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CA 235 - décembre 2013

30 ans déjà  ! Coucou nous revoilà  ???

lundi 16 décembre 2013, par ocl-lyon

Le trentième anniversaire de la « marche pour l’égalité et contre le racisme  » a un certain retentissement  : Film, débats médiatiques, initiatives locales et pour finir une manifestation le 7 décembre à Paris.
Il nous a semblé important de revenir sur cet évènement qui a marqué le début des années 80.


Le contexte

Au niveau politique, la Gauche (PS, PC, Radicaux) et Mitterrand ont pris le pouvoir d’Etat en mai 1981. Le soir de cette élection c’est la fête dans les rues, du jamais vu, ni revu d’ailleurs, pour un résultat électoral. Ceux et celles qui s’éclatent ignorent qu’il leur faudra attendre deux ans et demi pour retrouver une manifestation importante dans la rue. Et pourtant, cet électorat de gauche, qui a tant espéré, va en avaler des « couleuvres  »  ! Un certain « Etat de grâce  » va écraser toute velléité de lutte exceptée pour les travailleurs immigrés (et la lutte antinucléaire).

Ces immigrés qui luttent depuis des années contre leurs conditions de travail (Ouvriers Spécialisés sur les chaînes automobiles par exemple), pour leurs salaires (les plus bas dans l’échelle) et leurs conditions de logements dans des foyers (où ils n’ont même pas le statut de locataires) doivent aussi se battre pour des papiers leur donnant le droit de séjourner en France alors qu’ils s’y font déjà exploiter. C’est ainsi que 130 000 travailleurs sans droit au séjour seront régularisés par une circulaire émanant de la gauche au pouvoir, circulaire que l’immigration arrachera grâce à ses mobilisations en 81 et 82 (occupations, grèves de la faim). Mais, combien d’immigrés ne pourront y avoir accès  ? Au moins autant, car il fallait avoir un vrai contrat de travail que des fractions du patronat refuseront de signer  ! Certains travailleurs de la sidérurgie ou de la métallurgie dans des régions isolées des grandes zones urbaines resteront, des années, avec des récépissés à renouveler tous les 3 mois et une épée de Damoclès au-dessus de leur tête sous prétexte qu’ils sont arrivés avec de faux papiers qui, à cette époque, n’étaient pas achetés au marché noir ou à des fonctionnaires corrompus, mais émanaient le plus souvent d’un membre de leur famille venu vendre sa force de travail en France et retourné au pays.

Beaucoup d’immigrés de nos anciennes colonies (ou protectorat…) n’avaient pour objectif que de retourner à terme « au bled  » tout en envoyant chaque mois le maximum de fric à la famille (le plus souvent à leurs parents). Là-dessus, les dirigeants des pays d’origine se sucraient avec l’apport de ces devises. En France, la crise économique qui naît dans les années 73-74 (la fin des « trente glorieuses  ») touche des secteurs à forte concentration immigrée. Dès juin 1977, un certain Stoléru (le même qui arborera quelques années plus tard le badge « touche pas à mon pote  » sur son veston  !) met en place l’aide au retour, qui s’adresse aux travailleurs immigrés au chômage et à ceux qui peuvent établir la preuve d’une situation régulière depuis au moins 5 ans. Cette proposition va créer moult débats dans l’immigration installée en France.

En effet, beaucoup d’immigrés se sont mariés « au bled  » et ont, pour beaucoup d’entre eux, fait venir leurs femmes et leurs enfants en bas âge. A cette époque le regroupement familial peut se faire sur place c’est-à-dire en France jusqu’à ce qu’une certaine Georgina Dufoix l’interdise en 1984. D’autres se sont mariés sur le territoire français avec une personne de nationalité française (ce sont les mariages dits « mixtes). Ces familles, où naissent des enfants en France, vivent rapidement dans des tours ou barres HLM à la périphérie des villes après avoir vécu, pour les plus anciennes d’entre elles, dans des bidonvilles ou cités de transit. Seule une minorité repartira dans leur pays d’origine car, majoritairement les jeunes issus de l’immigration, qui font pression sur leurs pères pour rester, ont leur vie en France et non dans un pays qu’ils ne connaissent pas ou à peine. Une réalité est là et devient incontournable  : les jeunes issus de l’immigration qui n’ont pas encore acquis la nationalité française vont représenter jusqu ‘à 40% des étrangers en France dans les années 80.

Quoiqu’on en dise aujourd’hui, les logements HLM furent un apport indéniable pour les familles ( « tout à l’égout  », eau courante, toilettes, douche, eau chaude et chauffage central si l’immeuble n’est pas trop pourri  !) par rapport aux logements vétustes et bidonvilles. Reste l’environnement, le racisme ambiant, la concentration et les attraits de la société de consommation… sans oublier les difficultés à l’école, de trouver un job, l’ennui, … et la police  ! A noter que les drogues dures ne sont pas encore vraiment arrivées dans les cités, mais les grands médias sont là pour participer activement à la criminalisation de ces jeunes lascars, qui peuvent d’ailleurs y prêter le flan, dans des rodéos endiablés.

La « classe moyenne » (ouvriers qualifiés, fonctionnaires, professions intermédiaires...) quitte progressivement ces barres et tours HLM vers des pavillons avec l’accès à la propriété. Les militants de gauche (en particulier du PCF qui commence à décliner) sont de moins en moins actifs au quotidien dans les cités ; reste, en cette fin des années 70 – début 80, les Eglises catholiques et protestantes. C’est ainsi que lorsque des jeunes issus de l’immigration se font expulser, en avril 1981, pour des faits de petite délinquance, c’est un curé (Christian Delorme), un pasteur (Jean Costil) et un jeune (Ahmed Boukhouna) qui se mettent en grève de la faim avec un soutien important de tous les partis de Gauche, syndicats,... Le ministre de l’Intérieur de Droite, Ch. Bonnet, décide de suspendre les expulsions de jeunes fin avril, juste avant les élections présidentielles. Puis, dans la nouvelle loi sur l’entrée et le séjour des étrangers du 29 octobre 1981, les mineurs et les étrangers nés en France ou arrivés avant l’âge de 10 ans deviennent des catégories d’étrangers non expulsables, sauf en cas de menace grave à l’ordre public.

Le contexte de cette époque (qui n’a d’ailleurs pas changé) qui joue un rôle important dans la marche de 83, ce sont aussi les crimes racistes et sécuritaires. En effet depuis la fin de la guerre d’Algérie l’arabicide s’est complètement banalisé en France. « Plusieurs centaines d’arabes ou désignés tels ont succombé … au geste fatal d’un policier, d’un gendarme, d’un militaire, d’un vigile, d’un commerçant, d’un concierge, d’un particulier…  ». Dans son livre « Arabicides  » Fausto Giudice, journaliste indépendant, propose une réponse  : « la Ve République repose sur un crime fondateur, l’arabicide de masse, commis tout au long de la guerre d’Algérie, jusque dans les rues de Paris. Ses auteurs et ses responsables ont bénéficié d’une impunité totale, par le jeu des amnisties. Ce fut là le plus formidable encouragement à répéter en temps de paix, sur une échelle réduite, ce que militaires, policiers et simples particuliers avaient fait en temps de guerre ».

Les débuts de l’auto organisation des jeunes des cités

Dès 1976 apparaît le besoin d’une expression et d’une organisation des jeunes des cités qui se traduit par la création de troupes de théâtre et de groupes de musique (dont le plus connu sera « carte de séjour » créé en 1980). A partir de 77, des jeunes revendiquent le droit de vivre ici et se mobilisent contre les premières expulsions de leurs frères. En face, les flics et les beaufs cartonnent  ! En février 1980, Abdelkader Lareiche, un ado de 15 ans, est tué par le gardien de sa cité à Vitry-sur-Seine en Région Parisienne. De là, va naître une mobilisation importante dans la cité avec la création du Collectif Mohamed et un suivi juridique de cette affaire qui se soldera par une condamnation à 5 ans de prison avec sursis du meurtrier et des émeutes devant le palais de Créteil, des manifestations à Lyon et l’occupation d’un local du PCF qui s’explique par le fait que la municipalité communiste de Vitry-sur-Seine avait bloqué au bulldozer, le 24 décembre 1980, la construction d’un foyer de travailleurs immigrés devant abriter 300 travailleurs maliens.

Afin de se réapproprier le territoire, l’idée d’organiser des concerts à l’intérieur même des cités commence à germer. C’est ainsi qu’en avril 1980 naît « Rocks Against Police  » inspirés des concerts organisés par des jeunes blacks en Grande Bretagne. C’est la première grande tentative pour permettre la circulation des informations et des moyens de lutte entre les groupes de jeunes des cités, grâce à l’organisation de concerts gratuits. Des jeunes des cités se rencontrent, le centre Abdelkader ouvre à Vitry, des jeunes femmes créent à Lyon le groupe « Zaâma d’Banlieue  ». Laissons leur la parole  : « Nous voulons prendre en main directement la lutte qui nous concerne (la répression, les tabassages, délogements, expulsions…), rechercher ensemble des moyens de lutte plus efficaces que ce qui est proposé par l’extrême gauche désabusée ou par les cathos lassés par la bonne cause. Pour nous réapproprier nos lieux de vie, de loisir, pour que nos cités ne soient plus des cités de flics ou du PC. (…), formons des groupes, des collectifs dans chaque cité, reprenons les centres sociaux, les MJC comme lieux enfin utiles servant à la population des quartiers pour qu’ils ne servent plus de quartier général à l’encadrement social (flicage).  »

L’après mai 81

Arrivée au Pouvoir, la Gauche étend le droit d’association aux immigrés. Cette mesure à-priori positive va entraîner progressivement ces « associations de fait  » à une certaine institutionnalisation. Au départ, d’un côté, leur déclaration en préfecture permet au Pouvoir d’avoir les coordonnées de personnes pouvant servir de référents en cas de conflits. D’un autre côté, ceux et celles qui bougeaient se sentent bien souvent investis d’une mission, d’une responsabilité. Cette dégradation de l’autonomie de ce mouvement naissant va s’accélérer après les marches de 83 et 84 avec la recherche de subventions.
La situation économique et sociale continue de se dégrader et l’immigration dans toutes ses composantes est la première à trinquer. Dans les cités, la Gauche accentue l’îlotage, les tensions entre la police et les jeunes augmentent. De nombreux meurtres racistes et sécuritaires ont lieu et depuis l’affaire Abdelkader de Vitry-sur-Seine, les jeunes des cités et leurs familles se rendent compte de l’impunité dont jouit la police (même en cas de meurtres de jeunes) et les peines dérisoires infligées aux beaufs meurtriers, incomparables avec les condamnations infligées aux « lascars  » pour vols de voiture, rodéos, ...

Comme on pouvait s’y attendre, la campagne électorale des élections municipales de mars 83 voit la montée du délire sécuritaire et du couple insécurité/immigrés portés par toute la classe politique. A ce petit jeu, le Front National fait une percée à Dreux.

Aux Minguettes (HLM de Vénissieux, banlieue Nord de Lyon), la situation est explosive depuis 81 avec des affrontements entre les flics et les habitants du quartier. Des jeunes se sont organisés en association « SOS Avenir Minguettes  » . Le 21 mars 83, des flics enquêtant sur un vol de fourrures oublient que le temps des colonies est terminé  : Insultes racistes, femmes maltraitées et humiliées, local associatif de jeunes saccagé… La réaction de la cité est immédiate et violente, les flics doivent faire demi-tour. Pour tenter de briser l’image de violence du quartier tissée par les médias, des jeunes décident de se mettre en grève de la faim pour obtenir satisfaction de revendications précises : droit au travail, principalement sur le chantier de rénovation de la cité, libération de « Tunch  » arrêté à la suite des affrontements, ouverture d’une commission d’enquête sur l’attitude des flics, mise en place d’une structure de dialogue. Des médiateurs sont désignés où on retrouve le curé Delorme mais aussi Decourtray, archevêque de Lyon, sans oublier le secrétaire de l’UD CFDT, un avocat et un député P.S. Il va sans dire que les résultats obtenus sont bien maigres  : une dizaine d’habitants embauchés sur le chantier, suspension des arrestations avec maintien des inculpations, mise en place d’une commission de prévention servant plus à assurer un contrôle social qu’à trouver des solutions… où finalement les flics refuseront de s’asseoir à la même table que des « délinquants  ». Sur la cité, les descentes de police se poursuivent, en juin, un policier tire et blesse grièvement Toumi Djaïdja, président de SOS Avenir Minguettes, qui voulait intervenir dans un contrôle d’identité. Pendant l’été 83, les crimes racistes se multiplient  ; Toufik, 9 ans, est abattu à La Courneuve par … un ouvrier  !

La Marche pour l’égalité

Cette idée est née aux Minguettes de la rencontre entre Toumi, des jeunes des Minguettes et le curé Delorme. Delorme continue de faire très bien son boulot de curé de gauche. Pour lui, il s’agit de faire une longue marche non-violente à l’image de celles du pasteur Martin Luther King et du guide spirituel Gandhi… Elle doit s’adresser à la France entière. Cette idée enthousiasme des jeunes des Minguettes qui ne voient plus d’autres alternatives pour se sortir du cercle infernal dans lequel les institutions les ont enfermés (flics – réactions – médiatisations - tabassages - arrestations – procès – prison - expulsions). Ces jeunes (32 au départ de Marseille le 15 octobre) délèguent l’organisation de cette marche à la CIMADE. Delorme et Costil sortent leurs carnets d’adresses des réseaux chrétiens, humanistes et antiracistes qu’ils connaissent depuis leur grève de la faim d’avril 1981. Ces réseaux vont fournir la logistique (dont l’accueil à chaque étape durant les 3 semaines de ce périple de Marseille à Paris en passant par Strasbourg), le fric et les contacts politiques au plus haut sommet de l’Etat qui passent aussi par le pasteur Costil car, en effet, les protestants sont influents au gouvernement. Tous ces réseaux auxquels s’ajoutent toutes les organisations syndicales, politiques de gauche (au sens très large) reçoivent un appel rédigé par des 2 religieux qui se terminent ainsi  : « Oui, nous allons marcher. Marcher pour construire et non pas détruire. Marcher pour être entendus et pour entendre. Marcher pour rassembler et dire la paix. Ensemble nous nous sortirons ainsi de l’engrenage de la haine raciale qui nous menace. De cette marche dépend en grande partie l’avenir de notre pays  ».

Beaucoup de jeunes des cités qui bougent depuis déjà plusieurs années ne se reconnaissent pas dans cet appel œcuménique de curés extérieurs à leur mouvement. Néanmoins, ils suivront cette marche et seront le « poil à gratter  » dans les débats à certaines étapes. Des collectifs d’accueil se constituent dans les villes traversées par la marche. On y retrouve des chrétiens de gauche, des associations de solidarité, des organisations politiques et syndicales mais aussi des jeunes qui arborent, comme la plupart des marcheurs, le keffieh palestinien. Le mélange est parfois détonnant  ! Néanmoins, ce sont les marcheurs qui décident, s’expriment à chaque étape et veillent à interdire tout risque de récupération. Au début de cette marche, les revendications sont discrètes pour espérer séduire la France profonde. Il faut dire que dès son départ, le pouvoir socialiste a envoyé un émissaire pour mettre en garde les marcheurs contre tout excès revendicatif avec la promesse … d’être reçu par le Président à l’arrivée. Les grands médias télévisuels sont progressivement séduits par l’œcuménisme apparent de cette marche, la « mayonnaise  » prend. Mais d’étapes en étapes, le vécu des jeunes des cités et la réalité des crimes racistes sont mis sur la table  ; des rencontres et des échanges ont lieu et des liens se créent entre jeunes de communautés et de nationalités différentes, enfants de harkis, filles et garçons… d’autant plus que 30 jours après son départ, 3 candidats à la légion assassinent un jeune algérien, Habib Grimzi, dans le train de nuit Bordeaux -Vintimille sans que des dizaines de personnes entendant ses cris et ses appels au secours n’interviennent  ! Lors de cette marche, un rassemblement a lieu en mémoire à la journée du 17 octobre 1961.

Cette marche a eu une dynamique interculturelle ouverte qui ne se réduisait pas à sa seule composante issue de l’immigration maghrébine même si celle-ci y était majoritaire. Son appellation a-postériori « marche des beurs  » fut réductrice  !
A son arrivée à Paris, le collectif jeunes qui accueille les marcheurs s’autonomise par rapport au cartel d’organisations de soutien. Les marcheurs sont naturellement en tête de la manifestation avec des jeunes et leurs familles brandissant les portraits des victimes des crimes racistes et sécuritaires en scandant « égalité des droits, justice pour tous  ». Les organisations de soutien ferment la marche.
Mais, l’Elysée, qui reçoit des marcheurs (enthousiastes, puis, quelques mois plus tard … plus que déçus par les promesses) a pris conscience qu’il venait de se dérouler quelque chose d’important pouvant peut être l’aider à trouver un soutien populaire qu’il a perdu depuis 81.

L’après marche

Comme on pouvait s’en douter, la Marche ne pouvait en aucune façon bouleverser ni les mentalités intrinsèquement liées au colonialisme, ni l’impact de la crise sur le renforcement du racisme au quotidien.

L’arrivée de la marche a lieu en même temps qu’un conflit social majeur qui se déroule dans l’automobile à Talbot-Poissy en région parisienne. Du 8 au 16 décembre, un bâtiment est occupé 24h/24. Le gouvernement vient d’accepter 1 905 licenciements (80% d’immigrés et, parmi les Français, la majorité est originaire des Territoires d’outre-mer). Dans ce conflit, qui va connaître des affrontements très violents entre les grévistes et le syndicat patronal CSL dont les nervis se répandent en propos racistes, la section syndicale CFDT anime la grève pendant que la CGT appelle au compromis. Des militants immigrés dissidents de la CGT rencontrent des associations qui viennent de porter la Marche pour l’Egalité. « Il n’y a plus d’un côté les bons beurs et de l’autre côté les arabes, nous sommes tous des bougnoules  ». La CGT dénonce ce rapprochement qu’elle qualifie de repli communautaire. Le 15 janvier 84, une manifestation organisée conjointement par les dissidents cégétistes de Talbot et par les jeunes de SOS – Avenir Minguettes est un relatif échec. Le rapprochement entre les générations immigrées est loin d’être évident, d’autant plus que ces dissidents rejoignent finalement le syndicat Force Ouvrière.

Puis tout retombe  !

Malgré tout, en juin 1984, 150 personnes représentant une cinquantaine d’associations venues d’une trentaine de villes se retrouvent dans la banlieue lyonnaises pour des assises dites nationales autour d’un maître mot  : l’autonomie. Un mouvement associatif de jeunes issus de l’immigration semble naître.

En septembre, une partie du collectif parisien formé après la Marche prend l’initiative, en dehors des assises de Lyon, de « Convergence 84  » (les rouleurs à mobylettes). Il s’agit de faire émerger un mouvement social et politique pour l’égalité pour tous, pas seulement celle des droits, en y associant toutes les communautés (y compris française) qui vivent les mêmes situations d’exclusion, le tout dans une démarche d’autonomie par rapport aux traditionnelles organisations antiracistes. De là va naître l’idée, de séparer la nationalité et la citoyenneté en tentant de se sortir du dilemme assimilation ou rejet, les droits formels et les droits réels, …

Mais, à l’arrivée à Paris, le 1er décembre où il y avait moitié moins de monde que l’année précédente (les chiffres les plus optimistes parlent de 100 000 personnes en 1983 et 50 000 en 84), une surprise nous attendait  : collage d’affiches tout au long du parcours, vente de badges « touche pas à mon pote  » … l’association « SOS Racisme  » qui a été créée le 15 octobre a été capable de sortir, en quelques semaines, des milliers d’affiches et de badges. Avec quelle manne financière et quel soutien logistique  ? Devinez  ! Les yeux se tournent vers l’Elysée et la rue de Solferino pendant que des milliers de jeunes, y compris des cités, sont aspirés par cette entreprise.

Denis le 31/10/13

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