Accueil > Courant Alternatif > *LE MENSUEL : anciens numéros* > Courant Alternatif 2006 > 155 Janvier 2006 > D’Afghanistan à l’Irak, une guerre robotisée

D’Afghanistan à l’Irak, une guerre robotisée

dimanche 1er janvier 2006, par Courant Alternatif

“ Deux mains jointes font plus d’ouvrage sur Terre que tous les roulements des machines de guerre ” (Victor Hugo). Les Forces spéciales américaines engagées en Afghanistan ont assez rapidement réclamé des armes adaptées aux combats, comme par exemple une version modernisée du tomahawk, ce casse-tête amérindien en pierre, très efficace notamment lors de corps-à-corps dans les nombreuses grottes afghanes.


Cependant, leurs demandes ne se sont pas réduites à des équipements issus de la Préhistoire. A l’occasion de ce conflit, elles ont fait entrer l’humanité dans une nouvelle ère militaire : celle des drones (avions télécommandés) et des robots de combat.
Certes, l’usage de robots et de drones n’est pas nouveau. Mais, jusqu’en 2002 il relevait avant tout des domaines du déminage, de la reconnaissance et de la surveillance. Or, les années 2001- 2002 apparaissent comme une rupture tant technologique que polémologique dans les objectifs de cet emploi.
Ainsi, le 4 novembre 2002, une opération de la CIA menée au Yémen à l’aide d’un drone Predator armé aboutissait à l’élimination d’hommes soupçonnés d’appartenir à El-Qaida. Le mois suivant, soit en décembre 2002, un Predator tirait 2 missiles Stinger sur un Mig 25 irakien dans l’une des zones d’exclusion aérienne imposée illégalement à l’Irak.
La mission initiale dévolue aux drones s’est donc étoffée, et intègre désormais des tâches réservées jusqu’à présent à l’homme seul car relevant du combat contre d’autres hommes. Il s’agit là d’une rupture dans la pratique de la guerre, constituant une évolution aussi importante que celles qui intervinrent avec la Première Guerre mondiale (chars, mitrailleuses, gaz, aviation) et avec la Seconde Guerre mondiale (bombardements aériens massifs et arme nucléaire).
Dans un rapport au Congrès américain, des spécialistes des questions de défense notaient ainsi que “ la guerre globale contre le terrorisme a mis sur le devant de la scène la fonction première des UAV, à savoir obtenir des renseignements. En outre, l’efficacité militaire des UAV démontrée lors de conflits récents comme l’Irak, l’Afghanistan et le Kosovo a ouvert les yeux à de nombreuses personnes quant aux avantages et inconvénients des UAV. Il est notamment admis de manière générale que les UAV offrent deux avantages majeurs sur les avions avec pilote : ils sont considérablement moins chers et leur usage permet de minimiser les risques pesant sur les pilotes ”.
Bush a pris rapidement toute la mesure de cette mutation. Dès 2001, il expliquait que “ le Predator est un bon exemple. Ce drone est capable de tournoyer autour des forces ennemies, d’acquérir des renseignements, de les transmettre instantanément au commandement, qui peut alors tirer sur ces cibles avec une extrême précision. Avant la guerre (contre le terrorisme, NDLR), l’usage du Predator suscitait un certain pessimisme, car il n’empruntait pas les anciens chemins.
Aujourd’hui, il est clair que les militaires ne disposent pas d’un nombre suffisant d’UAV. Nous entrons dans une nouvelle ère caractérisée par le rôle grandissant que joueront des véhicules sans pilote de toutes sortes ”.
Bush a également mis les moyens financiers (en 2001, 667 millions de dollars, et en 2003 1,1 milliard de dollars) afin de permettre la mise en œuvre d’une armada de 163 drones aux noms évocateurs. Le colonel Richard Szafranski note que “ les noms octroyés aux drones en service ou en projet – Chasseur (Hunter), Raptor, Serre de rapace (Talon), Prédateur (Predator), Etoile noire (Darkstar — comme dans Star Wars, NDLR) – sont autant d’indices démontrant qu’au-delà de l’absence de pilote les UAV sont désormais destinés davantage au combat qu’à la simple surveillance ”.
La pseudo-“ guerre au terrorisme ” a bel et bien contribué à accélérer l’emploi de drones et de robots, et par conséquent elle a renforcé une tendance préexistant à ce conflit. L’emploi massif de drones de combat en Afghanistan puis en Irak apparaît ainsi comme une préfiguration de l’avenir. Le spécialiste américain des questions de défense, Bill Sweetman, notait en mars 2005 que le Predator est l’un des outils que le Pentagone utilise le plus dans la “ guerre contre le terrorisme ”.

Une surveillance continue et robotisée de l’Afghanistan et de l’Irak

A chaque moment de la nuit ou du jour, 3 ou 4 Predator surveillent le ciel et le sol irakiens et afghans. Cette présence permanente démontre que “ le drone est devenu un élément majeur de la panoplie des moyens militaires mis en œuvre pendant la guerre en Afghanistan et en Irak ”. En effet, l’emploi en Afghanistan et surtout en Irak des grands drones américains Predator et Global Hawk, capables de voler plus de trente heures, a donné une dimension nouvelle à la gestion du champ de bataille : la permanence de l’action en temps réel. A ce titre, ils représentent un maillon essentiel dans le nouveau concept de “ guerre en réseau ” adopté par les armées occidentales ”.
En février 2003, les Etats-Unis alignaient 5 modèles principaux de drones : 4 Global Hawk, 48 Predator, 47 Pioneer, 43 Hunter et 21 Shadow, soit un total de 163 drones, auxquels s’ajoutent ceux de la CIA et des centaines d’autres drones moins coûteux.

Afghanistan : l’opération “Enduring Freedom”

Outre les missions de reconnaissance, les Predator ont été utilisés comme plate-forme de télécommunication permettant une prise de décision quasi immédiate quant à l’attaque d’une cible suivant sa détection. Ils ont été également associés aux forces aériennes, notamment aux AC130 (avions lourdement armés de canons et mitrailleuses dits “ faucheurs de marguerites ”) et aux F18 pour la désignation au moyen d’un laser de cibles au sol.
Quant au Global Hawk, de décembre 2001 à décembre 2002, il a fourni plus de 15 000 images, et a été impliqué dans la désignation de 50 % des cibles détectées et “ engagées ” par les forces militaires participant à l’opération “ Enduring Freedom ” (OEF).

Irak : de “ South Watch ”et “ North Watch ”à l’opération “ Iraqi Freedom ”

L’usage de drones contre l’Irak remonte à 1991, avec 533 missions opérées par des Pioneer. Avec la mise en place des opérations “ South Watch ” et “ North Watch ” dans le cadre des zones d’exclusion aérienne, les drones sont revenus dans le ciel irakien. Au cours de l’opération “ Iraki Freedom ” (OIF), les Predator servirent à localiser les défenses anti-aériennes et à les tester. Plus globalement, le Predator a été utilisé lors de l’OIF et, depuis 2003, pour assurer la protection des troupes au sol. Le Global Hawk fait lui aussi partie de la panoplie de drones présents en Irak. Les UAV ont démontré des capacités importantes dans l’acquisition d’informations sur le terrain, que ce soit en Afghanistan ou en Irak. Or, entre ces deux Etats se trouve l’Iran, menacé d’une intervention américano-israélienne.

L’Iran sous l’œil des drones américains

L’Iran est donc dans le collimateur des Etats-Unis pour deux raisons principales : son soutien au “ terrorisme ” (Hezbollah au Liban, présence de talibans, soutien à des groupes irakiens) et son programme nucléaire.
C’est dans ce contexte que le 12 février 2005 le Washington Post révélait une reconnaissance officielle par les Etats-Unis du survol du territoire iranien par des drones depuis avril 2003, afin de recenser les installations nucléaires et militaires, de localiser et tester les défenses anti-aériennes, de peser sur le climat politique iranien (notamment sur l’élection présidentielle).
Dans un climat de fortes pressions sur la Syrie et en réponse à ces survols, l’Iran a fourni au Hezbollah plusieurs drones de type Misrad. Le 8 novembre 2004, un Misrad 1 survolait Israël pendant vingt minutes. Le 11 avril 2005, le Hezbollah récidivait avec un second Misrad 1 au cours d’un vol de dix-huit minutes.
Le Hezbollah annonça ce second survol au moment même ou Sharon rencontrait Bush. Le journal libanais Daily Star notait ainsi que “ le drone du Hezbollah délivrait un message non seulement à Israël mais aussi à d’autres destinataires ”.
Cet autre destinataire est bien sûr les Etats-Unis, qui encerclent l’Iran grâce à leurs bases en Irak, en Afghanistan et dans d’ex-républiques soviétiques d’Asie centrale.
Le message est aussi clair pour Israël, qui voit pour la première fois depuis très longtemps sa maîtrise aérienne remise en cause — certes modestement, car l’asymétrie demeure entre d’un côté des centaines de chasseurs modernes aux mains de pilotes expérimentés et entraînés et de l’autre quelques drones. Toutefois, ces deux survols apparaissent comme une victoire psychologique, voire un outil de pression psychologique. Israël, le premier utilisateur massif de drones de l’histoire de l’aviation militaire, se trouve ainsi, tel l’arroseur arrosé, sous la menace de drones parmi les plus anciens.

Israël, Liban et territoires occupés

A la fin des années 70, l’industrie israélienne de défense réussit à développer et produire des drones fiables. Ils furent utilisés massivement lors de l’invasion du Liban par Israël en 1982.
Depuis 1982, Israël a été le principal producteur, développeur et exportateur de drones : Hunter, Searcher, Ranger, Heron, Pioneer, Scout, etc.
Malgré la haute technologie des drones, leur usage et l’interprétation des informations qu’ils fournissent ne sont pas toujours aisés. Une vive polémique s’est ainsi instaurée à la suite de la diffusion d’images vidéo prises par un drone israélien dans la bande de Gaza en 2004. Là où les militaires israéliens voyaient un groupe de terroristes transportant des roquettes, l’ONU apercevait des brancardiers transportant un brancard.
Qui plus est, Israël a une forte propension à utiliser des drones pour survoler l’espace libanais. Un rapport de l’ONU constatait dans ce sens, entre le 27 décembre 2004 et le 17 janvier 2005, 23 violations de l’espace aérien libanais dont 13 imputables à des drones !
Au demeurant, Israël et les Etats-Unis ont tous deux franchi un cap important dans l’utilisation de leurs drones en armant ceux-ci…


Les UCAV ou drones de combat

Au cours de la guerre du Vietnam, les Etats-Unis avaient déjà conçu et employé un drone armé. Mais il s’agissait avant tout d’un premier essai. Les développements technologiques récents autorisent un saut sans comparaison. Ainsi, “ les UCAV (actuel NDLR) se distinguent parce qu’ils annoncent une nouvelle tendance : l’émergence des guerres technologiques. Plus que d’un affrontement entre hommes, c’est d’un affrontement entre machines qu’il s’agit ”.
Dès 2001 naissait le Predator MQ1B, équipé de 2 missiles Hellfire (Feu de l’enfer). Depuis,, son armement a été largement étendu. Avec d’autres drones armés comme le Hunter, son emploi est double : opérations de combat et exécutions extrajudiciaires.

L’engagement de drones dans des opérations de combat

Les opérations de combat au cours desquels les drones armés sont employés relèvent essentiellement de deux types. Premièrement, il s’agit de missions de guerre électronique et de destruction de défense anti-aérienne. Le 8 novembre 2002, la revue Jane’s Defense Weekly rapportait ainsi que des sources officielles américaines reconnaissaient l’utilisation de drones armés dans le cadre des zones d’exclusion aérienne contre des radars irakiens et des défenses anti-aériennes. Les zones d’exclusion aérienne ont enfin servi de laboratoire à l’essai de drones armés de missiles air-air de type Stinger. Fin décembre 2002, un drone américain tentait d’abattre un Mig 25 irakien, sans succès. Il s’agissait là du premier combat entre un UCAV et un avion avec pilote de l’histoire de l’aviation militaire.
Le second type de missions renvoie à l’appui aérien aux troupes au sol. Le lieutenant-colonel canadien Carl Doyon notait ainsi que d’octobre à décembre 2001 le Predator avait à son actif une dizaine d’attaques air-sol dont “ l’efficacité frisait la perfection ”. Le général américain Franks, commandant OEF, déclarait pour sa part dès novembre 2001 : “ Le Predator est mon outil le plus efficace en matière de recherche – destruction des dirigeants d’Al-Qaida et des talibans —, et il est essentiel à notre capacité militaire ”.
En Irak, les mêmes recettes ont servi. Les Predator et les Hunter sont utilisés pour éliminer des groupes armés de résistants à l’occupation.


Les exécutions extrajudiciaires

Parallèlement à ces missions de combat, les drones servent pour des exécutions extrajudiciaires. La première d’entre elles à avoir fait l’objet d’une large couverture médiatique fut celle menée par la CIA le 4 novembre 2002 au Yémen contre six islamistes soupçonnés d’avoir attaqué le destroyer américain Cole, en octobre 2000. Ils furent éliminés au moyen d’un missile tiré depuis un drone Predator contrôlé à partir de Djibouti.
Mais, en matière d’exécutions extrajudiciaires au moyen de drones, Israël est le champion toutes catégories. Cette politique d’assassinats ciblés fortement contestée en son sein a conduit à l’élimination de 148 personnes, selon les autorités israéliennes, dont 29 n’étaient pas des activistes (19 % de dommages collatéraux). Selon l’organisation pacifiste israélienne B’Tselem, les civils seraient non pas 29 mais 111, soit 75 % de victimes innocentes…
Quoi qu’il en soit, les drones armés constituent un élément clé du dispositif coercitif israélien. Les officiels israéliens considèrent ainsi que “ l’usage de ces drones doit faire frissonner de peur les terroristes préparant de futurs attentats ” ; qu’Israël “ les emploie pour dissuader de nouvelles attaques. Ils fournissent des renseignements de manière continue, en temps réel sur le terrain, très en amont, de manière à apporter une réponse immédiate et forte ”. Enfin, “ les drones montrent que nous pouvons toujours intervenir [à Gaza] sans y maintenir une présence ”.

Les robots terrestres

Dès la Seconde Guerre mondiale, des robots comme le Goliath étaient en dotation dans certaines armées, avec pour fonctions le déminage et la reconnaissance. Les mêmes tendances que celles caractérisant les drones sont à l’œuvre : développement quantitatif de leur usage et armement des plates-formes qu’ils constituent.
Il apparaît ainsi que “ les interventions récentes en Irak et en Afghanistan ont démontré l’importance de la robotique comme élément démultiplicateur de force et comme élément de protection des soldats sur le terrain ”. Que se soit en Afghanistan ou en Irak, plusieurs modèles de robots terrestres sont en service : Irobot, Dragon runner, ODIS et Talon. Celui-ci fut le premier robot à intervenir en Afghanistan. D’octobre 2001 à fin 2004, plus de 20 000 missions ont été menées avec l’aide d’une centaine de Talon. Les robots de combat sont quant à eux bien moins nombreux sur le terrain puisqu’ils ne sont que 18 en Irak.

Reconnaissance, surveillance, déminage et détection NBC, mais aussi combat

C’est la firme Foster-Miller, conceptrice du Talon, qui a développé le premier robot de combat. Il s’agit en fait d’une adaptation du Talon baptisée “Special Weapons Observation Reconnaissance and Detection System ”, SWORDS, ce qui signifie en anglais “ épées ”. Il peut riposter voire attaquer grâce à diverses armes : fusils d’assaut, mitrailleuses, roquettes antichars, lance-grenades, armes non létales. La précision de son tir dépasse celle du soldat moyen.
Certes, les évolutions des UGV sont moins spectaculaires que celles enregistrées dans le domaine des drones. Cependant, il s’agit d’une “ anticipation sur ce qui va advenir prochainement ”, affirme John Pike, directeur de GlobalSecurity.org, avant d’ajouter que “ ces choses n’ont pas de famille à qui il faut écrire en cas de décès sur le théâtre des opérations. Elles sont sans peur. Vous pouvez les positionner à des endroits où il serait très difficile d’envoyer des soldats… ”. Nombreux sont donc les projets en cours.

Pour les futurs UCAV, un maître mot : l’autonomie

Ces drones de combat peuvent intervenir soit en étant contrôlés par un opérateur ou en autonomie. En 2001, le Congrès des Etats-Unis a décidé que d’ici à 2010 les drones constitueraient 30 % du total des avions américains de frappe en profondeur. Comme le note le lieutenant-colonel français Mochin, “ l’évolution vers la robotisation de la campagne aérienne semble (donc) inévitable ”.
Le X45 en est une illustration parfaite : un avion prêt à détruire immédiatement toute menace sans aucun risque pour un pilote. Lors d’une attaque en meute, les X45 déterminent eux-mêmes lequel d’entre eux est le plus à même d’éliminer la cible, du fait de sa proximité avec elle, de ses réserves en carburant et de son stock d’armes.

Des robots pour accroître les effectifs de l’US Army

Le Future Combat System américain prévoit également qu’à partir de 2010 l’armée américaine disposera de 1 663 robots dont 1 200 “ Multifonctional Utility Logistics and Equipment Vehicle ” (MULE), emportant une tonne d’armes, de senseurs, de munitions, de vivres ou de minidrones.
Mais, là encore, Israël apparaît comme l’Etat le plus à la pointe du progrès technologique avec le Gardium, qui peut intervenir à l’encontre d’éléments suspects pénétrant un périmètre donné et les retenir jusqu’à ce qu’une patrouille humaine arrive. Il peut également être utilisé pour éliminer une menace. Sa vitesse est de 80 kilomètres/heure et il peut être équipé, outre de divers senseurs, d’armes létales ou non létales. Ses patrouilles peuvent être préplanifiées, l’opérateur humain n’intervenant alors qu’en cas d’incident. Il s’inscrit, au demeurant, dans un projet plus global de “ frontière électroniquement gardée ” par un ensemble de drones et de robots. Selon des officiels israéliens, les “ terroristes ” pourront ainsi être éliminés de manière automatique. Après une identification électronique d’individus comme des éléments hostiles, le système proposera lui-même à l’opérateur humain de sélectionner le vecteur (UGV ou drone) le plus approprié, de par sa position ou son armement, pour supprimer ces éléments.

Des applications pour maintenir l’ordre

Drones et robots constituent des plates-formes de senseurs, d’armes létales ou non létales dont de nombreuses applications peuvent servir dans le domaine du maintien de l’ordre. Certains robots trouvent d’ailleurs leur origine dans ces missions. Le drone de 4.5 kilogrammes produit par Tecknisolar en est un exemple. Dirigeant de cette société, Pascal Barguidjian, déclare ainsi : “ Cet équipement est particulièrement adapté au survol de manifestations rassemblant plusieurs milliers de personnes. En cas de débordement, il peut identifier rapidement, grâce à sa caméra embarquée, les émeutiers et les immobiliser en projetant du gaz ”…


La robotisation favorise un recours plus fréquent à la violence

Plusieurs éléments laissent à penser que la robotisation favorise un recours plus fréquent à la violence.
Le faible coût théorique du drone est un premier argument : “ sur le plan économique, un UCAV réutilisable est moins coûteux à long terme qu’un missile de croisière à 1million de dollars pièce servant une seule fois ” . De plus, comme le souligne le général Henry “ Hap ” Arnold, “ Pour le prix d’un B17 larguant une bombe unique de 2,7 tonnes, nous pouvons envoyer 500 petits UCAV au-dessus du territoire ennemi ; chacun emportant avec lui 360 kilogrammes d’explosif (soit 180 tonnes) ”.
Un second argument réside dans l’absence d’équipage, qui permet de réduire le volume du véhicule et d’accroître ses performances.
Enfin, en cas de perte, personne ne pleurera la mort du drone, et il n’y aura pas de pilotes à exhiber devant les caméras. Pas de frais de formation, ni de paie, ni de retraite, ni de famille, et encore moins de cercueil à montrer aux journaux télévisés, ni même de pitié : le drone et le robot ont des qualités bien supérieures aux humains dans la perspective d’un recours plus fréquent à la violence.
De par ces considérations, ils constituent des multiplicateurs de puissance destinés à gagner des guerres, selon l’UEO. Dit autrement, “ les UCAV fournissent à notre politique de leadership diplomatique un moyen militaire supplémentaire permettant de ne pas risquer des vies américaines ”. De même pour le lieutenant-colonel Vandendorpe : “ Les systèmes de drones deviendront assurément un outil privilégié des responsables politico-militaires pour les conflits du xxie siècle” . Il y a donc consensus dans les milieux militaires autour de l’idée suivante : “ Si des vies et de l’argent sont économisés, avec un accroissement réel de l’efficacité des missions menées, alors les véhicules sans pilote deviendront un outil essentiel dans la conduite des guerres ”.
L’usage des drones contribuera à renforcer cette “ domination aérienne [qui] donne aux Etats-Unis un avantage asymétrique sur n’importe quelle nation du monde ”. Or, nous savons ce qu’en font les Etats-Unis… S’ils obtiennent davantage de suprématie militaire à moindre coût et à moindre vie américaine, ils ne feront que davantage usage de la coercition. Comme l’affirmait Montesquieu, “ un empire fondé par les armes a besoin de se soutenir par les armes ”.

Karim

Répondre à cet article


Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP | squelette