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Italie

Vers un automne chaud ?

De la vallée aux métropoles, pour un automne des luttes

dimanche 28 juillet 2013, par WXYZ


L’automne 2013 sera-t-il « chaud » en Italie ? C’est en tout cas ce que veulent et espèrent un certain nombre de mouvements, de collectifs, de réseaux militants – d’orientations et références politiques très diverses par ailleurs – qui ont pour principal point commun de s’opposer aux politiques du capital, d’austérité, de misère, de dépossession et de saccage. Avec comme autre point commun, l’usage de l’action directe si nécessaire, l’absence de scrupule à sortir des clous de la légalité dans les pratiques de lutte, que ce soit dans les piquets de grève, les occupations d’immeubles, les blocages de chantier et les sabotages.

Nous publions ci-dessous le communiqué issu des deux journées de rencontre et discussion sous forme d’assemblée qui se sont tenues au camping Notav de Venaus les 20 et 21 juillet 2013 entre principalement le mouvement contre la grande vitesse et un mouvement sur le droit au logement et l’occupation des maisons et des lieux pour habiter la ville, pour “habiter dans la crise”.
Puis, quelques documents récents, issus soit des syndicats de base, soit de réseaux du “précariat intellectuel”, soit d’un ensemble de mouvements pour la défense du territoire et des “biens communs”.

Avec différents appels, on s’achemine vers une semaine de lutte du 12 au 19 octobre prochain, moment de confluence entre diverses réalités et dynamiques, marqué par des temps forts et de échéances thématiques diversifiées : territoire, biens communs, austérité, revenu, travail précaire, logement/luttes urbaines.


De la vallée aux métropoles, pour un automne des luttes

<img2366|left>Mouvements de la lutte pour le logement et le droit d’habiter, centres sociaux et espaces occupés, collectifs d’étudiants et de précaires, militants du mouvement No TAV et d’autres luttes pour la défense du territoire, nous nous sommes rencontrés au camping de lutte de Venaus – entre charges dans les bois et moments de lutte et de partage – pour construire un parcours commun qui regarde en avant, vers un automne de luttes dont toutes et tous nous partageons l’urgence.

Nous avons identifié la date du 19 octobre (déjà indiquée par les deux journées sur le droit d’habiter de Porto Fluviale) comme une opportunité pour vérifier ce parcours de lutte et en relier de nombreux autres. Une journée où assiéger les ministères qui traduisent les directives de la troïka dans des lois et des décrets qui détruisent nos vies. Un point de départ, donc, et pas d’arrivée. Pas une échéance mais un processus en construction, à articuler entre les différents territoires d’où nous provenons.

Nous recueillons la proposition issue des rencontres qui ont eu lieu au camping de Monte Amiata d’une mobilisation diffuse sur le territoire à l’occasion du 12 octobre sur le thème du colonialisme sur les territoires, nous attendons la confirmation d’une journée de mobilisation du Hub Meeting de Barcelone le 15 octobre et nous nous engageons dans la construction d’initiatives territoriales de sensibilisation, en soutenant la grève du syndicalisme conflictuel et de base du 18 octobre. Non pas une date, mais une semaine de mobilisation.

Une réflexion commune a montré une nécessité qui est aussi un souhait : nous avons besoin d’un saut qualitatif dans la conduite des mouvements, on ne peut pas continuer à mener des bataillés divisées qui s’épuisent dans leur propre cycle physiologique ou dans la séparation de leur spécificité, lorsque le commandement qui gouverne d’en haut impose chaque jour de nouvelles mesures d’austérité décidées par les financiers à des pays entiers. Lutter contre le TAV n’est pas différent d’occuper un immeuble pour donner un toit à ceux qui n’en ont pas, de se défendre contre une expulsion, de se battre pour un revenu décent pour tou-te-s, de défendre les services essentiels aux personnes ou de soutenir activement les luttes qui se produisent dans les lieux de travail.

Le thème de la réappropriation a émergé avec force comme le corollaire nécessaire à la défense des territoires contre la valorisation capitaliste. Les mots d’ordre du type « Je ne paie pas ! » et « Occupons tout ! », nous les prenons comme méthode et programme d’action dans le quotidien de nos parcours de lutte. Des batailles qu’il faut commencer à proposer et à mener au sein de la composition sociale fluide des nouveaux pauvres qui voit de plus en plus de similitudes dans les conditions de vie et les besoins des précaires, des immigrants, des étudiants sans-domicile, les ouvriers et les classes moyennes. En reprenant les maisons dont nous avons besoin pour vivre, en auto-réduisant les factures du gaz, de l’eau et de l’électricité, pour commencer à réduire le chantage à un travail salarié de plus en plus réduit et contraint dans une compétition vers le bas.

Sur tous ces thèmes, dans la construction de cette semaine de mobilisations, vers et au-delà du 19 octobre, nous invitons tous les sujets, les collectifs et les singularités dont nous n’avons pas encore eu le moyen ou l’opportunité de rencontrer, à nous rejoindre et à échanger avec nous, ouverts à la discussion et à la confrontation, avec toutefois le discriminant précis de maintenir l’indépendance et l’autonomie d’un parcours de lutte qui se veut détaché des intérêts des partis et de la représentation institutionnelle. Nous nous engageons donc dès maintenant à construire des moments d’assemblée et d’organisation dans les différents territoires d’où nous provenons et une journée d’assemblée générale à Rome dans la deuxième moitié de septembre.

Assemblée ‟De la vallée aux métropoles”
Venaus, camping de lutte Notav, 20-21 juillet 2013

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Une convergence de mouvements et de rébellions


Vers un automne chaud ?

Ce communiqué fait référence à quatre dates rapprochées pendant la 3ème semaine d’octobre. Il s’agit de 4 initiatives distinctes, provenant d’aires politico-sociales assez différentes et éloignées les unes des autres dans les thématiques, les propositions ou même la simple expérience de lutte : une rencontre de mouvements sociaux et environnementalistes de défense du territoire (12 octobre), les mouvances du « précariat intellectuel » ‟indigné” (semaine du 15 octobre), le syndicalisme de base (le vendredi 18 octobre), un réseau de collectifs et d’expériences de luttes urbaines et d’occupation de logements (le samedi 19 octobre).
Ces dates ont été décidées ou confirmée au cours du mois de juillet.

Il s’agit bien d’une semaine de mobilisations diversifiées, contre l’austérité, la défense des territoires et des biens communs, les attaques aux conditions d’existence par des pratiques de réappropriation et de résistance collective dans les lieux de travail (en particulier dans le secteur de la logistique commerciale en ce moment), sur le territoire, qu’il soit métropolitain ou rural, montagnard, côtier…

La principale indication de ce qui apparait à ce stade est que, malgré toutes les difficultés, oppositions et contradictions internes à tous les réseaux et milieux militants, il y a manifestement une volonté plus forte de se rejoindre, de construire des ponts, des moments d’unité et de s’avancer comme une force collective multiforme d’opposition au régime de la dette, de l’austérité qui est aussi celui du développement capitaliste (et ses emplois promis) pour saccager les territoires avec l’objectif de générer des profits. Ainsi cet été, il y a eu lors du camping NoTav des rencontres/débats sur des thèmes assez divers : les luttes pour la défense du territoire, sur le logement, le droit à la ville et la réappropriation des espaces et du revenu, sur la question des médias et aussi avec des travailleurs du secteur de la logistique, qui est celui qui s’est le plus mobilisé au cours des 12 derniers mois, en dehors du syndicalisme officiel cela va sans dire.

Ce dont il s’agit, c’est d’une force politico-sociale autonome en construction, à l’ébauche sans doute encore, mais avec déjà quelques expériences partagées au cours de ces dernières années et dont les luttes s’inscrivant dans le temps long, comme celle du Val Susa (une vingtaine d’années) et un espace physique et humain déterminé ont permis d’assurer une continuité, d’exister comme une référence en termes de combattivité, de solidarité et d’insubordination. Comme pôle de connexion et d’agrégation, favorisant la production politique de formes et de contenus nouveaux, créant et offrant des moyens d’agir et de penser à plusieurs, collectivement, suscitant des possibilités et des volontés d’échanger sur des objectifs de lutte, des analyses de fond, des hypothèses stratégiques et sur les manières d’articuler ces différents niveaux.
Tout cela alors que, simultanément, les partis de la vieille politique s’effondraient dans la corruption et le rejet qui frappe la vie institutionnelle et que, du côté des secteurs en lutte, les ‟avant-gardes” politiques (les partis et groupes situés à la gauche de l’ex-PCI) qui naviguaient dans leurs eaux, en se désagrégeant les unes après les autres, en n’ayant plus d’autre choix que de courir derrière les mouvements, ont montré qu’elles n’avaient progressivement plus aucune signification ou utilité dans la nouvelle conjoncture : parce que le développement qualitatif de certains mouvements de résistance leur ont permis de conquérir leur propre autonomie politique, de quitter cette position subordonnée et subalterne dans laquelle les diverses centralités et verticalités politiques (qu’elles soient “programmatique” / synthétisante ou de représentation / médiation dans le champ institutionnel) cherchent à les maintenir, à les confiner et à en tirer profit.

Ce qui est en jeu, c’est une nouvelle composition sociale qui se forme en identifiant et en s’affrontant à une chaîne de cohérence entre les niveaux d’exploitation exigés dans les entreprises et le marché du travail, les attaques sur le revenu indirect, la santé, l’école, l’habitat, et la logique productive du capital qui dépossède, saccage et détruit la santé et des vies pour le profit de quelques-uns.

Octobre 2013 peut donc représenter un moment fort dans ce processus, d’autant que d’ici là, d’autres réalités organisées, d’autres mouvements et collectifs devraient s’agréger à cette semaine de lutte.
A suivre…

XYZ, le 25 juillet 2013

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Samedi 12 octobre :


Début d'un « automne chaud » pour la défense du territoire et des biens communs

<img2369|left>Du 10 au 14 juillet, pendant 4 jours, des rencontres ont eu lieu à Monte Amiata (dans les Apennins, au sud de la Toscane), lieu d’une bataille contre un projet d’exploitation géothermique de ce volcan éteint, entre plusieurs dizaines de mouvements et de comités « avec l’objectif, et l’ambition, pas seulement de se confronter, mais de déterminer des axes de travail commun et à travers eux de construire un ‟levier” capable de peser sur la gestion des territoires, sur la protection des droits, sur la transition vers un autre modèle économique et social » (A Sud, asud.net).

Parmi les organisateurs, des mouvements et associations de défense de l’eau (issus de la campagne pour le référendum victorieux de 2011 contre la privatisation), sur l’énergie (Stop ENEL, « pour un nouveau modèle énergétique »), SOS Géothermie, le Forum contre les Grands Travaux Inutiles et Imposés… et des mouvements plus locaux comme celui qui se bat contre la visite des paquebots hôtels flottants dans la lagune de Venise ou la construction d’un incinérateur à côté de Florence ou à Parme… et bien sûr le mouvement NoTav. Beaucoup de rencontres thématiques (le mensonge de l’économie verte, la gestion de l’eau, la défense du territoire…), de remontées d’expériences locales avec la perspective de trouver un « levier collectif pour nous soulever contre ces impositions qui mettent en pièces nos vies et nos territoires ».

La rencontre sur ‟biens communs et nouveaux droits” a été celle qui a vu la plus forte participation, avec de nombreuses interventions et témoignages venus de toute l’Italie, « des luttes diverses par la spécificité et les thématiques » mais unies « par une même dynamique d’agression aux territoires, de marchandisation des ressources, des biens communs, de la santé et des droits, le mépris de la souveraineté de la communauté sur son propre territoire », d’où il est ressorti la volonté de préciser des axes et de concentrer un effort particulier cet automne sur deux points :

  • la place centrale de la financiarisation de l’économie dans le procès de financiarisation/valorisation des ressources, des sols, de l’eau, des biens communs, de la santé et de la vie, et comment s’y opposer… ;
  • le rôle fédérateur du thème de la santé qui a tendance à « unifier en pratique toutes les luttes territoriales que ce soit celles contre les installations polluantes (Tarente, Civitavecchia….), l’élimination des déchets, la construction de mégas-infrastructures, l’extraction d’hydrocarbures (pétrole et gaz) et autres projets d’approvisionnement énergétique ».

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A ce sujet, il a été évoqué la nécessité pour les associations et les mouvements de lutte, de se doter « d’outils épidémiologique légaux d’autoprotection des communautés grâce à l’implication de compétences spécifiques (médecins épidémiologistes, l’ISDE – société internationale des médecins pour l’environnement –, Medecina democratica, collectifs d’avocats, etc.) » et d’élever le niveau de mobilisation sur ce thème.

Plusieurs points thématiques :

  • lutte pour la souveraineté alimentaire et l’agriculture paysanne, et notamment le soutien au réseau Genuino Clandestino (“authentique clandestin”), de petits agriculteurs qui auto-organisent des marchés bio sauvages (sans patente) avec l’aide de guetteurs, qui pratiquent l’auto-certification (en se passant donc du contrôle bureaucratique des organismes officiels de labélisation) et organisent même des descentes en camionnettes dans les quartiers populaires pour écouler leurs produits après annonces faites par le bouche à oreille… Autre soutien affirmé : la participation à la campagne ‟Terre Bien Commun” contre la vente des terrains domaniaux agricoles de l’État et la disparition des parcs nationaux (une douzaine sont menacés à court terme par les infrastructures routières, l’urbanisation, les prospections pétrolières, les bases militaires…) et pour la protection communautaire des biens communs.
  • une campagne contre le « Fracking », la fracturation hydraulique, utilisé dans l’exploitation, des gaz de schiste, alors que des projets d’exploitation sont toujours en cours dans le pays.
  • participation à la campagne pour « l’amnistie des luttes sociales » (lancée par l’Observatoire de la répression) « pour donner réponse unitaire à tant de cas de stigmatisation, répression et criminalisation de la protestation sociale en acte dans tout le pays ».

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Dans son agenda d’automne (chaud), cette rencontre a décidé « une mobilisation diffuse sur le territoire à l’occasion du 12 octobre (découverte de l’Amérique) sur le thème du colonialisme dans les territoires, en concomitance avec la caravane internationale du réseau Stop-ENEL(*) en Colombie [contre le Quimbo, un projet de barrage], une journée d’action sur le droit d’habiter et l’utilisation des terres à Rome le 19 octobre, la manifestation du droit à la santé / StopBiocidio prévue en novembre à Naples comme point d’un combat national sur le droit à la santé ».

Le 12 octobre donc avec aussi un appel à la mobilisation pour le logement une semaine plus tard, le 19 octobre, à l’initiative du réseau Abitare nella Crisi (Habiter dans la Crise), voir plus bas.

___

NdT
ENEL est la principale entreprise de production d’énergie d’Italie. Depuis l’acquisition d’Endesa (espagnole), elle est devenue la seconde en Europe, avec de gros intérêts en Amérique latine, dans le pétrole et les projets de barrages hydrauliques... qui rencontrent de fortes oppositions de la Patagonie chilienne à la Colombie.


Semaine du 15 octobre :

le ‟Hub Meeting” pour la « grève sociale »

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Le Hub Meeting est un réseau informel de la mouvance ‟indignée”, assez influencé par les thèses de Negri (processus constituant pour une citoyenneté universelle à partir de la composition sociale du travail de la connaissance et de l’information…), un réseau surtout présent en Italie et en Espagne. Ils appellent à une « grève sociale » dans le cadre de « la semaine de lutte contre la dette et l’austérité du 15 octobre ».

Hub Meeting, 2e round - 13/15 septembre, Barcelone

Cette année, en Turquie, en Egypte et au Brésil, la grève métropolitaine a été l’outil avec lequel de nombreuses personnes qui demandent de nouveaux droits et une démocratie réelle ont réaffirmé leur présence au niveau mondial. Nous aimerions que le 15 octobre 2013 soit un territoire habité et partagé par beaucoup d’hommes et de femmes, construit collectivement une fois définies les propositions pour attaquer la corruption et le capitalisme financier, pas seulement de manière symbolique, mais matériellement par des pratiques concrètes. Nous pensons que cela ne peut se faire qu’au travers de la rencontre et du débat entre les multiples réseaux, mouvements et processus sociaux qui, dans ce cycle commun de luttes, défient l’arrogance du pouvoir financier. Ainsi, nous vous proposons de construire ensemble des journées de rencontres pour travailler à la mise en œuvre de nouvelles formes de protestation sociale dans la semaine de lutte contre la dette et l’austérité du 15 octobre. Nous vous invitons à préparer avec nous ces journées que seront la 4e édition du Hub Meeting.

Objectif :
Travailler à la construction de la grève sociale pour la semaine du 15-O 2013, où la « grève sociale » signifie une grève généralisée en dehors du cadre travailliste traditionnel des syndicats officiels, etc.

Le nouveau paradigme de l’expropriation des richesses communes, basée sur le processus de financiarisation de l’économie et la limitation dans l’accès à la connaissance / information exige de nouvelles formes d’actions antagonistes. L’action doit affecter les flux et les processus de ce qui créé de la valeur pour frapper l’ennemi. Le blocage de l’activité, des écoles, des universités, des transports, etc., peut être un point de départ pour la construction de nouvelles institutions au-delà du marché du travail, pour une citoyenneté universelle.

En outre, les personnes qui vivent dans le précariat, les migrants sans-papiers, les retraités, les étudiants, les chômeurs, les stagiaires... sont des groupes en soi, et sont précisément les personnes les plus touchées dans leurs conditions matérielles d’existence qui ne peuvent pas participer aux grèves ordinaires. Nous devons être capables de penser des formes d’actions et de mobilisation inclusives et ouvertes qui promeuvent l’empowerment [ndt, émancipation, autonomisation, accroissement du pouvoir d’agir] et la participation à l’intérieur de celles-ci.

Cette rencontre servira à organiser des actions reproductibles dans des lieux différents et à partager des mécanismes et des méthodes pour créer des actions, y participer et les diffuser, en tenant compte des spécificités de chaque territoire. Il s’agit de construire un nouveau type d’imaginaire pour définir de nouvelles relations humaines, économiques et sociales qui aident à la transformation des relations de pouvoir entre les gouvernements, les pouvoirs financiers et la société. Avec amour.

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Le 18 octobre :


Grève générale à l'appel des syndicats conflictuels/de base

Les syndicats de base/conflictuels d’Italie (Confederazione Unione Sindacale di Base, USB ; Confederazione dei Comitati di Base, Cobas ; Confederazione Unitaria di Base, CUB) viennent d’appeler (le 15/07) à une « grève générale de toutes les catégories du public et du privé pour toute la journée du 18 octobre ». Contre le gouvernement et, de fait aussi, contre les trois ‟grandes” confédérations (UIL-CISL-CGIL) qui monopolisent les sphères de la représentation syndicale et s’appliquent particulièrement dans la défense de la paix sociale en approuvant les pires mesures de ces dernières décennies.

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A noter que cette décision des “petits” syndicats de prendre une initiative autonome, d’appeler à une grève générale de 24h, indépendamment des grandes confédérations du système, est une première en Europe, mise à part le Pays basque sud.

Appel à la grève générale du 18 octobre 2013 par les syndicats de base

L’automne s’approche, l’automne sera chaud.
Contre les politiques d’austérité, pour le renouvellement des conventions collectives, l’augmentation des salaires et des retraites, les syndicats conflictuels (Usb, Cobas, Cub) appellent à la grève générale le 18 octobre.

L’expansion de la flexibilité, annoncée par le gouvernement avec l’alibi de l’Expo 2015, en conjonction avec la reprogrammation des fonds européens ont pour objectif d’augmenter la possibilité de chantage sur les travailleurs et la liberté d’agir des entreprises. La pression fiscale, surtout faite par les autorités locales, est arrivée au-delà de toutes les limites et a placé l’Italie à la première place de l’Europe pour les niveaux d’imposition directe et indirecte.

Le gouvernement soutenu par le président Napolitano confirme l’achat de F35, de très couteux avions de guerre chasseurs-bombardiers, tandis qu’il soustrait des rivières d’argent à l’école, à la recherche, à la santé publique, à la sécurité sociale.

Le niveau du chômage ne va pas descendre, ni celui des jeunes ni celui de l’ensemble et vont croitre l’indignation et le désir de révolte.

Contre ces politiques, la Confédération USB, la Confédération Cobas et la CUB proclament une grève générale de toutes les catégories du public et du privé pour l’ensemble de la journée du 18 octobre 2013.
La grève générale est appelée : pour le renouvellement des conventions collectives, l’augmentation des salaires et des retraites et la réduction du temps de travail ; contre les politiques d’austérité en Italie et en Europe et contre le gouvernement italien de large coalition qui conduit ces politiques ; pour l’école et l’éducation publique, pour la santé et les biens communs publics, pour la construction d’un modèle social et environnemental différent, ; pour la nationalisation des entreprises en difficulté ou d’intérêt stratégique pour le pays ; pour le droit à une véritable démocratie fondée sur la participation, qui refuse les pouvoirs autoritaires dans les lieux de travail et pour une législation démocratique sur les droits des travailleurs et la représentation syndicale.

USB – Cobas – CUB, le 15 juillet 2013



Le 19 octobre (et au-delà) :


Manifestation nationale pour le logement, l'habitat, le revenu…


réseau Abitare nella crisi

Abitare nella crisi : Habiter/vivre dans la crise

Comme en français, habiter veut dire à la fois être logé et vivre quelque part. C’est sur cette double signification que ces mouvements se battent. Pour le logement mais aussi pour habiter la ville, pour vivre dans la métropole et sur le territoire, avec tous les besoins qui vont au-delà d’avoir un toit sur la tête et quatre murs autour de soi.
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« Habiter dans la crise est un réseau qui depuis 4 ans maintient ouvert un espace public de débat et d’approfondissement, de partage et de mise en commun des résistances, des pratiques et des parcours de lutte indépendants qui se nouent dans les villes et sur les territoires.
Habiter dans la crise agit pour le droit à l’habitat comme exercice d’une nouvelle souveraineté sociale sur le terrain à travers des formes des réappropriations, contre la précarité et la rente, en pratiquant le droit au logement et au revenu. »
(vu sur leur site Internet, abitarenellacrisi.org/wordpress/)

Ils se battent principalement sur la résistance aux expulsions et l’occupation de bâtiments et appartements vides en faisant se rencontrer des personnes sans maison avec des maisons sans personnes. Á Rome, le mouvement a commencé à prendre une réelle ampleur à partir de l’hiver dernier.
Une réunion a eu lieu les 1er et 2 juin 2013 à Rome, dans une ancienne caserne occupée située rue de Porto Fluviale, à laquelle ont participé plusieurs centaines de personnes venues de Turin, Milan, Bergame, Crémone, Bologne, Viareggio, Florence, Naples, Cosenza… en plus des Romains.

Le thème était les luttes sur le logement et le revenu.
Les divers interventions ont constaté « un cadre de contradiction sociales croissantes » : « le prix de la crise économique n’est payé que par les secteurs sociaux subordonnés, la croissance du chômage et de la précarité, de plus en plus de gens n’arrivent pas à la fin du mois. Dans ce contexte, la contradiction explose partout avec des loyers et des prêts hypothécaires qui deviennent tout simplement inaccessibles pour de larges segments de la population, avec l’augmentation exponentielle conséquente des saisies et des expulsions, avec l’émergence du phénomène des logements d’urgence, non seulement dans les grandes villes mais aussi dans les petits centres urbains dans les provinces » (abitarenellacrisi.org/wordpress/)
.

Cependant, avec ces contradictions sociales croissantes, surgissent « dans tous les coins du pays, de nouvelles formes d’agrégation, de réciprocité [mutualité], d’auto-organisation », depuis les luttes contre les saisies et les expulsions jusqu’à des occupations collectives « de bâtiments publics et privés », en tant que réappropriation d’une « partie du revenu et de la vie dont nous sommes volés collectivement ». Et, note le compte-rendu de cette rencontre, « l’occupation devient en même temps un territoire d’expérimentation et de construction d’un modèle ‟autre” de relations sociales et humaines ».
A cela s’ajoute la disparition des espaces de médiation sociale du fait des politiques de diktats de la gouvernance européenne ne laissant aucune marge de manœuvre et obéissant aux intérêts du secteur financier « et des lobbies privés ».
« À partir de ces considérations, nous avons essayé d’analyser et de comprendre comment renforcer l’impact national des luttes en cours et en même temps quelles initiatives communes et quels processus pourraient renforcer le travail et les conflits territoriaux. Il a été convenu que la voie à emprunter ne peut pas être liée à un développement ‟sectoriel” de la lutte pour le logement ni à la croissance d’un mouvement de caractère simplement revendicatif ».
A partir de ces bilans, « on a convenu unanimement de relancer un processus plus général et généralisé du conflit social, en relançant la lutte sur le logement [l’habitat] et en même temps, en se déplaçant vers l’expérimentation de nouvelles pratiques de conflit et de réappropriation ».

C’est là qu’a été lancée l’initiative d’une manifestation nationale le samedi 19 octobre pour le logement et le revenu, avec des échéances de rencontres et de préparation intermédiaires dans différentes villes ainsi qu’au camping NoTav du mois de juillet.

Vers et au-delà du 19 octobre 2013
Des maisons et un revenu pour tous et toutes

Pas seulement. Une Splendide Journée ! Maisons et revenu pour toutes/tous, un slogan qui maintenant passe de bouche en bouche, de ville en ville, et résonne dans tout le pays en alimentant des processus d’auto-organisation sociale et de nouvelles luttes.

Des luttes qui s’opposent aux licenciements diffus et de masse. Des luttes pour reconquérir des droits contre un travail toujours plus exploité et précarisé. Des luttes pour le droit au logement et à l’habitat, à travers lesquelles soit on s’oppose au ruissellement quotidien des expulsions et des saisies, soit on reconquiert directement la maison dans laquelle vivre et avec elle une partie du revenu et de la vie dont nous sommes toujours plus volés. Des luttes qui doivent croître partout comme un virus conflictuel, qui doivent se rencontrer pour mettre au centre l’idée et la matérialité d’une transformation radicale de l’existant. Les deux journées nationales de ‟Habiter dans la Crise” qui se sont déroulées près de l’ex-caserne de Porto Fluviale, à Rome les 1er et 2 juin dernier, dans le sillage du « Tsunami Tour pour le Droit d’Habiter » et de tant de luttes diffuses sur le territoire national ont tracé, sur ce terrain, une voie claire aussi bien dans les contenus que dans les objectifs.

Construire une grande manifestation nationale le 19 octobre, en arrivant en cortège pour assiéger les ministères de l’Économie, des Infrastructures et la Caisse des dépôts et des consignations, pour mettre en discussion les politiques d’austérité imposées aujourd’hui par un « governissimo » qui représente l’ultime tentative d’une classe politique corrompue et subalterne aux pouvoirs forts(*), de se perpétuer elle-même ainsi que les politiques néolibérales qui ont déjà ravagé le pays et la planète.

Construire la manifestation du 19 octobre ni comme témoignage, ni comme un événement qui serait en soi sa seule finalité. Donc arriver à la manifestation, non pas à travers une simple addition algébrique d’organisations et de subjectivités, mais à travers un processus ouvert et pluriel de mouvement et de conflit. Un Tsunami national des luttes pour le droit au logement et le droit d’habiter, des luttes contre la précarité et pour les droits, des luttes contre les grands travaux et la dévastation pour le profit au détriment de nos territoires.

Un Tsunami, surtout des réappropriations. Réappropriations de territoires, d’espaces, de biens communs. Réappropriations de maisons. Réappropriations de revenu à travers des nouvelles pratiques de conflit qui placent au centre la question des quittances, du ticket modérateur des soins médicaux, du prix des cantines et des résidences universitaires contre la sélection et le démantèlement progressif de l’université et de l’éducation publique. Du reste, beaucoup de ces initiatives sont déjà réalisées et beaucoup d’autres sont déjà programmées sur le territoire national. Même ici à Rome nous sommes repartis avec l’occupation de l’ACEA [bâtiment abandonné de la grande entreprise italienne fournissant l’eau et l’électricité] et les initiatives de lutte contre les expulsions et les saisies et nous ne nous arrêterons certainement pas maintenant.

Une composition sociale inédite, métisse, rebelle, incompatible est maintenant en mouvement : rien ni personne ne pourra l’arrêter.

C’est un cri unique et puisant : Reprenons la Ville ! Reprenons Tout !

Vendredi 21 juin
Assemblée de ville
(près de l’occupation résidentielle du Viale delle Province **)

‟Tsunami Tour” pour le Droit d’Habiter



NdT :
(**) Viale delle Province : ce ‟boulevard des Provinces” est une artère de Rome où se trouve un bâtiment abandonné de l’INPS, la principale caisse de sécurité sociale et de retraite du pays. Cet édifice a été occupé au début de l’hiver dernier, le 6 décembre 2012, au cours d’une manifestation “pour reprendre la ville” par le BPM (Bloc des Précaires Métropolitains). Dans la même journée, au moins 7 immeubles (dont un ex-hôtel 4 étoiles, une ex-clinique, deux immeubles de bureaux) et plusieurs appartements ont été occupés simultanément par les mêmes et d’autres mouvements comme le Coordinamento Cittadino di Lotta per la casa et des assemblées étudiantes pour loger en urgence des centaines de personnes sans-toit.
(*) Les poteri forti, ‟pouvoirs forts”, est un terme utilisé couramment en Italie pour désigner l’alliance des grands industriels, des banquiers et de l’Église catholique, en somme les pouvoirs et élites traditionnels, stables et ‟occultes” qui, en particulier, contrôlent la presse et les médias, font et défont les majorités politiques qui, d’une manière ou d’une autre, doivent leur obéir.

Traductions et mise en forme : XYZ / OCLibertaire

Le 27 juillet 2013


Sources :
http://www.notav.info/post/dalla-va...
http://asud.net/
http://campeggioamiata.noblogs.org/
http://hubmeeting20a.wordpress.com/
http://www.usb.it/
http://www.cobas.it/
http://www.abitarenellacrisi.org/wo...

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