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l’Egregore du 10 juin 2013

lundi 10 juin 2013, par OCL Reims

A propos de la mort de Clément


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  • l’Egregore du 10 juin 2013

    11 juin 2013 03:25

    En complément, quelques textes, témoignages, pour ne pas oublier, pour ne rien oublier...

    Paris : un antifasciste tué par l’extrême droite
    6 juin 2013

    Un jeune antifasciste a été battu à mort par des militants d’extrême droite ce mercredi 5 juin en fin de journée. La Horde fait part de son soutien et de son amitié à ses parents et amis. Pour nos camarades étrangers, nous avons traduit le communiqué en plusieurs langues. On est ensemble, on n’oubliera pas…

    Voici le communiqué de ses amis :
    Le mercredi 5 juin 2013, en sortant d’un magasin de vêtements, près de la gare Saint-Lazare, Clément Méric, jeune syndicaliste âgé de 18 ans et militant antifasciste a été battu à mort par des membres de l’extrême droite radicale. Venu de Brest pour ses études à Sciences Po, il a été victime du contexte de violences d’extrême droite qui s’est développé ces derniers mois. Il est décédé des suites de ses blessures, dans la nuit, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Toutes nos pensées vont à sa famille et à ses proches auxquels nous exprimons toute notre solidarité.

    Ses ami-e-s et camarades


    Pour Clément : La rage au cœur, ne jamais oublier, ne jamais pardonner

    Mercredi 5 juin. Peu de jours ont passé et pourtant ils nous semblent une éternité : depuis la mort de Clément, nous sommes pris-es dans une effervescence qu’il est dur de maîtriser. Rien, sans doute, peut-être pas même les années et l’expérience que nous n’avons pas, ne peut préparer quiconque à enterrer un ami et camarade. Si le temps de recueillement et de deuil dont nous avons besoin ne nous est pas accordé, c’est que le meurtre de Clément est un meurtre politique. En tant que tel, il appelle une réponse politique. Ce monde ne s’arrête pas par égard pour nos larmes ; par respect pour Clément, pour ses luttes, nous ne pouvons pas baisser les bras, aujourd’hui moins que jamais. Il nous faut relever la tête, transformer notre douleur en colère, et notre rage, en force. Ce sont tout à la fois cette irrépressible douleur, cette irrépressible colère, rage, et force, qui habitent ces lignes par lesquelles nous voulons restituer à la mort de Clément le sens qu’il aurait voulu qu’on lui donne : un sens politique.

    Dimanche 2 juin, trois jours avant l’assassinat de Clément, la Ligue de défense juive (LDJ), milice ultra-nationaliste pro-Israël, considérée comme une organisation terroriste et interdite sur les sols étasunien et israélien mais tolérée en France, a revendiqué l’attaque d’un jeune homme prénommé Mounir et de l’avoir plongé dans le coma. Mardi 4 juin, un couple de femmes est violemment agressé après un rassemblement de « veilleurs » anti-mariage : l’une d’elles, transportée en urgence à l’hôpital, reçoit 90 jours d’ITT. Jeudi 6 juin, Rabia, jeune femme portant le foulard, est violemment agressée par « deux individus au crâne rasé », portant des bombers et appartenant très vraisemblablement à l’extrême-droite. Alors qu’elle cherche à porter plainte, la police lui conseille de rentrer chez elle et de ne pas « ébruiter l’affaire ». Le même jour, alors que nous occupons les rues de Paris et d’ailleurs en hommage à Clément et à son combat antifasciste et que M. Valls gesticule dans tous les sens en parlant de dissoudre les JNR, une des plus grosse rafles de sans-papier-e-s des dernières années a lieu à Paris. Le 7 juin, nous apprenons la relaxe requise par le parquet pour le policier responsable de la mort de Moushin et Lakhamy à Villiers-le-Bel en 2007.

    La liste est encore longue.

    Clément n’a pas été assassiné seulement par une bande de fascistes. Il n’a pas été assassiné seulement par l’extrême-droite reconnue comme telle. Clément est plus largement la victime de la montée à grande vitesse des idées les plus nauséabondes et de leur banalisation, en France et ailleurs en Europe. Clément a aussi été tué par le racisme – et en particulier l’islamophobie –, la xénophobie, l’homophobie d’Etat. Nous avons vu l’homophobie défiler dans nos rues sans complexe pendant des mois. Cela fait des années que l’islamophobie occupe l’espace politique et médiatique, accompagnée de son lot de menaces, de vexations, d’agressions – de plus en plus violentes. La « bête immonde » ne naît pas seule. La confiance dont fait preuve l’extrême-droite est permise par et se nourrit des discours et des pratiques racistes, xénophobes, homophobes, provenant des institutions de pouvoir.

    Clément était un homme, hétérosexuel, cisgenre, blanc, étudiant à Sciences Po. Il a été tué parce qu’il était militant antifasciste, libertaire. Il a été tué comme pourraient l’être les lesbiennes, bi-e-s, gays, trans’, qui auraient le malheur de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Il a été tué comme pourraient l’être les non-blanc-he-s, les immigré-e-s, indigènes, musulman-e-s, qui sont l’objet du racisme le plus décomplexé. Sa mort émeut l’opinion comme rarement la mort des victimes non-blanc-he-s des crimes policiers, des ratonnades et autres assassinats racistes ont ému l’opinion. Malgré le poids de la douleur, nous ne pouvons pas l’ignorer. Cela n’enlève rien à notre peine, et, si c’est encore possible, cela accroît notre rage et notre détermination à lutter. Clément était antifasciste : il se battait pour la défense d’une égalité radicale des droits, et aux côtés de tou-te-s celles et ceux que l’extrême-droite considère comme des ennemi-e-s à abattre – les minorités sexuelles et les trans’, les immigré-e-s, indigènes, musulmans, les militant-e-s politiques. Clément dénonçait sans relâche la banalisation voire l’institutionnalisation des idées et pratiques des droites extrêmes. Tant que, jusque parmi nous, jusque dans la gauche radicale voire révolutionnaire, nous ne purgerons pas notre discours des moindres vestiges de nationalisme, tant que nous ne combattrons pas constamment et durablement le racisme, l’islamophobie, les chasses aux Roms et aux sans-papier-e-s, l’homophobie, le sexisme, nous creuserons, nous aussi, le lit de la « bête immonde » que l’on voit grossir. C’est ce combat-là que nous devons continuer. Contre le fascisme, par tous les moyens nécessaires.

    SUD Science-Po
    10 juin 2013


    Témoignage

    CLÉMENT MÉRIC, MARTYR ANTIFASCISTE & RÉVOLUTIONNAIRE

    Clément Méric, 19 ans, étudiant à Sciences Po Paris, militant antifasciste et anarchiste, est décédé hier soir à l’hôpital suite à des coups mortels portés par un groupe de trois militants d’extrême-droite près de Saint-Lazare. Cet article cherche à rendre hommage au jeune martyr de l’antifascisme en exposant sa pensée révolutionnaire, recueillie par l’auteur de cet article à l’occasion de deux interviews en vue de l’écriture d’un ouvrage de sociologie intellectuelle sur Sciences Po et ses étudiants. L’occasion de rappeler que Clément Méric, anarchiste marxien, se battait pour un communisme libertaire qui reste à construire.

    La vision de l’histoire de Clément Méric

    La vision de l’histoire de Clément Méric se focalisait essentiellement sur des dynamiques profondes, en termes de rapports de classes et de capitalisme. La révolution française, par exemple, est pour lui une révolution bourgeoise (y compris dans sa phase robespierriste), freinée par un important mouvement prolétarien en gestation, finalement écrasé. La répression du mouvement prolétarien aurait débouché ensuite sur l’hégémonie de classe de la bourgeoisie et sur la mise en place de la société industrielle-capitaliste en France.

    La vision de l’histoire de Clément Méric s’inspire de celle de son maître à penser dans ce domaine, Daniel Guérin, figure de proue de l’anarcho-communisme marxien. Il venait d’ailleurs de finir La révolution et nous du même auteur au moment de notre entretien. Un courant auquel se rattache sans aucun doute Clément Méric, ancien militant anarcho-syndicaliste à Brest (CNT), qui manie des concepts anarchistes comme des concepts marxiens (« bourgeoisie », « rapports de classe ») tout en restant profondément anarchiste. Les lectures de Clément Méric, d’un abrégé du Capital de Marx à Daniel Guérin en passant par Orwell, témoignent de son rattachement au courant anarchiste marxien.

    La société capitaliste-industrielle, pour Clément Méric, aboutit à une « exploitation sans limite ». Les tentatives d’émancipation plus ou moins avancées du prolétariat aboutissent à de violentes répressions, en 1848, en 1871 (il déplore par ailleurs l’attitude légaliste des communards), en 1917-1921 (Cronstadt et Makhno) ou en 1936-1939 (anarchistes de Catalogne). Il marque une certaine défiance vis-à-vis des « communistes », c’est-à-dire des marxistes-léninistes, coupables selon lui d’avoir saboté ces deux dernières expériences libertaires (1917-1921 & 1936-1939). Il dresse un parallèle entre propagande d’hier et d’aujourd’hui : à l’image des communards qualifiés de « vandales » en 1871, on traite aujourd’hui ceux qui se révoltent d’ « anarcho-autonomes ». La conviction d’une permanence au 21ème (sous des formes renouvelées) des structures d’oppression du 19ème siècle est caractéristique des réflexions sur l’histoire de Clément Méric. La politique étrangère des Européens au 19ème siècle (qu’il caractérise comme extrêmement violente) comme des Etats-Unis aux 20 ème-21 ème siècles est ainsi ramenée au concept d’« impérialisme », celui-ci ayant des origines économiques et raciales.

    La pensée économique de Clément Méric

    Clément Méric critique violemment l’économie politique capitaliste ou bourgeoise, qui « ne prend absolument pas en compte le bien-être des gens » et « profite à certaines classes ». Le libéralisme est même qualifié de « doctrine de classe » qui, dans son application, aboutit à une « non-prise en compte du bien-être de la population ». Le « principe de richesse débordante (…) ne marche pas », assène-t-il encore. Le keynésianisme, quant à lui, qualifié de « réformiste » ou de « libéralisme social », est résumé ainsi : « Ce n’est pas résoudre le problème que d’améliorer la condition prolétarienne ».

    Clément Méric va ensuite préciser ses idées économiques anticapitalistes. Il explique qu’ « écologiquement, il est complètement nécessaire de décroître », et que l’écologie est donc « nécessairement anticapitaliste », ou du moins « anti-productiviste ». Au sein du socialisme, Clément Méric distingue deux branches : une anarchiste et une communiste. En se rattachant à cette première branche, il précise son idée de l’anarchisme, qu’il qualifie de « communisme libertaire » (on remarquera, au passage, qu’il s’agit également du titre d’un ouvrage de Daniel Guérin) : « Propriété collective des moyens de production, volonté d’aboutir du chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins ».

    Le capitalisme ? Clément Méric explique qu’il n’y a pas de répartition réelle au sein de celui-ci, qui oppose salariat et actionnaires/chefs d’entreprises, bénéficiaires du « système de plus-value ». Il résume très simplement son principe : « Le produit du travail ne revient pas à ceux qui produisent mais à ceux qui détiennent les moyens de production ». Il critique ensuite l’organisation du travail, où règne « pression, contrôle hiérarchique, mal être (…) [et des] conditions de travail mauvaises ». Les travailleurs, explique-t-il en substance, sont soumis à l’impitoyable « logique du profit ».
    Clément Méric insiste moins sur l’impérialisme et ses conséquences en termes de domination de certains pays sur d’autres, mais constate néanmoins l’utilité d’un mouvement anti-mondialisation. Il explique également que « l’Afrique n’est pas indépendante et qu’il n’y a pas de volonté de lui permettre d’être plus développée ».

    Clément Méric & Sciences Po

    Clément Méric explique qu’en dépit d’une certaine tolérance libérale, Sciences Po formate quand même ses étudiants. Il prend l’exemple de l’histoire de l’épisode révolutionnaire de 1789-1795 en 1ère année, et explique qu’elle n’est « pas du tout impartiale », puisqu’il n’y a « rien sur les sans-culottes et les mouvements populaires, à peine deux mots sur l’an II et l’an III, et pas un mot critique sur Napoléon ». Pour Jean-François Chanet, Robespierre, « c’est ce qu’il y a de plus à gauche. Il ne dit rien sur les mouvements de gauche pré-prolétariens ».

    Le changement révolutionnaire pour Clément Méric

    Notre société qui n’est ni libre ni heureuse pour Clément Méric appelle une réponse révolutionnaire. Pas une conquête du pouvoir politique, explique-t-il, mais une « insurrection par en bas », contre notre société de domination et pour une société sans domination.
    Un changement révolutionnaire qui doit être radical pour Clément Méric. L’abolition des dettes illégitimes ; une nouvelle Constitution ; un revenu maximum couplé à un revenu minimum universel ; une gratuité de l’électricité et de l’eau jusqu’à un certain seuil, puis des prix très élevés au-delà ; l’abolition des marchés financiers ; l’abolition des multinationales ; l’abolition de l’Union Européenne ; un système de monnaies locales avec un crédit limité mais gratuit : autant de mesures insuffisantes pour Clément Méric. Celui-ci souhaite l’abolition des techniques et produits dangereux ; l’abolition du système scolaire ; l’abolition de l’information sous contrôle capitaliste ; l’interdiction des publicités ; l’abolition des prisons (il propose l’exil comme solution) ; l’abolition de l’armée. Mais également, sur un plan positif : une démocratie directe, locale et fédérale ; l’autogestion en entreprise ; une généralisation des transports en commun gratuits ; une police populaire élue par quartiers ; une justice populaire ; une redistribution équitable des moyens de production et des logements ; et bien plus, pour mettre en place une société communiste et anarchiste. En somme, une sortie du capitalisme étatique, remplacé par un communisme libertaire.


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  • l’Egregore du 10 juin 2013

    11 juin 2013 03:28

    (suite)

    Le lendemain du meurtre de Clément…

    Grande rafle au faciès à Paris : 40 étrangers voués à l’expulsion

    08 juin 2013

    Nous reproduisons deux témoignages de la rafle au faciès qui s’est déroulée dans un quartier de Paris le 6 juin 2013. Une personne qui se trouvait sur les lieux et l’un des étrangers embarqués racontent.

    Jeudi 6 juin dans l’après-midi, une rafle comme on n’en voyait plus depuis la guerre d’Algérie ou depuis les grandes vagues d’expulsions de squatts au début des années 1980, a eu lieu à Barbès. Pendant presque deux heures tout un quartier a été bouclé, les gens ne pouvant plus ni entrer ni sortir, bloqués par des centaines de flics de toute sorte arrivés à bord de dizaines de véhicules, quadrillant la zone jusqu’à la Gare du Nord, La Chapelle, Château Rouge et Anvers (ndlr. Ces.quatre stations de métro délimitent un losange d’un kilomètre d’est en ouest, un peu moins du sud au nord). A l’intérieur du périmètre qui comprenait la rue de la Goutte d’Or, la rue des Islettes et une autre rue parallèle à la rue des Islettes, les flics se déploient. A l’extérieur du périmètre ils sont apparemment aussi extrêmement nombreux. Divers contrôles sont effectués : papiers et ventes à la sauvette, hygiène dans les établissements (d’après ce que disent certains commerçants mais ça je n’ai pas vu).

    Des gens commencent à s’entasser aux différents check points. Protestations molles, entre résignation et agacement. Très vite, à l’intérieur du quartier bouclé, beaucoup moins de "vrais gens" que d’habitude et une multitude de patrouilles de robocops qui interpellent au faciès. Comme souvent, délit d’extranéité et de classe sociale sont de mise, à savoir que les cibles principales du contrôle sont les Africains qui ressemblent à des mecs qui viennent d’arriver du bled.
    A chaque fois qu’ils en capturent, les bleus appellent victorieusement leur central avec leur talkie pour annoncer combien ils en ont attrapé. Puis ils les ramènent vers des bus d’embarquement sur le boulevard Barbès. Apparemment tout un staff technique et bureaucratique était installé dans les cars.

    A un moment, une vieille dame juive a attrapé un jeune sans papier qui était capturé et elle a dit que c’était son fils. Les flics voulaient quand même l’emmener car évidemment ils ne la croyaient pas mais elle criait et s’accrochait au jeune homme et ils ont finalement du le lâcher.
    Quand les flics bouclent un quartier ils sont plus ou moins obligés de relâcher les barrages qui empêchent de sortir et entrer dans le quartier pour la sortie de l’école. Du coup ils ont ouvert les barrages à 16h25

    Mais attention, ouvrir les barrages et laisser les gens circuler dans le quartier ne signifie pas que les contrôles vont s’arrêter... Au contraire, et de fait plein de gens se sont fait attraper comme ça. Voyant que certains flics en uniforme partaient et que les camionettes de CRS qui barraient les rues se poussaient, pas mal de personnes, sans doute réfugiées dans des halls, sont sorties de leur cachette... Mais c’était sans compter avec des groupes de civils qui par quatre ou cinq ou six sillonnaient le quartier, pour certains avec des camouflages assez réussis (le rasta, le gars qui ressemble à un sans papier, la fille déguisée en jeune de quartier), et contrôlaient et arrêtaient les gens. Les personnes arrêtées étaient alors conduites menottées dans des bus stationnés à ce moment-là sous le métro au carrefour Barbès. Le dernier bus rempli est parti vers 16h30.
    Dans cette apathie déprimante où on a l’impression que les gens sont menés à l’abattoir dans la passivité la plus totale, si ce n’est quelques ronchonnements individuels (Mais on est prisonniers dans notre quartier) ou désabusés (Ah ici c’est comme ça ils cherchent les cigarettes, les sans papiers, pff). Ca finit toujours par entrainer des personnes qui n’osaient pas se lancer pour protester et par se transformer en petit rassemblement, ce qui permet de discuter de ce qui se passe. Ca met un rapport de solidarité minimal mais essentiel entre les gens arrêtés et les autres qui y ont échappé.

    Plus tard, au rassemblement pour l’assassinat de Clément Méric nous avons appris qu’une partie des gens emmenés dans les bus avaient été conduits au commissariat de la rue de Clignancourt, ce qui a provoqué des cris de « Les fascistes assassinent à Saint Lazare ; le PS rafle à Barbès ».
    Un appel à se rendre au commissariat de la rue de Clignancourt pour 20h30 a donc circulé. La rue était bloquée à la circulation par plusieurs camionettes et un bus de la police qui sert à transporter les gens arrêtés dans les manifs. Les premières personnes arrivées ont constaté que dans ce bus posté juste devant le commissariat étaient parqués plusieurs sans-papiers. Quelques autres sortaient libres. Ils nous ont dit que dans le commissariat ils avaient été triés : certains comme eux pouvaient sortir et d’autres qui allaient être conduits au centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes étaient montés dans le bus.

    Cela faisait plusieurs heures que ces derniers étaient enfermés là sous une chaleur écrasante, sans pouvoir boire ; manger, aller aux toilettes. Sans attendre l’heure du rassemblement, des slogans ont commencé à fuser « Liberté », « Solidarité avec les sans-papiers » auxquels les dizaines de personnes emprisonnées dans le bus ont répondu chaleureusement en criant eux aussi et en tapant sur les vitres.

    Très vite les flics ont violemment repoussé les quelques personnes présentes en bas de la rue à grand renfort de coups de tonfas, coups de pieds, insultes, … Très vite, alors qu’en bas de la rue quelques autres personnes commençaient à arriver, le bus a démarré, protégé par un grand renfort de flics dont certains étaient flashball à la main. Nous n’avons pu qu’unir nos slogans à ceux des gens qui étaient enfermés à l’intérieur.

    Le lendemain nous avons su qu’une quarantaine de personnes étaient enfermées au centre de rétention de Vincennes. D’autres sont peut-être dans d’autres centres de rétention. Les gens arrêtés devraient passer devant un JLD mardi ou mercredi s’ils ne sont pas expulsés d’ici là. (ndlr. Le Juge des Libertés et de la Détention, intervient seulement au cinquième jour de rétention pour juger de la régularité de la procédure)

    ***

    Témoignage d’un sans papiers arrêté lors de la rafle de Barbès et conduit au CRA de Vincennes.

    Les flics nous ont traités comme des terroristes. Ils nous ont mis des menottes en plastique. Elles étaient très serrées, on a encore les marques. On va aller voir le médecin pour faire un certificat.
    Ils ont encerclé Barbès et ils contrôlaient « au visage », tous les Arabes, les Noirs... Ils étaient très méchants et ne respectaient personne. Ils sont arrivés vers 14 heures et gueulaient après tout le monde dans la rue. Il y a des gens, ça fait dix ans qu’ils sont ici et ils n’avaient jamais vu ça.
    Moi je sortais de chez le coiffeur et c’est un policier en civil qui m’a arrêté. C’était comme Guatanamo. Ça veut dire quoi ? Parce que on est arabe, on est des terroristes, ou quoi ? On a risqué notre vie sur un bateau, on est passé par Lampedusa et ici il n’y a pas de liberté.

    On a cru qu’on était en Tunisie. On n’a pas de problème avec les gens ici, on a un problème avec les flics.

    Ensuite ils nous ont amenés au commissariat de Clignancourt, on était 40 dans une cellule et on ne pouvait pas respirer. Et si on protestait, les flics disaient : « Ferme ta gueule. Pourquoi vous êtes venus ici, Restez chez vous ! ».

    Il y avait aussi un vieux touriste marocain au commissariat, sa famille a apporté ses papiers et il a été libéré. Quel accueil touristique !

    Devant le commissariat il y avait des dames qui n’étaient pas d’accord et qui criaient « Liberté ! » Et les flics les ont frappées.

    On doit être 40-50 de Barbès au CRA. Même en Tunisie la prison c’est pas comme ça.
    Personne ne mange. On a décidé de faire la grève de la faim la semaine prochaine. La prison c’est mieux parce que là je ne sais ce qui va se passer demain. Il n’y a pas de solution. Si on passe le Carême [Ramadan] ici on va brûler le centre.
    Centre de rétention de Vincennes, vendredi 7 juin 2013
    Les sans papiers arrêtés hier devraient passer mercredi prochain au JLD de Paris.
    Soyons nombreux pour les soutenir !

    ***

    Communiqué

    Rafle historique à Barbés, dossiers bloqués arbitrairement en Préfecture, violences policières contre les manifestants à la Bastille

    Aujourd’hui 8 juin 2013, le 9ème collectif de sans-papiers a manifesté pour la treizième fois place de la Bastille, pour protester contre la circulaire du 28 novembre 2012 fixant les conditions de régularisation des sans-papiers.

    Depuis la première de ces manifestations à proximité du domicile du ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, tous les dossiers présentés en Préfecture par le 9ème collectif sont systématiquement bloqués, vraisemblablement sur instruction du ministre exécutée par le Préfet de police Bernard Boucaut.

    Des dossiers présentant toutes les conditions requises pour obtenir une régularisation, y compris suivant les règles particulièrement restrictives de la nouvelle circulaire, sont arbitrairement rejetés.
    Pire encore, la semaine dernière, un sans-papiers du 9ème collectif s’est vu signifier une Obligation à quitter le territoire alors même qu’il réside en France depuis 23 ans.

    Face à ces scandaleuses mesures punitives, lors de la manifestation d’aujourd’hui, le 9ème collectif a demandé un rendez-vous au cabinet du Préfet, afin de pouvoir s’en expliquer, la situation de blocage des dossiers étant particulièrement intolérable.

    La réponse de la préfecture aura été un refus catégorique. Après plus de trois heures d’encerclement, empêchant comme chaque semaine la manifestation de se dérouler normalement bien qu’elle soit déclarée, la police aura procédé à notre expulsion forcée avec la plus grande brutalité.

    Matraquage, coups de pieds, étranglement, bras tordus, tabassage au sol, les violences physiques se sont multipliées contre les manifestants pacifiques qui ne faisaient que demander leurs droits.
    Ces violences ont provoqué des réactions des passants, scandalisés par ce spectacle de personnes manifestement inoffensives violentées par de très nombreux CRS particulièrement agressifs. Ces citoyens qui se solidarisaient ont été à leur tour repoussés brutalement, y compris les femmes se faisant malmener.

    Les brutalités policières, tout comme la violence administrative qui consiste à empêcher arbitrairement toute régularisation, constituent une persécution particulière contre des sans-papiers qui ne font que revendiquer leurs droits légitimes.

    Rappelons que jeudi dernier à Barbès, le lendemain de l’assassinat d’un jeune militant antifasciste, la police du ministre socialiste Manuel Valls a fait procéder à la plus grosse rafle de sans-papiers jamais vue aux temps de la politique extrêmement violente mise en œuvre sous Nicolas Sarkozy ces dernières années.

    9ème collectif des sans-papiers

    www.9emecollectif.net // 9eme_collectif@no-log.org


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  • l’Egregore du 10 juin 2013

    11 juin 2013 03:29

    (suite)

    Communiqué suite à la manifestation en hommage à Clément à Poitiers

    Le jeudi 6 juin à 18 h 30 a eu lieu à Poitiers comme dans de nombreuses autres villes une manifestation organisée à l’appel du groupe unitaire contre l’extrême droite de la Vienne à la suite de la mort de Clément Méric à Paris. Nous avons été agréablement surpris de l’ampleur de la manifestation organisée dans la journée même (entre 250 et 300 personnes), mais nous avons cependant quelques critiques à émettre et besoin de rappeler certains faits.

    Nous nous étonnons que des cadres du Parti socialiste de la mairie de Poitiers soient venus sans honte se montrer en mémoire de quelqu’un qui les combattait politiquement. En effet, rappelons que Clément était certes un militant antifasciste mais qu’on ne saurait le réduire à cela. Il était révolutionnaire, et impliqué dans les luttes contre le capital et fatalement contre le gouvernement socialo-écologiste actuel. Antifasciste convaincu, il militait aussi contre toutes les formes d’exploitation et de domination : le sexisme, le racisme et l’homophobie…

    Revenons à la manifestation poitevine, non déclarée comme le veut la tradition ici, et regroupant des individus (libertaires ou proches), encartés de gauche et d’extrême gauche et autres membres d’associations. Voilà bien longtemps que tout ce beau monde n’avait pas été réuni. En effet, le bras de fer entre la mairie socialiste et les associations, les anarchistes et surtout dernièrement le DAL 86 dure depuis plusieurs années, et la gouvernance de M. Claeys nous montre le véritable visage de la social-démocratie depuis.

    Nous avons donc pu voir nos braves cadres locaux se retirer du cortège au niveau de la mairie alors que ce dernier évoluait vers la préfecture. Très bien, nous dirons-nous, mais cette manœuvre semble aussi avoir été tactique. Car, plus d’une heure après la fin de la manifestation, deux personnes ont été arrêtées et emmenées au poste pour « manifestation illégale » et « outrage aux forces de l’ordre » (des « Flics porcs assassins » s’étant glissés dans les slogans scandés). Ces deux personnes seront relâchées le lendemain et passeront en Comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC). Devant le procureur, donc. Mais le fait intéressant à noter ici est cette phrase lâchée par un conseiller municipal et conseiller de Grand Poitiers bien connu comme bureaucrate de la lutte (notamment au sein des MJS lors du mouvement anti-CPE) : « Ce n’est pas une manifestation, mais un rassemblement silencieux contre les violences de l’extrême droite ». Voilà, tout est dit. Vous vous êtes fait attraper ? Vous ne pouvez que vous en prendre à vous-mêmes. Il ne fallait pas faire de manif (ou du moins pas jusqu’au bout)… puisqu’il existe une pression de la préfecture vis-à-vis des manifestations non déclarées depuis environ un an, et relayée par son chien de garde édenté : la mairie.

    Ici donc, les socialistes poitevins suivent la ligne dictée par l’Elysée et le taulier de la place Beauvau : s’émouvoir de manière hypocrite sur la violence et la dangerosité idéologiques des groupes fascistes bien connus. Alors que ce sont ces mêmes socialistes qui, de par leur politique, ne contribuent point à faire reculer les pratiques et idées de l’extrême droite ; bien au contraire, celle-ci s’en est servie à plusieurs reprises afin de gagner des élections, de promouvoir des politiques sécuritaires de la République (n’oublions pas que les centres de rétention, ces prisons démocratiques pour étrangers, datent de l’ère mitterrandienne). Par ailleurs, le jour même où Clément a été agressé, la police de Manuel Valls procédait à une grande rafle de sans-papiers dans le quartier populaire de Barbès à Paris. République, sacro-sainte République ! Tel un chant incantatoire, ce terme sonnait creux pour Clément et ses camarades ! Alors, fichez-nous la paix avec cet appel à un front républicain chimérique.

    La République n’est qu’un champ de bataille symbolique pour les aspirants au pouvoir, ça fait bien longtemps que son caractère attractif et magique n’opère plus ! Bref, nous nous opposons fermement à cette tentative de récupération étatique de la mort de Clément.
    De plus, nous pensons que la dissolution de groupes fascistes ne changera pas la donne. Hormis leur caractère symbolique orchestré par le pouvoir et une partie de la gauche, l’Histoire nous a montré à plusieurs reprises que la dissolution de ces groupes est un leurre (des Ligues des années 1930 à Unité radicale des années 2000, en passant par Ordre nouveau des années 1970) : ils se sont toujours reformés, ils ont juste eu besoin de changer de nom. Mais nous n’appelons pas non plus à une « justice pour Clément ». Cette justice qui nous condamne aussi bien et que nous combattons tous les jours.

    Soulignons que depuis plusieurs années les fascistes et autres nazillons ressortent dans la rue et souhaitent la reprendre, galvanisés par les scores de leurs homologues dans de nombreux pays en Europe (Grèce, Hongrie…) sur fond de crise économique. Nous ne découvrons rien, dans plusieurs villes les fascistes sont très actifs, et s’adonnent à des actions violentes et/ou symboliques : Lyon, Toulouse, Tours, Besançon, etc. Mais les dernières manifs contre le mariage homosexuel leur ont permis de se rencontrer, de recruter, bref d’avoir un nouveau souffle, avec la complicité des médias ayant offert leurs micros sur des plateaux d’argent à des mouvements réactionnaires de toutes sortes disséminant leurs discours haineux.

    Par exemple, nous avons remarqué qu’ils sont de plus en plus présents sur Poitiers, du moins par leurs affiches et autocollants. Qu’ils soient à Méridien Zéro, au Mouvement Action Sociale, au Parti de France, à l’Œuvre Française ou au plus traditionnel Front National, les militants fascistes tentent de s’implanter localement et durablement. Ils se sentent même pousser des ailes. Pour preuve, début mai ont été découvertes des affiches, collées dans les rues de Poitiers, comprenant les photos de deux militants du NPA avec comme surtitre « Wanted » et cette légende : « Tags dégueulasses, gribouillis partout, panneaux sales, portes tatouées ? Assez ! La police s’en occupe pas on va s’en occuper ! ».

    En mémoire de notre camarade Clément,nous souhaiterions que les bureaucrates politiques, membres du gouvernement et autres charognards de la presse fassent profil bas sur le sujet. Pour vous, fascistes, belek : une attaque contre un est une attaque contre tous.

    Dieu pardonne, pas le prolétariat !

    L’Épine noire (Poitiers)


    L’état et la démocratie ne seront jamais des remparts face au fascisme

    Jeudi soir, Clément Méric, militant syndicaliste et antifasciste a été assassiné par des néo-nazis à Paris. Nombreux sont celles et ceux qui, se reconnaissant dans son engagement, ont été saisi d’effroi par cette tragédie d’une vie brisée en quelques secondes. L’expression de la colère et de la douleur suscitée par sa mort ont du mal à se frayer un chemin au milieu du vacarme médiatique et des commentaires autorisés de toutes les crapules politiciennes. Les charognards sont de sortie qui se ruent sur le cadavre pour promouvoir la défense de leur sainte trinité : l’Etat, la République, la Démocratie.

    Pour autant, la gauche de pouvoir est dans son rôle quand elle s’appuie sur une vision purement morale de l’antifascisme. Pour donner en exemple les temps bénis du présent, rien de mieux que d’agiter la menace du retour à un passé obscur et barbare. En désignant le fascisme comme ennemi principal, on aboutit logiquement à une conséquence : regrouper contre lui toutes les bonnes volontés à partir du plus petit dénominateur commun, sa contradiction fantasmée, la démocratie. On peut donc, comme Jean-Luc Mélenchon, faire de l’antifascisme tout en soutenant un programme social-patriote. On peut aussi, par exemple, vouloir comme Manuel Valls « éradiquer la violence d’extrême droite » le matin et faire rafler 150 sans-papiers à Barbès l’après-midi…

    Alors bien sûr la mort de Clément Méric s’inscrit dans un contexte marqué par la résurgence de l’agitation des groupuscules nationalistes, par la campagne homophobe conduite ces derniers mois par les catholiques intégristes, par la stabilisation électorale du FN à un niveau élevé. Faits d’actualité face auxquels le « mouvement social » (feu la lutte des classes) s’est montré impuissant. Pour autant, le fascisme demeure en France une idéologie ultra minoritaire sans véritable impact. Il lui manque pour devenir une véritable force politique deux choses essentielles : une capacité à mobiliser autour de son projet par la violence et l’encadrement social et une fragilisation du consensus telle qu’il apparaisse à l’état et au capital comme le dernier recours pour leur sauvegarde. Le fascisme n’a jamais vaincu la démocratie dans une lutte à mort, il a toujours prospéré sur son épuisement.

    La réaction unanime de la classe politique pour condamner le meurtre illustre d’ailleurs la marginalité de leurs auteurs. Arrêtés très vite, il y a fort à parier qu’ils seront condamnés de manière « exemplaire » et que quelques organisations de l’ultra droite seront dissoutes dans la foulée. Du point de vue de la riposte, nous n’avons rien à attendre de la justice et du ministère de l’intérieur. La demande pathologique formulée par les partis et syndicats d’une réponse ferme du pouvoir témoigne de leur faillite sur le terrain social à l’heure où partout en Europe l’état et le capitalisme approfondissent la guerre aux prolétaires.

    Il y a en France des fascistes qui tuent au nom de leur idéologie fanatique. Face à eux, nous devons rendre coup pour coup et les empêcher de parader dans les rues afin de ne plus avoir à pleurer la mort d’un camarade de 19 ans. Mais n’oublions pas que ce que redoutent les immigrés [et pas que ; Norredine, Nabil, Rodrigue, Youssef Mahdi, Amine Bentounsi, Ahamadou Maréga, Wissam El-Yamni, etc. ; NDPasdeCorps], d’avantage que quelques crânes rasés, c’est la police républicaine. Que les roms ces derniers temps ont plus à craindre de leurs voisins citoyens à peine moins pauvres qu’eux et gagnés à l’idéologie sécuritaire et raciste que des partisans d’Adolf Hitler. Que même sans néo-nazis cette société révèle quotidiennement son visage de domination et d’exploitation.

    L’état et la démocratie ne seront jamais des remparts face au fascisme

    Pas de quartiers pour les nazis, pas de quartiers pour l’état, pas de quartiers pour le capitalisme
    Contre la barbarie de ce monde-ci, et pour que le meurtre de Clément Méric ne trouve pas son ultime dénouement dans un tribunal, ranimons dans les luttes et dans la rue la lueur vacillante d’un futur révolutionnaire

    Alsace Libertaire

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  • l’Egregore du 10 juin 2013

    11 juin 2013 20:30

    Salut. Très bien mais juste c’était Joel Giraud qui a torturé et tué Jamel Dindoyal en 1990.

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  • l’Egregore du 10 juin 2013

    1er juillet 2014 14:21, par Silver

    La mort de Clément est toujours une controverse. Et il est donc clair que pourquoi tout ce peuple réunis exigeant l’information. Il était comme un héros local. Merci d’avoir partagé l’affiche de l’événement de protestation. Gardez sur le partage.

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