant ne se soumettent pas au lavage de cerveau de la propagande guerrière provenant de l’un ou de l’autre camp, pas tous ne veulent se sacrifier « pour leur patrie ». Des expressions du refus pratique des massacres guerriers apparaissent toujours plus fréquemment et les deux camps du conflit ont de grandes difficultés pour recruter de nouveaux effectifs pour leur massacre mutuel.

    Des milliers de soldats de l’armée ukrainienne, que le gouvernement a envoyé dans les soi-disant opérations antiterroristes dans l’est du pays, ont déserté ou changé de camp avec tout leur matériel, y compris des tanks et des véhicules blindés. A titre d’exemple, la 25ème brigade aéroportée ukrainienne (troupe d’élite par excellence), dont les hommes sont accusés « d’avoir fait preuve de lâcheté » lors des combats à Kramatorsk, sera dissoute sur instruction présidentielle le 17 avril après avoir fait part de son refus de « combattre d’autres Ukrainiens ».ii Tout récemment, ce sont 400 soldats d’une même unité qui ont déserté et se sont réfugiés du côté russe de la frontière après s’être retrouvés sous un feu nourri et sans munitions. Ces soldats qui seront, comme la Russie l’a déjà annoncé, extradés vers le territoire ukrainien, ont déclaré qu’ils préfèrent être accusés de désertion plutôt que de continuer à tuer et être tués sur le front oriental. Tous ces déserteurs déclarent qu’ils ne veulent pas se battre contre « leur propre peuple » et ils dénoncent aussi leurs conditions de vie désespérées auxquelles ils doivent faire face dans l’armée – solde minable, nourriture dégueulasse, ou même manque de nourriture, etc. D’autres unités n’ont même pas été déployées dans l’est pour leur manque de fiabilité. De la même façon que le précédent président Ianoukovitch ne put les utiliser pour réprimer les manifestants, pas plus l’actuel gouvernement n’ose envoyer au combat des troupes connues pour leur loyauté minimale.

    Environ un millier de soldats d’unités de la région de Volhynia se sont mutinés à Mykolayiv le 29 mai. Les soldats du 3ème bataillon de la 51ème brigade ont refusé d’être envoyés au front, ils ont refusé les ordres de leurs supérieurs et ils ont commencé à décharger leurs équipements lourds et d’autres matériels déjà prêts pour le transport. Après que leur unité ait subit de lourdes pertes lors d’une confrontation avec les séparatistes près du village de Volnovakha, on leur avait promis de retourner dans leur casernement permanent à Rivne. Au lieu de cela, ils furent déplacés de l’est vers le sud, puis retour à la case départ, de telle sorte qu’on put finalement leur annoncer qu’ils vont continuer leur entrainement avant d’être renvoyés au front. « Ayant perdu toute confiance dans leurs généraux à la lumière des derniers événements à Volnovakha et durant les funérailles à Rivne, ainsi qu’à cause de la trahison de leurs généraux, les soldats ont entamé une rébellion ouverte. »iii

    Le 2ème bataillon de la 51ème brigade, qui se trouvait dans la caserne de Rivne au même moment et qui fut le témoin des funérailles des soldats du 3ème bataillon tués dans la fusillade de Volnovakha ainsi que de la direction chaotique et mensongère des opérations, ce bataillon se mutina également. « Les généraux nous disaient ‘allez au nord’ puis ‘allez au sud’ au point que les soldats sont prêts à leur tirer dessus. Les généraux ont commencé à porter des gilets pare-balles de peur des fragging ! »iv Environ 1.200 soldats ont participé à la mutinerie, ils ont refusé d’être transférés à Mykolayiv. « Ils nous ont promis, lorsqu’ils nous ont mobilisé, que nous garderions la frontière entre l’Ukraine et la Biélorussie. Nous sommes prêts à le faire, mais pas à foncer sur ces clowns du Donbass. »v

    Une rébellion semblable a aussi éclaté à Poltava.

    Quatre jours plus tôt, après que six soldats originaires de la région de Volhynia ne soient tués, des mères, des femmes et des parents de soldats de la 51ème brigade ont bloqué les routes dans la région de Volhinya pour protester contre la poursuite du déploiement de l’unité dans le Donbass.vi

    Des manifestations et des protestations organisées par des femmes et d’autres parents de conscrits demandant le retour à la maison des soldats ou essayant de bloquer leur départ au front se sont étendues pendant ce temps à autres régions de l’Ukraine (Bucovine, Lviv, Kherson, Melitopol, Volhynia, etc.). Les familles des soldats bloquaient les routes avec des arbres abattus dans la région de Lviv au début de juin.vii Une manifestation de parents a bloqué l’entrée du bureau de recrutement militaire à Lviv quelques jours plus tard.viii A Iavorivo (région de Lviv), des membres d’une famille ont occupé un terrain d’exercice de la 24ème brigade mécanisée et ils ont exigé la suppression du départ vers la ligne de front.ix Des manifestations de parents à Dnipropetrovsk et Kharkov ont exigé le retour des soldats dans les casernes de leurs régions natales.x Des femmes de Kharkov ont occupé l’aéroport militaire local. Le bureau de recrutement militaire local à Kherson a été occupé par des mères et des femmes de soldats. Elles ont appelé à la fin de la guerre avec des slogans comme : « Femmes contre la guerre », « Où les fils des oligarques font-ils leur service ? » ou « Nos enfants ne sont pas de la chair à canon ».xi A Tchernivtsi, des femmes ont bloqué l’autoroute vers Jitomir pour plusieurs jours et elles ont réclamé le retour à la maison des soldats.xii Le 24 juin, des parents ont établi un barrage au kilomètre 125 de l’autoroute Kiev–Tchop, ils portaient des bannières disant : « Ramenez nos enfants, envoyez à l’est les enfants de généraux. »xiii Le 8 juin, un groupe de 100 parents de soldats ont bloqué les troupes de la 3033ème unité militaire basée à Melitopol, dans la région de Zaporojie. La protestation a réussi à empêcher les soldats d’être envoyés au front. Les parents impliqués dans le mouvement de contestation ont aussi protesté contre la propagande étatique qui les décrit comme des « séparatistes prorusses » : « Hier les nouvelles ont dit que ‘des séparatistes prorusses ont organisé un blocus de l’unité militaire’. Mais il n’y avait aucune mention de la Russie à la porte d’entrée de l’unité militaire ! Nous ne voulons juste pas perdre nos soutiens de famille. (…). Donetsk est un massacre, et nos enfants ont 20-21 ans. (…) Vous nous voyez, nous sommes des mères ! Comment pouvez-vous nous appeler des séparatistes ? », déclarait une des participantes.xiv Des mères et des femmes de soldats ont protesté contre leur envoi au front en face de la base militaire de Ternopil le 15 juillet.xv

    Et ce n’est pas la première fois que les familles de soldats s’affrontent à une action militaire. Pendant la période dont le résultat fut finalement la chute du précédent président Ianoukovitch, des parents et d’autres personnes ont organisé des réunions devant les casernes, ils ont discuté avec les soldats afin de leur apporter des informations sur ce qui se passait vraiment dans les rues et pour les persuader de refuser de participer à une répression potentielle contre les manifestants.

    Pendant ce temps, de nouveaux hommes continuent d’être enrôlés dans l’armée. Même s’ils doivent être recrutés sur la base d’une carte militaire obligatoire, le gouvernement les fait passer pour des volontaires. « Nous ne sommes pas des volontaires (…) nous ne voulons pas tuer des gens (…) nous n’irons pas n’importe où, nous enlèverons nos uniformes et nous rentrerons chez nous », ont proclamé des conscrits lors d’un rassemblement de protestation à Lviv.xvi

    Après l’entrée en vigueur du décret présidentiel de Porochenko à propos de la troisième vague de mobilisation dans les forces militaires le 24 juillet, dont la conséquence est l’envoi de davantage de milliers de prolétaires au front, des troubles ont éclaté dans différents endroits en Ukraine de l’ouest avec une force accrue : dans le village de Voloka, toute la population a résisté à la conscription de 50 hommes. « Ils ont commencé, qu’ils résolvent eux-mêmes (leurs problèmes). Nous mourrons mais nous ne donnerons pas nos enfants. Ils doivent le comprendre et ne pas venir ici avec leurs ordres de mobilisation », déclarent un vieux manifestant.xvii Des parents de soldats ont bloqué une route près du village de Korovia le 25 juillet exigeant la fin de la mobilisation et que les fils des autorités publiques soient envoyés au front à leur place.xviii Le même jour, une route dans le district d’Oboukhivs’kyi, près de Kiev, fut également bloquée par des familles de soldats. Les blocages continuaient de plus belle le 28 juillet dans au moins sept villages dans la région de la Bucovine et l’autoroute Kiev-Tchop fut également bloquée, une fois de plus. Lors d’une manifestation anti-guerre en face d’un bureau de recrutement à Novoselytsa, des protestataires ont molesté un membre du conseil municipal qui essayait de leur parler.xix Des habitants de plusieurs villages de la région d’Ivano-Frankivsk sont entrés de force dans les bureaux de l’administration militaire locale le 22 juillet et ont allumé un feu de joie avec les ordres de mobilisation et d’autres documents concernant la mobilisation. La même chose eu lieu le même jour à Bogorodchany.xx Dans différent villages, les gens ont massivement brûlé leurs documents de conscription distribués par la poste.xxi A Moukatchevo, en Transcarpathie, la situation s’est aggravée à tel point que le commandement militaire local qui s’inquiétait de la continuation des protestations a, pour l’instant, suspendu la mobilisation et a promis qu’aucun des habitants du coin ne sera envoyé au front dans un futur proche.xxii D’autres mobilisations militantes contre la guerre ont encore eu lieu dans la région de Zaporojie le 4 août ainsi que devant le parlement à Kiev le lendemain.xxiii

    Kiev qui ne peut actuellement compter qu’à peine sur son armée régulière dépend par conséquent des armées privées de quelques oligarques et de la Garde Nationale, une milice de volontaires principalement formée de nationalistes du Pravyi Sektor (Secteur droit) et du parti Svoboda (Liberté) pendant le mouvement de protestation contre Ianoukovitch. Les nouvelles unités de la Garde Nationale ne sont pas spécialement formées pour les actions militaires, mais principalement pour réprimer les protestations de masse et les émeutes, comme cela a été révélé lors de leur parade à Kiev à la fin de juin. D’ailleurs, des centaines de fascistes de l’Assemblée National-socialiste et les Patriotes Ukrainiens avaient déjà attaqué en juin une manifestation contre l’opération anti-terroriste qui avait lieu à Kiev.

    Néanmoins, les membres de la Garde Nationale ne sont pas non plus en dehors des contradictions qui secouent les deux camps. Radio Europe Libre a récemment publié une vidéoxxiv qui montre un soldat de la Garde Nationale qui reproche au gouvernement de n’être pas capable de fournir assez de nourriture, d’eau et d’armes aux volontaires : « Nous sommes utilisés comme de la chair à canon » affirme-t-il. Les conditions matérielles rattrapent ici même ceux qui pensent qu’ils sont idéologiquement au-dessus d’elles.

    Des mercenaires provenant du monde entier se battent aussi dans le camp de Kiev, ils ont été embauchés pour le gouvernement par des agences privées (il s’agirait de troupes mercenaires de Pologne, de la République tchèque, de l’ex-Yougoslavie, mais aussi de la région d’Afrique équatoriale).

    Le recrutement de nouveaux combattants n’avance pas selon le souhait des seigneurs de guerre locaux, et dans le camp des séparatistes non plus. La majorité des mineurs de la région du Donbass refuse toujours de rejoindre leur camp. Au lieu de cela, ils forment des unités d’autodéfense qui se positionnent contre les séparatistes et les troupes du gouvernement. Une de ces unités s’est affrontée aux séparatistes et les a empêchés de faire sauter une mine dans le village de Makiivka. A Krasnodon, dans la région de Lougansk, les mineurs ont organisé en mai une grève générale et ils ont pris le contrôle de la ville. Ils ont ouvertement refusé de se joindre tant au camp des séparatistes « anti-Maïdan » à Lougansk que le camp des oligarques du Maïdan à Kiev, et ils ont plutôt exigé l’augmentation de leurs salaires ainsi que l’arrêt de l’embauche de main-d’œuvre pour la mine par des agences privées.xxv

    LISEZ LA SUITE SUR : http://www.autistici.org/tridnivalka/ni-ukrainien-ni-russe/

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    • Les mineurs de six mines dans le bassin du Donbass ont déclenché une greve a la fin du mois de mai pour demander la fin de l’opération anti-terroriste dans l’est du pays et le retrait des troupes.xxvi Leur action fut le résultat de leur propre initiative et n’a pas été imposée en aucune façon par des hommes armés de la République Populaire de Donetsk, d’apres certains médias. Selon les grévistes, la guerre représente un danger pour l’existence meme des mines et provoque le chômage. « Le lundi 26 mai, lorsque l’armée ukrainienne a commencé le bombardement des villes, les mineurs ne sont tout simplement pas retournés au boulot, parce que le ‘facteur externe’ des hostilités, ayant lieu presque au pas de leur porte, a sérieusement augmenté le risque d’accidents du travail dans leur entreprise. Par exemple, si jamais une bombe avait frappé la sous-station électrique, les mineurs auraient été pris au piege sous terre, ce qui aurait inévitablement signifié pour eux la mort. »xxvii La greve fut déclenchée par quelque 150 mineurs de la mine Oktiabrski et elle s’est étendue comme une réaction en chaîne a d’autres fosses de Donetsk (Skochinskiy, Abakumov, « Trudovskaya », etc.), mais aussi a des mines d’autres villes, en particulier Ougledar (« Yuzhnodonbasskaya n°3 »). Dans les mines dont le propriétaire est Rinat Achmetov, l’homme le plus riche d’Ukraine et qui possede un empire industriel contrôlant économiquement presque toute la partie orientale du pays, les travailleurs ont été forcés de continuer a travailler, ils ont continué a descendre dans la fosse, malgré le bombardement du voisinage proche. A l’initiative des mineurs de la mine Oktiabrski également (et a nouveau sans aucun soutien de la République Populaire de Donetsk), une manifestation anti-guerre de plusieurs milliers de participants a été organisée le 28 mai.xxviii Le 18 juin, plusieurs milliers de mineurs ont a nouveau manifesté dans le centre de Donetsk pour la fin immédiate des opérations militaires. Les participants ont fait valoir qu’ils ne sont pas séparatistes, mais des gens ordinaires du Donbass. Ils ont également déclaré que si le gouvernement de Kiev ne répondait pas a leurs revendications, ils prendraient les armes.

      Les séparatistes ainsi que les oligarques locaux pro-Kiev tentent de manipuler et d’interpréter ces assemblées chaotiques et contradictoires en fonction de leurs propres intérets. Rinat Achmetov, l’oligarque de Donetsk, a donc organisé sa propre « greve » pour l’Ukraine unie, les séparatistes pour leur part essayent de faire passer les manifestations de mineurs comme une expression d’une position pro-russe des travailleurs du Donbass.

      Malgré les consignes nationalistes ou séparatistes qui apparaissent dans les manifestations de mineurs, les travailleurs ne sont pas tres désireux de rejoindre la Milice Populaire du Donbass. Un des commandants séparatistes, Igor Girkin, s’est récemment plaint en public de ce que les populations locales prennent les armes de son arsenal, mais au lieu de se mettre au service des milices séparatistes, ils les ramenent chez eux pour protéger leurs familles et leurs villages contre les deux camps du conflit.xxix Les séparatistes continuent donc de compter sur les gangs criminels locaux qui (apres avoir été payés) leur ont permis de prendre le contrôle de bâtiments publics, de postes de police, de dépôts d’armes, de grandes arteres et de moyens de communication dans la région de Donetsk et de Lougansk. La majorité des forces séparatistes est néanmoins faite de mercenaires provenant de l’autre côté de la frontiere (russe), en particulier les anciens combattants des guerres en Tchétchénie.

      Si le mouvement anti-guerre réel, le mouvement du défaitisme révolutionnaire, veut réussir, il doit devenir non seulement massif et généralisé, mais il doit aussi s’organiser, se structurer. Nous n’avons que peu d’informations sur les structures organisationnelles du mouvement en Ukraine. Nous pouvons conclure a l’existence de certaines structures a partir des événements eux-memes (des manifestations ou des greves répétées de plusieurs milliers de personnes ne peuvent pas etre le résultat d’une explosion spontanée de colere, de la meme façon que les protestations des parents de soldats, comme nous les avons décrites ci-dessus, exigent un certain niveau de coordination, une collaboration organisée sur le plan du contenu et de la pratique), l’existence d’autres structures formelles ou informelles est confirmée par des informations incompletes que nous avons obtenues sur le terrain. Certaines associations déja existantes se sont transformées en cadres de centralisation des activités anti-guerre – par exemple la Communauté des parents de la région de Donetsk « Kroha »xxx, qui a publié un appel a la population le 10 juin, tout limité, contradictoire et pacifiste qu’il puisse etre : « Nous, les parents de la région de Donetsk, en appelons a vous, politiciens, personnalités publiques et personnes intéressées. Aidez-nous a sauver les gens de Slaviansk, Krasnyi Liman, Kramatorsk, arretez les opérations militaires. Nous avons besoin de votre aide pour faire comprendre la vérité sur ce qui se passe dans ces villes. Depuis plusieurs semaines, les gens vivent sous les tirs d’artillerie incessants. Les civils meurent constamment. Certains enfants ont été blessés, la mort de trois enfants est confirmée. Des maisons, des hôpitaux, des creches et des écoles sont en train de s’effondrer. Les gens, y compris des enfants, vivent dans un état permanent de stress, en se cachant dans les sous-sols pendant plusieurs heures des attaques qui ne s’arretent presque jamais. (…) Nous demandons votre aide pour sauver la vie de ces personnes et pour l’arret des actions militaires. »xxxi Une autre association, les Meres du Donbass, affirme dans sa déclaration : « Nous voulons juste vivre ! Nous, des gens ordinaires : maris et femmes, parents et enfants, freres et sours. Nous, des civils pacifiques, nous sommes les otages du conflit dans notre région, les victimes des affrontements militaires. Nous sommes fatigués de la peur et aspirons a la paix. Nous voulons vivre dans nos maisons, marcher dans les rues de nos villes, travailler dans les entreprises et organisations de notre région, et cultiver notre terre. (…) Nous, les meres du Donbass, nous insistons pour que soit mis un terme immédiat a l’opération anti-terroriste et aux actions militaires dans notre région ! (…) Nous sommes sures que le conflit dans notre pays peut etre résolu pacifiquement ! Arretez la guerre ! Évitez le déces des enfants ! Sauvez le peuple du Donbass ! »xxxii La Voix d’Odessa a organisé une manifestation contre la guerre le 13 juillet a Odessa. Les participants criaient des slogans comme « Nous sommes contre la guerre ! », « Arretez l’opération antiterroriste a l’Est ! » ou « Nous voulons la paix ! » Pendant cette flash-mob, d’effrayants enregistrements audio de tirs d’artillerie et d’impact sur des civils étaient diffusés.xxxiii A Kharkov, des associations anti-guerre locales (entre autre le Mouvement des Femmes de Kharkov « Kharkivianka ») ont organisé le 20 juin une manifestation en face de l’usine de chars VA Malyshev. Cette usine a reçu une commande de 400 véhicules blindés pour etre envoyés au front. Les manifestants ont exigé l’annulation de la commande et ont scandé des slogans comme « Non a la guerre » ou « Arretez le massacre insensé ! »xxxiv

      Pendant ce temps, la situation économique et sociale dans toute l’Ukraine s’empire. La dévaluation de la monnaie locale, l’augmentation des prix des produits de base, des transports et des services ainsi que la réduction de la production dans de nombreuses entreprises conduisent a une forte baisse des salaires réels estimés entre 30 et 50% de perte. Le gouvernement de Kiev, sous la pression des institutions financieres internationales, doit adopter une série de mesures d’austérité qui va encore aggraver les conditions de vie du prolétariat, et dans le meme temps, il prépare la plus grande vague de privatisation depuis 20 ans. Le gouvernement central a cessé depuis mai le paiement des salaires des employés de l’État, des prestations sociales et des pensions dans les territoires qui ne sont pas sous son contrôle, des milliers de travailleurs sont donc sans revenus. La situation dans les régions ou des opérations militaires ont lieu est encore pire – les fournitures d’électricité et d’eau sont interrompues, les médicaments et la nourriture sont rares.

      Des troubles sociaux précipités par cette situation apparaissent depuis un certain temps. Outre les greves de mineurs dans la partie orientale du pays, les prolétaires dans les régions de l’ouest commencent aussi a en avoir assez. Les mineurs de Krivoy Rog ont entamé une greve illimitée générale en mai exigeant le doublement de leurs salaires. Ils ont commencé a organiser des milices armées d’autodéfense. Dans leur déclaration adressée aux travailleurs de toute l’Europe, ils décrivent les oligarques russes et ukrainiens, dans quelque camp qu’ils soient (séparatiste ou celui de Kiev), comme la raison principale de la crise : « Nous nous adressons a vous en vous demandant de soutenir notre lutte contre les oligarques, qui ont provoqué la crise actuelle en Ukraine et qui continuent a la déstabiliser davantage, menaçant de provoquer une guerre fratricide en Ukraine qui sans aucun doute aura des conséquences catastrophiques pour toute l’Europe. »xxxv

      Plusieurs manifestations pour « des conditions de vie décentes », contre l’augmentation des prix et pour l’augmentation des salaires et des pensions ont eu lieu dans différentes villes dans tout le pays. (Une série d’actions contre l’augmentation des prix des logements et des tarifs des services publics ont eu lieu a Kiev a la fin de juin et en juillet. Le 1er juillet, une manifestation contre l’augmentation des prix s’est déroulée a Kharkov. La plus importante protestation pour le moment a eu lieu a Kiev le 24 juillet avec des slogans comme « Réduisez les revenus des oligarques, pas ceux du peuple » et « Ne volez pas les citoyens ordinaires ».)xxxvi

      Début aout, le dernier carré de résistants qui continuaient d’occuper la place Maidan a Kiev (« parce que rien n’a changé ! ») est attaqué par deux bataillons de la Garde Nationale dans le but de les évacuer. Ils agissent sur ordre du nouveau maire de Kiev, Vitali Klitchko, ce qui démontre une fois de plus que la parole d’un politicien bourgeois (en début d’année, il avait demandé aux occupants de ne pas évacuer la place « tant qu’aucun véritable changement n’ait lieu en Ukraine ») n’engage que ceux qui y croient… De violents affrontements ont néanmoins éclaté lors de l’évacuation, ce dont la presse bourgeoise internationale s’est une fois de plus bien abstenu d’évoquer, tant il est vrai que le gouvernement de Kiev est l’allié occidental et « l’horreur ultime » ne peut etre incarnée que par les séparatistes de l’est et la Russie.

      La République Populaire de Donetsk tente de restreindre le mouvement des mineurs qui se soucient plus de leurs intérets matériels que de toute idéologie, tout en jonglant entre les revendications des grévistes a qui on avait promis la nationalisation des complexes industriels et les intérets des oligarques a qui on avait promis l’inviolabilité de la propriété privée.

      Le mouvement anti-guerre, meme s’il est pour le moment limité tant dans l’espace que dans le contenu, les greves et manifestations ouvrieres organisées non pas pour une idéologie mais pour les intérets matériels du prolétariat dans les deux camps, tout cela confirme ce que nous écrivions dans notre texte précédent : « (…) le déclenchement de la guerre impérialiste (…) ne signifie pas nécessairement l’écrasement définitif du prolétariat. En effet, historiquement, si la guerre signifie dans le premier temps un relatif écrasement, elle peut ensuite dialectiquement déterminer une reprise des luttes d’autant plus forte qu’elle a mis a nu les contradictions et la brutalité immanente au systeme capitaliste. »
      Malgré ça, il nous est arrivé a plusieurs reprises de tomber sur de soi-disant « révolutionnaires » qui défendent l’opération anti-terroriste, parce qu’ils croient que cela permettra un retour a la lutte de classe « normale ». Malgré ça, nous pouvons lire (meme si de maniere fragmentaire et contradictoire) des nouvelles a propos d’« anarchistes » actifs dans des structures administratives des séparatistes, parce qu’ils les considerent comme un moindre mal en comparaison avec le gouvernement de Kiev.

      Nous ne soutenons en aucune façon la guerre et ses atrocités et nous sommes conscients que tout conflit militaire signifie l’aggravation des conditions de vie des prolétaires. Cependant, en tant que communistes, nous ne pouvons pas adopter la these selon laquelle nous pourrions éviter un conflit militaire en soutenant l’un ou l’autre camp guerrier. Le prolétariat n’a aucun intéret a préserver les conditions actuelles ou antérieures de sa misere. Le prolétariat n’a pas de patrie a défendre. Le camp du prolétariat dans toute guerre, c’est l’action unie et intransigeante des prolétaires des deux camps qui se font concurrence contre les deux camps guerriers de la bourgeoisie.

      La lutte contre la guerre signifie le défaitisme révolutionnaire ! Front prolétarien révolutionnaire contre la bourgeoisie des deux camps guerriers !

      Affrontons la guerre par l’action directe, le sabotage, la greve générale, radicale et combative !

      Solidarité de classe avec les défaitistes révolutionnaires de tous les camps !

      * Aout 2014 *

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      • Coucou,

        Il y a des infos/photos/vidéos sur la résistance à la guerre en Russie (manifestations, sabotages, textes, grèves ou désertions des soldats russes...) ?

        Merci aux copains de l’OCL de passer des infos solides sur la situation en Ukraine. D’autant plus qu’internet bruisse des stupidités qui sont relayées par tous les sites poubelles (complotistes, fafs, staliniens, etc.), ne parlons même pas des infos balancées par les sites du Kremlin.

        La situation semble devenir de plus en plus complexe et se transformer en guerre ouverte entre les capitalistes...

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        • Diverses informations commencent en effet à circuler concernant des manifestations en Russie contre la mort de soldats russes sur le front ukrainien. Voici un article publié hier sur le blog « Le Prolétariat Universel » qui donne plusieurs liens vers des articles de la presse bourgeoise :

          http://proletariatuniversel.blogspot.cz/2014/08/de-la-difficulte-embrigader-dans-les.html

          Il serait intéressant d’aller voir sur le blog du « Comité des mères de soldats de Russie » (http://soldiers-mothers-rus.ru/index_en.html).

          Diffusons l’information, soutenons les prolétaires qui refusent la guerre capitaliste, qui organisent des mutineries, des désertions, des sabotages…

          Salutations internationalistes.

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          • Protestations sociales dans le Donbass 22 octobre 2014 18:53, par GUERRE DE CLASSE

            Nous avons traduit en français le texte "Социальные протесты в Донбассе"

            Version originale en russe : http://www.aitrus.info/node/3960

            Nous avons reçu des informations en provenance de la région dissidente ukrainienne du Donbass concernant des protestations sociales contre la politique des autorités séparatistes. Les participants à ces manifestations sont en butte à des menaces et à des représailles.

            Le 22 septembre, des résidents d’Anthracite (région de Lougansk) se sont réunis sur la place centrale de la ville, près de l’hôtel de ville. Ils ont exigé le paiement des salaires, pensions et prestations sociales qui leur avaient été promis, et qu’ils n’ont pas touchés depuis plusieurs mois. Peu de temps après la fermeture de la mine Komsomolskaïa, le gouvernement de la République de Lougansk (RPL) a annoncé aux mineurs qu’ils recevront dorénavant un salaire réduit de 1.200 hryvnia (moins de 75 €), et en guise de protestation, personne ne s’est pointé au boulot le lendemain.

            Le commandement militaire séparatiste local a réagi par des menaces directes contre les manifestants. « Si vous vous rassemblez encore une fois, on vous descendra tous. Oubliez ce que sont les salaires et les pensions de mineurs, sans parler des avantages sociaux. » Néanmoins, une aide humanitaire d’urgence a été distribuée : à savoir des conserves et des céréales. (http://nr2.com.ua/hots/Vojna_na_Don...)

            Le 27 septembre, environ 200 personnes se sont rassemblées pour une manifestation de protestation à Rovenky (région de Lougansk). La majeure partie des protestataires étaient des retraités, mais il y avait aussi des jeunes. Ils ont exprimé leur indignation devant le fait que les autorités de la RPL ne tiennent pas leurs promesses de payer les pensions et les salaires. Ils ont accusé le gouvernement de piller l’aide humanitaire, de telle sorte que les gens ne puissent pas en bénéficier, en ce compris les personnes âgées qui crèvent de faim et n’ont personne sur qui compter. Il n’y a ni eau courante ni chauffage. Les manifestants qui n’ont pas reçu de la part des nouvelles autorités locales l’argent auquel ils ont droit, en ont exigé le paiement par le gouvernement ukrainien à Kiev. (http://news.liga.net/news/politics/...)

            Le 4 octobre à Sverdlovsk (région de Lougansk), des habitants ont organisé un rassemblement devant le bâtiment du SBU [Service de Sécurité d’Ukraine] pour protester contre l’absence de salaires et de nourriture, l’effondrement du système bancaire, le pillage et le vol par des groupes armés. La nuit suivante, des grenades ont été jetées dans les maisons de plusieurs manifestants (http://informator.lg.ua/?p=36668). Le 5 octobre, des manifestants se sont à nouveau rassemblés, en exigeant le paiement des salaires et la restauration des infrastructures de la ville. Des inconnus ont ouvert le feu su la foule, 3 personnes ont été blessées et transportées à l’hôpital. (http://informator.lg.ua/?p=36796)

            Pendant ce temps, les autorités de la République de Donetsk (RPD) ont adopté un nouveau système fiscal antisocial, identique à celui existant en Russie. Par exemple, l’impôt sur les revenus et l’impôt sur les entreprises dans le pays ne sera pas proportionnel : le taux d’imposition sur le revenu sera de 13% pour tous (indépendamment du revenu), et celui pour les entrepreneurs de 20%. La bourgeoisie est exemptée de payer les arriérés d’impôt pour les mois précédents. (http://itar-tass.com/mezhdunarodnay...) L’adoption d’un système similaire est prévue dans la RPL pour le 15 octobre.

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