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[Grèce en lutte]

Libération immédiate de Kostas Sakkas ! Mise à jour 12/07 : Kostas libéré !

31 mois de détention sans procès, 5 semaines en grève de la faim

jeudi 11 juillet 2013, par WXYZ


Kostas Sakkas est emprisonné sans procès depuis son arrestation le 4 décembre 2010.

La grève de la faim entamée en prison par Kostas Sakkas le 4 juin 2013 n’a pas encore arraché des autorités judiciaires qu’elles appliquent leurs propres lois mais a réussi à rendre publique la question des procès iniques, des détentions arbitraires et des mesures et procédures d’exception devenues la norme de fait du "laboratoire grec".

Kostas Sakkas, âgé maintenant de 29 ans, a été arrêté à Athènes avec cinq autres personnes à la sortie d’un local loué qui contenait des armes. Il a été inculpé pour possession illégale d’armes et participation à un groupe terroriste non identifié. Par la suite, en avril 2011, un chef d’accusation supplémentaire a été ajouté, pour participation au groupe connu sous le nom de "Conspiration des cellules de feu" (CCF), bien que son nom ne soit pas mentionné dans l’acte d’accusation du procès qui a déjà eu lieu en 2011 et des autres procédures en cours pour les activités spécifiques de cette organisation.

Ces chefs d’accusation lui ont valu une période de détention provisoire de 18 mois, qui est le maximum légal en Grèce.
Kostas Sakkas se revendique comme anarchiste mais nie toute appartenance au groupe CCF, ce que ce dernier groupe a confirmé de son côté.
Cependant, en avril 2012, deux mois avant l’expiration de cette période de détention provisoire, et avant même que son procès ne commence, il a été de nouveau inculpé sous le même chef d’accusation, pour participation aux 160 actions de la "Conspiration des cellules de feu", et une nouvelle période de détention d’un an lui a été imposée, portant le total à 30 mois. Ses avocats ont contesté la légalité d’une nouvelle inculpation sous le même chef d’accusation, mais sans effet.
Le procès pour cette nouvelle inculpation n’a même pas commencé, mais le Conseil des magistrats de la Cour d’Appel a décidé récemment de prolonger cette période de détention provisoire de 6 mois, en contradiction avec le Code pénal qui stipule clairement qu’une seconde période de détention provisoire ne peut durer plus d’un an, soit un total maximal de 30 mois, durée qui s’achève le 3 juin 2013. Sakkas, qui a entamé sa grève de la faim le lendemain, risque donc de passer en tout trois ans en prison sans procès, malgré le fait que cette décision viole explicitement la loi grecque, la Constitution grecque et la Convention européenne des droits de l’Homme.

Sakkas a entamé une grève de la faim le 4 juin, afin d’exiger sa libération et de protester contre la dernière prolongation de sa période de détention. Sa santé se dégrade rapidement et il a été transféré à l’Hôpital général de Nikaia.

Le 25 juin, la Cour d’appel a rejeté sa demande de libération.
Sakkas a passé près de 31 mois en prison sans qu’aucun jugement n’ait eu lieu ni qu’une date de procès ait été fixée.

Diverses campagnes d’information, de dénonciation et de solidarité ont été organisées ces dernières semaines sur les médias sociaux, dans la rue, pour demander la libération de Sakkas.

Ses avocats ont tenu une conférence de presse jeudi 27 juin pour expliquer son cas, et une manifestation de soutien était appelée dans le centre d’Athènes le samedi 29 juin.

Le gouvernement grec a une nouvelle fois enfreint ses propres lois et sa constitution sans même chercher à sauver les apparences.

Le samedi 29 juin, dans le cadre de la Journée internationale d’actions de solidarité avec Sakkas, un rassemblement suivi d’une marche à Athènes a rassemblé environ 6.000 personnes. A noter qu’avant le début de la manifestation, trois militants fascistes ont été frappés en deux points différents du centre d’Athènes. L’un d’eux est un officier de l’armée et membre du groupe néo-nazi Aube Dorée comme l’indique les papiers et le carnet d’adhérent qui lui ont été trouvés sur lui et subtilisés.

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Depuis cette manifestation relativement massive, la campagne de solidarité a commencé à sortir de la confidentialité, à mobiliser azu delà du mouvement antagonique/anti-autoritaire.

Le parti d’opposition SYRIZA (gauche antilibérale) a soulevé la question au parlement, qualifiant une période de détention provisoire aussi longue d’« exemple de justice arbitraire ». La réaction du gouvernement, exprimée à travers un communiqué de presse du parti majoritaire de la coalition, la Nouvelle Démocratie, n’augure rien de bon car elle se borne à demander à SYRIZA de « cesser de soutenir toutes sortes de personnes accusées d’anarchisme et de terrorisme ». Le fait que des opinions politiques telles que l’anarchisme puisse devenir un chef d’accusation a bien provoqué des protestations, mais la Nouvelle démocratie n’a pas retiré cette déclaration.

L’examen médical qui a été effectué le 4 juillet, soit au bout de 30 jours de grève de la faim, conclut que, après avoir perdu 13 kilos, plus de 15% de son poids original, Sakkas a dépassé le maximum de perte de poids considéré comme « sûr » et que ses fonctions corporelles atteignent maintenant le risque de dommages irréversibles. De plus, le rapport indique que la poursuite de la grève de la faim se traduira avec une « certitude mathématique » par « une mort certaine ».

Le ‟Mouvement des Libertés et des Droits Démocratiques de Notre Temps” (KEDDE pour ses initiales en grec) a lancé le jeudi 4 juillet une pétition pour la libération de Sakkas, et recueilli des centaines de signatures dans les premières 24 heures et plusieurs milliers en moins d’une semaine.

Pendant ce temps, le procureur en chef, Ioannis Moraitakis, le même procureur, dont les recommandations ont abouti à la dernière prolongation de six mois d’emprisonnement de Sakkas, a proposé au Conseil des magistrats de la Cour d’Appel de rejeter la demande de libération de Sakkas. Ce Conseil devrait rendre sa décision dans les prochains jours.

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Le vendredi 5 juillet dans l’après-midi, une manifestation à moto a été
organisée devant l’Hôpital général de Nikea, dans la banlieue d’Athènes où Sakkas est hospitalisé, pour exiger sa libération. D’autres manifestations ont été appelées dès lundi 8 juillet devant la Cour d’appel d’Athènes.

Le 8 juillet, des anarchistes ont occupé les bureaux du département du tourisme d’Héraklion en Crête et d’une école de théâtre à Thessalonique.

Le 10 juillet à Athènes, un rassemblement organisé dans la zone touristique au pied de l’Acropole, avec distribution de tracts en anglais aux touristes, a rassemblé environ 200 personnes mais la police à moto (les brigades Delta) a chargé pour « protéger les touristes » et arrêté une dizaine de personnes après tabassages.

D’après le médecin, Kostas Sakkas a maintenant perdu 20% de sa masse corporelle.

Le 11 juillet, la cour d’Appel doit normalement se prononcer sur la demande des avocats de Kostas Sakkas.

La seule décision admissible : la libération immédiate et sans condition de Kostas Sakkas !

Le 10 juillet

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Dernières nouvelles

Kostas Sakkas enfin libéré !

La cour d’Appel a finalement décidé la remise en liberté de Kostas Sakkas, au bout de 38 jours de grève de la faim et 31 mois de détention (951 jours) sans procès.

Cette liberté est accompagnée de conditions drastiques : une caution de 30 000 euros, l’interdiction de quitter la province de l’Attique (autour d’Athènes), de sortir du territoire, de rencontrer les autres personnes poursuivies dans la même procédure judiciaire, obligation de demeurer dans le domicile qu’il a déclaré comme résidence permanente (chez ses parents au Pirée), de se présenter une fois par semaine au commissariat de police de cette ville.

Sa sortie de prison n’est pas automatique : il faut d’abord réunir les fonds exigés. Dès la décision connue, les divers soutiens se sont réunis pour recueillir les 30 000 euros le plus rapidement possible afin que Kostas puisse sortir au plus vite. Les antiautoritaires se réunissaient dans la soirée à l’Ecole Polytechnique tandis que dans les rangs de la coalition Syriza, réunie en congrès ces jours-ci, une quête était organisée.

Dans la journée, il a été transféré dans la partie non-carcérale de l’hôpital de Nikaia et devait commencer à se réalimenter.

C’est indéniablement une victoire. La grève de la faim et la mobilisation autour a permis de mettre une limite à la toute-puissance du pouvoir judiciaire qui pensait pouvoir faire ce qu’il veut, notamment ne pas respecter ses propres règles. Une victoire qui a un coût au vu des conditions strictes de la remise en liberté provisoire. Une victoire qui se paie du prix d’une grève de la faim, c’est-à-dire d’une violence tournée contre soi-même pour obtenir ce qui est censé appartenir à chacun dans un Etat qui se dit de droit. Une victoire contre le gouvernement de coalition Nouvelle Démocratie- Pasok qui voulait faire du « cas » Sakkas un exemple de sa politique de la main de fer en matière d’ordre public et un règlement de compte avec toute une génération, celle du soulèvement de décembre 2008 qui a ensuite embrayé avec les résistances aux politiques capitalistes de gestion de la crise.
Une bataille victorieuse dans un combat qui se poursuivra sur le terrain judicaire et politique, en particulier contre la multiplication des inculpations d’une personne (en particulier celles d’appartenance à une association subversive) sur une même affaire afin d’alourdir le poids des charges dont les mesures de détention additionnelles (et illégales) ne sont qu’un aspect.
Comme le disaient les manifestants réunis pour le rendu de la décision de la cour d’Appel : « Nous continuerons jusqu’à la victoire, jusqu’au bout ! ».

Une victoire, petite et provisoire, mais importante dans le contexte de durcissement répressif où l’Etat grec poursuit et amplifie chaque jour sa politique de tolérance zéro contre toute forme d’opposition.
Les enseignants du secondaire, descendus dans la rue pour refuser la suppression de 3500 postes (vacataires), le déclassement de 5000 autres et les mesures de mobilité forcée ont été chargés par la police anti-émeute. En Chalcidique, la police a arrêté deux nouvelles personnes soupçonnées d’avoir mis le feu aux installations de chantier d’une mine d’or à ciel ouvert : mais, au cours de l’arrestation, elle a aussi insulté et arrêté les deux enfants (16 et 17 ans) de l’un des deux sous prétexte qu’ils protestaient contre les arrestations… tout cela dans un moment où le gouvernement s’est engagé à accélérer le programme de privatisations et à licencier immédiatement 4000 fonctionnaires, et 12500 autres en 2014, à en mettre 25 000 dans un « pool de mobilité » (chantage au licenciement pendant huit mois et licenciement au-delà) en échange du versement d’une tranche de 6,8 milliards d’euros (dont 5,8 en principe le 19 juillet).

Selon Elstat, le service grec des statistiques, entre 700 et 1.000 personnes sont licenciées chaque jour en Grèce.

Le 12 juillet

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