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Grillo, un Coluche Italien ?

vendredi 24 mai 2013, par Courant Alternatif


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C’est entendu, Beppe Grillo, considéré comme le grand vainqueur des dernières élections législatives italienne, est à la fois un populiste et un nouveau Coluche… ou les deux en même temps. De tels qualificatifs ne sont peut-être pas faux, mais répétés à l’envi par la quasi-totalité des observateurs ayant pignon sur rue, ils deviennent à ce point des lieux communs qu’ils méritent qu’on s’y attarde un peu.

Petit retour
sur quelques
spécificités italiennes

De toute l’Europe occidentale l’Italie est le pays où la participation électorale a été la plus élevée pendant les décennies qui ont suivi la fin de la seconde guerre mondiale. C’est sans doute un cliché de dire qu’on y discute « politique » à tous les coins de rue, et même sur les places jusqu’à tard dans la nuit, que les voyageurs d’un même compartiment qui ne s’étaient jamais vus une heure auparavant vont se mettre à « parler politique » pour tuer le temps, mais c’est quand même une réalité si on s’en tient à cette politique qui considère les joutes électorales un peu comme un sport, et dieu sait (ou ne sait pas) que la péninsule est la patrie des paris sportifs.

De 1948 à 1976 les abstentions oscillent entre 6 et 8 %. Mais à partir de cette date elles vont progressivement augmenter jusqu’à atteindre le record de 25 % aux élections de 2013 qui nous occupent ici. Que s’est-il passé ? Dans cette première période, l’Italie sort du fascisme, de la guerre et de la résistance. Deux grandes formations se partagent le fromage, le Parti communiste italien et la Démocratie chrétienne (DC). Le Parti socialiste, d’abord allié dans l’ombre du puissant PCI, tentera ensuite de retrouver quelques couleurs en s’alliant avec la DC, mais toujours comme second couteau. Il fournira quand même au pays, de 83 à 87, un président du Conseil, Bettino Craxi qui devra, par la suite, condamné à 27 ans de prison, prendre la fuite en Tunisie pour échapper à la justice !

Au-delà de convictions souvent assez fortes, dans cette première période, le vote pour tel ou tel camp est en même temps une affaire de clientèle qui va bien au-delà de la fidélité idéologique à un parti au sens étroit du terme. C’est aussi une histoire, un quartier, une région, une famille. On est issu de la résistance ou non, on est anticommuniste ou pas, on est tous un peu catholique quand même, si bien que les affrontements, tout rudes qu’ils puissent être, se résolvent souvent comme ceux qui opposent Don Camillo et Peppone au cinéma ! Le clientélisme c’est aussi l’emploi par le contrôle d’une région ou d’une ville, les petits ou grands services rendus, et en toile de fond une mafia qui avait in extremis choisi la Résistance et qui maintenant retrouve la place qui convient à ses intérêts qui se confondent le plus souvent avec ceux de la DC pour contrôler l’appareil d’Etat. Dans ce contexte il était hors de question de ne pas voter, dès lors que les deux grandes Eglises, la catholique et la stalinienne appelaient à se rendre aux urnes. D’autant que le pays sortait de 20 années de fascisme et de privation totale d’expressions politiques dissidentes et d’élections qui sont souvent le prétexte à élever la voix. La manne du plan Marshall destiné à faire redémarrer les affaires et à lutter contre le communisme, assurait une croissance de 6% par an à partir de 1949 en faisant redécoller les grandes industries, en particulier sidérurgique et automobile (avec comme conséquence directe le développement d’une classe ouvrière fournissant une base au PCI, on n’a rien sans rien !) Le redressement économique faisait progressivement sortir le pays de la misère dans laquelle il était plongé dans l’immédiat après guerre et faisait souffler un vent d’optimisme très éloigné du désenchantement actuel. Les partis n’étaient pas discrédités, bien au contraire.

A la fin des années 70 et au début de la crise, éclatent des affaires de corruptions qui se multiplieront la décennie suivante provoquant un divorce progressif d’une partie de la population avec la classe politique. Le mai rampant de 68-69, les années de plomb qui suivirent, les tentatives de complots militaro-fascisto-états-uniens, les rapports fusionnels entre la mafia et la DC vont avoir raison de la configuration politique du pays. D’autant que les juges qui lancent l’opération mani pulite au début des années 90 font apparaître que la corruption est généralisée et que le système de financement des partis touche l’ensemble de ces derniers (DC, Parti socialiste, petit parti libéral, etc.) à l’exception du PCI.

Le PCI, lui, est miné idéologiquement de l’intérieur. Seul parti communiste à critiquer l’intervention soviétique de 1956 en Hongrie, il tente de théoriser la polycentralité de la stratégie communiste, c’est-à-dire la non obligation de s’aligner systématiquement sur Moscou. Berlinguer tente de valider un « compromis historique » à la fin des années 70 c’est-à-dire un recentrage vers une partie de la démocratie chrétienne. Il a beaucoup été dit que ce rapprochement avait échoué à cause de l’exécution du dirigeant démocrate chrétien Aldo Moro par les Brigades rouges. Une explication un peu courte ! En effet un tel changement de cap ne pouvait que créer de grosses dissensions internes d’autant que l’indépendance du PCI vis-à-vis de l’URSS reste alors très théorique puisqu’il continue de recevoir du grand frère des millions de dollars de subsides et que l’allié potentiel, la DC, est déjà gangrené par la révélation des « affaires » ! Le grand écart s’avère impossible et la chute du mur de Berlin puis de l’URSS va précipiter celle du PCI qui se dissout en 1991 en donnant naissance à deux formations, le PSD, social démocrate, et Réfondation communiste qui, à sont tour, se scindera en deux.

La démocratie chrétienne, affaiblie puis achevée par les inculpations et les révélations qui pleuvent en cascade se dissous (pas officiellement cependant) à son tour en 1994 et éclate en plusieurs partis.

Ainsi, l’opération Mani pulite révélant la corruption généralisée et l’effondrement du mur de Berlin auront raison des deux rocs de la vie politique italienne de l’après guerre qui disparaissent. Comme le troisième petit larron, le parti socialiste, qui se dissout lui aussi en 1994 suite à la condamnation et à la fuite de son dirigeant principal, Bettino Craxi. En trois ans les principaux acteurs de la vie parlementaire italienne depuis la guerre se sont évaporés.
Dès lors la voie est libre pour de nouvelles aventures.

Un paysage politicien
qui se redessine

De nouveaux mouvements avec de nouvelles têtes émergent dans le paysage politique. La Ligue du Nord d’Umberto Bossi qui prend de l’ampleur au début des années 90, Berlusconi et Forza Italia dès 1994 et, en 2009, le mouvement 5 étoiles (M5S cinque stelle : eau, environnement, transport, réseaux et développement). L’abstentionnisme de se renforcer lentement mais sûrement au cours de ces années et si, en 2008, il y a avait encore 80 % de votants ce sont en 2013 un quart des électeurs qui ne se sont pas déplacés.

Du côté des défaits, Berlusconi (à propos de qui certains observateurs ont parlé de victoire étant donné son retour surprise), qui, avec ses dix millions de voix en perd quand même 7 par rapport à 2008 et ce malgré son rabibochage de dernière minute avec la Ligue du Nord. Le centre gauche de Bersani (un ex-communiste) avec moins de 8 millions en perd 3. Encore plus perdant avec 10 % l’austère Mario Monti, l’homme chargé par l’Europe un an auparavant de prendre toutes les mesures de rigueur que le patronat réclamait (réforme des retraites, flexisécurité, taxes plus élevées) et de redonner confiance au marché financier. Soutenu à ses débuts par la Confindustria (le medef italien) Berlusconi avait été lâché par elle à cause de son style et des casseroles qu’il traînait derrière lui, jugés néfastes à la crédibilité de l’Italie pour relancer la croissance. Le soutien de l’organisation patronale accordé au début à Monti ne dura qu’une partie de sa mandature à cause du départ de la FIAT, premier employeur d’Italie, qui exigeait que la confédération mette fin aux accords de branche qu’elle était tenue de respecter en vertu d’accords avec le syndicat. Or le pdg de Ferrari et de Fiat, sur une ligne de déréglementation encore plus dure que celle du reste du patronat, faisait partie du staff de Monti (aux côtés d’ailleurs de l’ex-président du Parti néo-fasciste italien, Gianfranco Fini devenu entre temps ministre des affaires étrangères de Berlusconi). Il a payé cash.

Du côté des vainqueurs : l’abstention dont nous avons parlé, mais aussi le mouvement 5 étoiles qui à obtenu environ 25 % des voix dans les deux chambres. Un mouvement qui avait déjà conquis 4 villes, dont Parme, lors des municipales de 2012.

Populisme ?

C’est une constante : lorsqu’émerge sur la scène politique un ovni qui fissure le bi ou tri-partisme (déjà bien entamé !) qui semblait présider de toute éternité à la destinée d’une démocratie parlementaire ronronnante, aucune voix ne manque à l’appel pour évoquer une poussée populiste. Un mot qui sonne comme une condamnation et qui est devenu un passe-partout répulsif, utilisé comme son frère le « fascisme ». C’est en fait une manière de s’exonérer de toute ressemblance avec lui et de ne pas pousser trop loin les investigations qui pourraient susciter des vocations pour établir des comparaisons ou même des filiations entre le nouveau et l’ancien. On le voit bien en France où l’ultime arme idéologique entre les mains de l’establishment politicien c’est de brandir le danger populiste pour sauver la démocratie parlementaire. Mélanchon, Artaud, les gauchistes, en somme tout ce qui bouge et qui sort ou est soupçonné de sortir des cadres prémâchés, dans le même sac avec le Pen ! La ficelle est grosse mais c’est la seule qui sera utilisée lors des prochaines échéances électorales pour à la fois sauver le systme et conjurer des révoltes pourtant légitimes.

Qu’est-ce que le populisme ?

Si on s’en tient à quelques caractéristiques acceptées par tout le monde c’est un courant politique qui s’en prend aux élites et en appelle au peuple, en proposant démagogiquement des solutions qui paraissent de bon sens et applicables très vite. Jusque-là, en simplifiant un peu, il est possible d’y classer les idéologies révolutionnaires socialistes, communistes ou anarchistes. Ce que les laudateurs de l’ordre capitaliste ne se privent pas de faire. Et pourtant il y a une différence de taille entre toutes les formes de populisme et les projets d’émancipation sociale, ce sont les références de classe que le populisme exclu toujours. Selon ce dernier il y a certes coupure dans la société mais elle est entre le peuple et les élites qui peuvent être tour à tour ou ensemble la classe politique, des groupes de pression économiques ou même ethniques, mais jamais la bourgeoisie comme possesseur des moyens de production. Le peuple n’est jamais le prolétariat et rarement la classe ouvrière.

Selon Grillo la société italienne est divisée en deux blocs. Dans le premier, celui auquel il s’adresse, on trouve « les millions de jeunes sans avenir, précarisés et possédant un diplôme universitaire » qui veulent « qu’ils s’en aillent »… mais pour prendre leur place. On trouve aussi pêle-mêle tous les exclus, les petits retraités, les gens écrasés par la lourdeur des taxes ainsi que les petites entreprises qui sont menacées de faillite à cause de la gabegie et des impôts.

L’autre bloc est composé des « nantis ». Et les nantis sont ceux que Juppé désignait comme tels lors du mouvement des retraites. Ce sont les salariés encore un peu protégés comme les fonctionnaires qui s’accrochent à leur beefsteak, les retraités qui arrivent à vivre, en même temps que les fraudeurs fiscaux ou les différents lobbies conservateurs et les vieux politiciens scotchés à leurs prébendes . Mais ce ne sont jamais les grandes entreprises capitalistes. Une seconde coupure recoupe la première, c’est celle entre les jeunes et les autres. Les jeunes exclus et les autres qui s’accrochent à leurs privilèges.
Et en ce sens Grillo est vraiment un populiste. Il ne cherche pas à unir les exploités contre les exploiteurs mais à les diviser.

Le populisme fait appel au peuple mais à un peuple qui n’est pas capable de se sauver par lui-même et le seul mouvement qu’il est capable de créer c’est une adhésion massive au leader et à son parti. Le populisme fait appel à une figure charismatique, un sauveur qu’il faut suivre pour « se libérer ». Traditionnellement ce mouvement d’adhésion se manifestait par les urnes et dans la rue, maintenant c’est aussi par des canaux médiatiques comme internet, jamais par des mouvement d’auto-émancipation. Grillo, qui a passé une partie de sa vie à cracher sur les medias leur doit une bonne part de son succès. Là encore le populisme est à l’opposé des projets socialistes d’émancipation. Et bien sûr le M5S aussi.

Grillo et son programme

Beppe Grillo est un imprécateur qui manie un discours à plusieurs facette selon le lieu, le moment et à qui il s’adresse.

L’électorat du M5S est jeune et souvent issu de cette génération « 1000 euros » (rappelons-nous à titre de comparaison qu’en Grèce on parlait de « génération 600 euros !) qui veut exprimer son opposition au « technicien » (lisez technocrate) Monti nommé par l’Europe pour imposer les mesures d’austérité alors que, en un an, le chômage a grimpé de 8 à 11 % (de 30 à 37 % chez les jeunes !), et que les pauvres sont maintenant officiellement 10 millions (sur 60 millions d’habitants). Grillo propose alors un revenu minium, une diminution des dépenses militaires, la réduction du salaire pour les hommes politiques, de sortir de la zone euro (avant de se rétracter). Il met en plus en avant un certain nombre de revendications qui sont dans l’air du temps et qui peuvent séduire les sensibilités écologistes ou indignées présentes chez ces jeunes diplômés sans travail : réduction des rejets de CO2, arrêt des grand projets comme la LGV Lyon-Turin, favoriser les transports collectifs et publics, et, cerise sur la gâteau, il est favorable au mariage gay.
Mais il n’oublie pas quand même pas qu’il doit séduire une partie de l’électorat de Bossi et de la boutique en difficulté. Il se prononce pour le maintien de l’interdiction du droit du sol pour les enfant d’immigrés, et ouvre la porte au centre social néofasciste casapound en disant que « c’était mieux que Monti » et que la lutte antifasciste « n’était pas son problème »

Mais ce qui le rend le plus populaire c’est de crier ouvertement contre le gaspillage et c’est dans les mesures qu’il préconise pour l’éradiquer, en quelque sorte son programme économique, que l’on voit le plus clairement dans quel camp il se situe. Il n’est pas seulement un « populiste » mais se positionne clairement du côté des intérêts de la restructuration capitaliste : il cible l’ensemble des acquis sociaux obtenus dans l’après guerre par le rapport de forces entre la classe ouvrière et la bourgeoisie. Il veut réaliser des coupes sombres dans le secteur public, supprimer les organismes de réglementation relevant de l’Etat pour privatiser davantage et en particulier dans l’enseignement qu’il voudrait davantage lié aux entreprises. Il opère une différentiation entre les « soins essentiels » qui seuls seraient bien remboursés et d’autres qui relèvent selon lui d’une prévention au « premier degré » : autrement dit mener une vie saine (son côté écolo). Il a proposé la suppression pure et simple des syndicats actuels préférant, comme Mussolini, des syndicats corporatiste, c’est-à-dire des rouages de l’Etat chargés d’organiser verticalement la société

Alors, un nouveau
Coluche ?

Grillo a été souvent comparé à Coluche (qui avait envisagé de se présenter à la présidentielle française de 1981). Un comique qui entre en politique. Il est vrai qu’en 1985 ils ont joué ensemble dans Le Fou de guerre de Dino Risi dans lequel Grillo tentait d’écarter un Coluche à demi cinglé du commandement d’un camp militaire. En 1987 le comique est viré de la télé publique italienne pour avoir brocardé le chef du gouvernement, le socialiste Bettino Craxi. Au début des années 90 il est un des rares opposants à la « berlusconisation » du pays en multipliant les sketches contre le « Cavaliere ».

Mais la comparaison s’arrête là. Coluche est profondément marqué par la « culture contestataire soixante huitarde » qui irrigue encore la société française au plus fort de sa popularité. Même au deuxième ou troisième degré, ses sketches ne souffrent d’aucune ambiguïté. Sa cible favorite, comme chez Reiser ou Cabu c’est le « beauf ». Grillo, lui, est un « beauf » qui ne dédaigne pas multiplier les sorties xénophobes et homophobes en traitant certains de ses adversaires politiques homo de « tapettes » et en multipliant au premier degré des gestes obscènes. Il considère le sida comme « la plus grande farce du siècle et le HIV une chimère… ce sont les industries pharmaceutiques qui ont créé le virus ! »

En fait s’il fallait le comparer à quelqu’un sur la scène française des amuseurs, ce serait plus à Patrick Sebastien ou mieux à Jean-Marie Bigard, qu’à Coluche qui était clairement de l’autre côté de l’échiquier politique. Son mouvement 5 étoiles va évidemment s’effilocher au fur et à mesure que les ambitions des nouveaux élus s’affirmeront contre leur mentor. Il aura été un révélateur de la crise institutionnelle que l’Italie traverse dans une période de crise économique profonde et d’incapacité des luttes à y répondre globalement.

un mouvement
qui ne parvient pas
a trouver son espace

Force est de constater que l’Italie occupe hélas une place à part dans le panorama des luttes contre l’austérité en Europe occidentale. Pas ou peu de grandes manifestations comme en Espagne ou au Portugal. Pas de mouvement d’ « indignés », pas d’émeutes anarchiste comme en Grèce, pas de successions de grosses manifs syndicales contre la réforme des retraites comme en France. L’Italie semble la grande absente des révoltes qui ont secoués ces dernières années le bassin méditerranéen. Comme le dit le collectif Wu Ming (http://www.wumingfoundation.com/) dans un texte qui circule sur le net « le mouvement 5 étoiles a défendu le système » : « Nous n’avons pas eu de place Tahrir, nous n’avons pas eu de Puerta del Sol, nous n’avons pas eu de place Syntagma ». Les luttes significatives et importantes qui ont eu lieu dans la péninsule, et il y en a eu (voir en encart deux exemples parmi bien d’autres), sont restées circonscrites localement et n’ont jamais pris sens au niveau péninsulaire. Nous avons relaté dans Courant alternatif celle contre le TAV dans le Val de Suse, celle des habitants de Tarente contre un désastre écologico-industriel qui, en dehors de leur aire d’origine ne sont jamais parvenues à provoquer un écho actif en dehors des milieux militants.

Et pourtant il est à peu près certain qu’une majorité des classes populaires est opposée à ces projets (nous y ajoutons celui qui prétend relier la Sicile au continent par un pont gigantesque !) et considère les patrons des grands groupes sidérurgiques comme des assassins et des voyous. Certain aussi qu’elle ne porte pas dans son cœur les politiques européennes d’austérité (Mario Monti en a fait les frais). Cependant tout cela reste encore « en dedans » et ne parvient pas à s’exprimer collectivement. Il y a comme un blocage de la protestation. Et, du coup, comme on ne passe pas du « dire » au « faire » au cœur même du social, un Grillo qui dit beaucoup (qui gueule, même !) mais surtout de ne rien faire sinon de le suivre parce qu’il fera, trouve un espace qui lui permet de conforter cette situation en maintenant la chape qui la fige et permet de renforcer le système.

Jpd

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2 Messages

  • Grillo, un Coluche Italien ?

    26 mai 2013 18:57, par Gérard VERROUST

    Excellent article. Toutefois, on sait maintenant que l’assassinat d’Aldo Moro a été commandité par la CIA, ce que les auteurs ignoraient bien entendu. Ça s’inscrivait dans la stratégie globale de contre-réforme néo-libérale (Coups d’État en Amérique latine, etc.). Là il s’agissait de combattre l’Eurocommunisme. On sait que lors des Années de Plomb qui ont suivi les services US avaient préparé un coup d’État.
    Merci de cet article

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    • Grillo, un Coluche Italien ? 28 mai 2013 15:01

      Sur l’assassinat d’Aldo Moro

      Beaucoup de monde a eu intérêt à sa disparition.

      De larges secteurs de la droite italienne, les Etats-Unis (et donc la CIA) étaient contre un quelconque « compromis historique » PCI-DC. Par aveuglement « anticommuniste » surtout car l’orientation du PCI de cette époque ne menaçaient en rien les intérêts capitalistes ni les équilibres Est-Ouest.

      Des secteurs importants du PCI étaient aussi contre cette ligne, parmi eux des adeptes du soviétisme, du toggliatisme historique. Les BR (du moins une de ses tendances), qui cherchaient aussi à exprimer cette opposition (comme « tendance externe » du PCI) , ont commis la bêtise historique de penser qu’elles allaient porter un coup décisif au cœur de l’Etat en éliminant Moro, et en même temps en imposant le chantage « Ou avec l’Etat, ou avec les BR », en refusant toute sorte de médiations, y compris celles venus du mouvement révolutionnaire…

      On connait les conséquences.

      Que les BR aient réalisé ce que « beaucoup de monde » souhaitait ne doit pas se réduire à une simple « manipulation », toute droit sortie d’une théorie du complot, cousine des romans d’espionnage.
      La stupidité politique, ça existe aussi. L’intelligence politique aurait consisté à le libérer, et à le renvoyer dans son petit monde de la politique institutionnelle de l’Italie de 1978 et de ses contradictions… Les conséquences politiques sur le mouvement antagonique, sur la répression, auraient très certainement été tout autre…

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