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Venezuela

Assassinat du leader indigène Sabino Romero

samedi 9 mars 2013, par WXYZ

Se battre pour la terre, même dans un Venezuela « socialiste » ou « bolivarien », peut conduire à la prison ou à la mort. Sabino Romero, chef d’une communauté amérindienne yukpa en lutte pour récupérer ses terres et son territoire, aura connu les deux destinations.


Alors que se poursuit le procès intenté par les autorités politiques du pays contre deux associations poursuivies pour leur solidarité avec la lutte que mènent les Indiens yukpas dans l’extrême ouest du Venezuela, entre le lac de Maracaïbo et la frontière colombienne, Sabino Romero a été assassiné ce dimanche 3 mars par des hommes armés circulant à bord d’une moto. Sa femme, qui l’accompagnait, a été blessée par balles.

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Ces amérindiens se battent depuis des années pour la récupération de leurs terres et la reconstitution d’un territoire propre, auto-administré, contre les éleveurs et grands propriétaires fonciers des terres basses et contre les entreprises minières de la Sierra de Pejirá. L’enjeu de leur combat se focalise sur l’auto-délimitation de leur territoire et l’obtention de titres de propriété collective, c’est-à-dire la reconnaissance juridico-politique de leur souveraineté sur cette minuscule portion du territoire national vénézuélien. En 2004, devant l’inaction des autorités politiques, ils décident de passer à l’action et occupent une quinzaine d’haciendas, ce qui va déchaîner une vague de violence de la part des éleveurs de la région.

Au cours des cinq dernières années, huit Indiens yukpas ont ainsi disparu. En juin 2012, trois Indiens yukpa avaient déjà été enlevés et assassinés par des tueurs à gages. En 2008, c’est le propre père de Sabino Romero, de 97 ans, qui avait été aussi assassiné. Sabino Romero avait passé 18 mois en prison, à la suite d’affrontements violents entre Indiens yukpas au cours desquels il avait été lui-même blessé par balles. Remis en liberté en juin 2011, il était depuis constamment suivi, menacé, intimidé.

Les Yukpas sont une population d’environ 12 000 membres sur le côté vénézuélien de la Sierra de Perijá qui marque la frontière avec la Colombie dans cette zone. Ils revendiquent la récupération d’environ 300 000 hectares contigus. Le pays compte 36 peuples amérindiens, soit un peu plus de 600 000 personnes.

Assassiné moins de 48 heures avant la mort d’Hugo Chávez, la disparition de cet infatigable combattant pour les droits collectifs de son peuple a été complètement passé sous silence. Sabinio Romero était chaviste et se reconnaissait dans la « révolution bolivarienne ». Mais il ne se payait pas de mots. Il s’est battu contre l’impunité et la complicité du gouvernement avec les grands éleveurs et les projets de développement industriel de l’extraction minière du charbon et autres minerais dans la sierra, mis en œuvre par des entreprises d’État de ce secteur. Mais le gouvernement chaviste ne s’est pas contenté de fermer les yeux devant les assassinats et de multiplier les blocages et entraves au processus d’auto-délimitation et de restitution des terres qui passe par l’expropriation de la propriété foncière des éleveurs : il a utilisé la vieille méthode du « diviser pour régner » : d’un côté en criminalisant les Yukpas qui se sont levés et de l’autre, en tentant de renforcer leur marginalisation en faisant émerger d’autres interlocuteurs, par la cooptation rémunérée – dans des postes du pouvoir politique local créés pour l’occasion (et aux fonctions surtout honorifiques et symboliques) ainsi que par la délivrance de quelques parcelles de terre – de « représentants » plus loyaux, issus d’autres communautés yukpas. Sabino Romero n’a pas accepté de se faire acheter ou coopter. En suivant cette voie, il aurait eu très certainement la vie sauve.

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A jouer sur les symboles et les mythes, on peut tracer des parallèles par lesquels il n’est pas sûr que le « chavisme » en sorte grandi. Si la gauche vénézuélienne et une grande partie de la population pleurent la mort de leur « Bolivar », descendant, héritier et représentant politique de la bourgeoisie coloniale criolla au début du XIXème siècle – propriétaires terriens, de mines, négociants et commerçants – aspirant alors à s’émanciper de la couronne espagnole, avec l’assassinat de Sabino Romero, c’est un autre héros, Guaicaipuro, grand cacique, artisan et figure de la résistance indienne à la colonisation du Venezuela au XVIème siècle, qui meurt une seconde fois et risque bien, immanquablement, de hanter les mémoires et nourrir les imaginaires...

Malgré ce moment particulier et le climat général de deuil qui semble tout effacer, la mort de Sabino Romero a provoqué bien des réactions, parmi les mouvements indigènes, les courants les plus indépendants des organisations sociales et même dans une frange de la base chaviste réellement indignée par cet assassinat.

Voici quelques éléments d’information sur cette lutte passée sous silence, d’autant que le décès d’Hugo Chávez survenu 48 heures après celui de Sabino Romero, a totalement occulté cette disparition et les enjeux de cette lutte. Un communiqué du collectif éditorial du journal El Libertario de Caracas, un communiqué des organisations amérindiennes de l’Amazonie vénézuélienne, un autre publié par un ensemble de collectifs et mouvement sociaux de l’État d’Aragua (à l’ouest de Caracas), un article sur Sabino Romero et la lutte qu’il avait entrepris depuis plus de 10 ans.


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Le capitalisme de l'énergie, <br>auteur matériel et intellectuel de l'assassinat de Sabino

Communiqué d’El Libertario sur l’assassinat du combattant Sabino Romero

Dans la nuit du 3 mars 2013, sur la route de Chaktapa, dans la Sierra du Perijá (État de Zulia), a été assassiné le cacique [chef] yukpa Romero Sabino, connu pour sa défense des droits du peuple yukpa. Depuis le 13 novembre 2003, lorsque le président Hugo Chávez a annoncé à El Menito, municipalité de Lagunillas, le triplement de l’exploitation du charbon à 36 millions de tonnes par an dans les territoires habités par différentes ethnies indiennes, Sabino Romero faisait partie des communautés autochtones qui se sont mobilisées pour refuser les conséquences sur leur territoire de l’expansion des méga-exploitations minières dans la région. La lutte de Sabino s’est centrée sur l’obtention de la délimitation et de la reconnaissance légale de la dévolution des territoires autochtones, pour lesquelles différentes manifestations ont été organisées à la fois dans l’État de Zulia et à Caracas, en utilisant différentes méthodes de lutte, y compris l’action directe et l’occupation des terres autochtones aux mains des éleveurs.

Les niveaux d’autonomie atteints par Sabino Romero dans sa lutte ont motivé la mise en œuvre d’une stratégie partagée par tous les éléments du pouvoir, régionaux et nationaux, intéressés par la poursuite de l’exploitation des terres autochtones. En 2009, deux communautés, dont l’une avec Sabino Romero, occupèrent une exploitation agricole dans la localité de Chaktapa, État de Zulia, pour dénoncer l’arrêt du processus de délimitation. Le gouvernement national a lancé une stratégie visant à diviser les occupants, et au cours de faits demeurés obscurs, trois Indiens ont été tués. Ce fut l’excuse parfaite pour reprendre militairement la ferme et criminaliser Sabino Romero, qui passa 18 mois en prison, poursuivi d’homicide pour ces faits. Alors que les éleveurs l’accusait d’être un ‟robaganado” [voleur de bétail], dans la région les médias privés incitaient à la guerre sale contre la lutte autochtone, avec le soutien de leurs alliés à Caracas : le ministre de l’Intérieur et de la Justice, Tareck El Aissami, et la ministre des peuples indigènes, Nicia Maldonado. Tandis que le chavisme bureaucratisé détournait l’attention de la lutte indienne avec des attitudes dilatoires, des excuses et des spectacles médiatiques chaque 12 octobre [anniversaire de la ‟découverte” de l’Amérique, journée de la résistance amérindienne], d’autres secteurs du chavisme isolaient Sabino Romero et les Yukpas de la solidarité des autres mouvements sociaux et révolutionnaires indépendants du contrôle de Miraflores [Palais Présidentiel]. La stratégie, sur tous les fronts, était réalisée par l’ensemble et chacun des principaux bénéficiaires de l’économie primaire exportatrice des minerais et de l’énergie du pays.

Les versions officielles tentent de dissimuler l’assassinat d’un combattant yukpa en cherchant à détourner l’attention des vrais responsables. Ces versions incluent les amplifications réalisées par le journal pro-gouvernemental Panorama, connu pour les généreuses campagnes publicitaires qu’il reçoit des entreprises d’État PDVSA [pétrole], Corpozulia et Carbozulia [mines de charbon], et sont cautionnées par les organes policiers et militaires, les mêmes qui ont harcelé les communautés amérindiennes de la Sierra de Perijá avec la complicité des éleveurs de la zone. Il est très significatif que le projet d’assassinat que Sabino avait dénoncé ait été perpétré maintenant que l’État de Zulia est passé sous le contrôle politique du bolivarianisme. Comme dans le cas d’autres combattants sociaux assassinés, les scandales médiatiques officiels sont une approbation de l’impunité.

Le combat de Sabino Romero affrontait, sur le fond, le modèle de développement basé sur l’extraction et commercialisation de ressources pétrolières, gazières et des minerais sur le marché mondial, rôle assigné au Venezuela par la globalisation économique. Le développement du capitalisme pétrolier d’État ne tient pas compte des conséquences sur l’environnement ainsi que sur les communautés paysannes et indigènes. La véritable cause de l’arrêt de la délimitation et de la dévolution des terres autochtones est que ces terres recèlent des ressources minérales pouvant être exportées. C’est pour cela que la résistance de Sabino était une résistance au modèle. C’est pour cela qu’il fallait le faire disparaitre, de n’importe quelle manière. C’est pour cela que l’on compte déjà 13 Yukpas morts, assassinats toujours impunis jusqu’à maintenant. Et comme l’a démontré le procès contre les organisations qui apportaient leur soutien cette lutte (HomoetNatura et Provea), il fallait leur ôter tous les appuis possibles.

En tant que El Libertario, nous continuerons à combattre et à dénoncer, dans tous les espaces à notre portée, l’assassinat de Sabino Romero et nous continuerons à informer aussi bien sur les luttes indigènes que sur le reste des luttes sociales de ce pays ayant des caractéristiques d’autonomie. Sabino s’ajoute à la liste de combattants assassinés pour la défense de leurs droits sous le gouvernement bolivarien, aux côtés de Mijaíl Martínez, Luis Hernández, Richard Gallardo et Carlos Requena.

La seule polarisation que les anarchistes reconnaissent est celle qui se situe entre gouvernants et gouvernés, entre les puissants et les faibles, entre patrons et travailleurs, enfin, entre les victimes et leurs tueurs. C’est pourquoi que nous ne demanderons rien aux assassins. Nous n’attendons rien de leur parodie de Justice, ni des larmes de crocodile des bureaucrates qui ont conduit Sabino à l’échafaud. Comme hier, aujourd’hui et demain, nous continuerons à nous mobiliser avec tous ceux qui luttent dans le pays contre le pouvoir, jusqu’au jour où le sang des nôtres pourra être revendiqué et vengé.

Periodico El Libertario
04/03/2013


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Déclaration des organisations indigènes de l’Amazonie vénézuélienne (COIAM)
sur l’assassinat du dirigeant Indigène Yukpa, Sabino Romero,
par des tueurs à gages dans la Sierra de Perijá, État de Zulia


En cette journée du 4 mars 2013, nous, peuples autochtones et communautés de l’Amazonie vénézuélienne, regroupés dans la coordination des organisations indigènes de l’Amazonie (COIAM), représentés par l’Organisation Régionale des Peuples Indigènes de l’Amazone (ORPIA), l’Organisation Indigène Piaroa Unis de Sipapo (OIPUlS), l’Organisation Ye’kuana du Haut Ventuari (KUYUNU), l’Organisation Indigène Jivi Kalievirrinae (OPIJKA), l’Organisation Yanomami (HORONAMI), l’Organisation Femmes Indigènes de l’Amazone (OMIDA), l’Organisation des Communautés Indigènes Huôttuja du Secteur Parhuaza (OCIUSPA), l’Association des Maîtres Piaroa (Madoya Huarijja), l’Organisation Piaroa du Cataniapo « Reyö Aje », l’Organisation Indigène du Rio Negro (UCIABYRN), l’Organisation Piaroa de Manapiare, l’Organisation Ye’kuana du Haut Orénoque (KUYUJANI Originaire), le Mouvement Politique Peuple Uni Multiethnique de l’Amazone (PUAMA), au sujet du cruel assassinat du frère indigène Sabino Romero, Cacique de la communauté Chaktapa et leader du peuple Yukpa, nous exprimons ce qui suit :

1 -. Nous condamnons et rejetons avec une profonde douleur et indignation morale ce crime lamentable qui a privé SABINO ROMERO du cadeau de la VIE, chef de la RESISTANCE YUKPA pour leurs terres et territoires et Cacique, conducteur d’importantes luttes pour la défense des droits collectifs des peuples indigènes du Venezuela.

2 -. Nous exprimons notre vive préoccupation pour la situation du peuple Yukpa dans la Sierra de Perijá (Etat de Zulia) où au moins 8 Indiens de ce peuple ont été tués ces dernières années, qui a pris en main la défense de son territoire envahi par les éleveurs et les propriétaires terriens avec la complicité de responsables militaires et gouvernementaux.

3 -. Nous questionnons l’IMPUNITÉ qui entoure les meurtres de ces frères indigènes, dont les cas n’ont pas fait l’objet d’enquêtes par les autorités compétentes avec le sérieux, l’efficacité et la rapidité que ceux-ci réclamaient ; bien au contraire, les auteurs matériels et intellectuels de l’assassinat de dirigeants Yukpa jouissent d’une totale liberté et puissance d’agir. Nous nous demandons si cette situation peut générer un GÉNOCIDE contre le peuple Yukpa s’achevant avec l’extermination de plusieurs familles et communautés.

4 -. Nous rejetons la politique de division et d’affrontement qu’a promue le Ministère du Pouvoir Populaire pour les Peuples Indigènes ces dernières années dans le Perijá, en accordant des privilèges aux dirigeants communautaires et l’achat de consciences qui ont généré des conflits intercommunautaires et des affrontements avec les autorités traditionnelles. L’Indienne Nicia Maldonada, en son temps ministre des peuples autochtones, loin de soutenir la lutte légitime pour la terre, a promu divers affrontements qui ont généré des conflits internes et, avec les éleveurs de Perija.

5. Nous demandons aux instances compétentes de l’État (Bureau du Procureur général, le Défenseur du Peuple et les tribunaux) d’ouvrir immédiate d’une enquête effective qui permette de déterminer la responsabilité des auteurs matériels et intellectuels de cet assassinat et des précédents ; dans le cas contraire, ces institutions se feraient les complices de la grave situation que vit le peuple Yukpa. Nous soulignons que ces dernières années il y a eu une politique systématique et planifiée d’assassiner les dirigeants Yukpa qui ont combattu pour la récupération et la préservation de leurs territoires.

6 -. Nous demandons au gouvernement de la RÉVISION urgente de sa politique indigéniste marquée par une vague sans fin de cadeaux et d’assistancialisme de la part du ministère compétent pour les communautés, de la changer pour une véritable politique indigène révolutionnaire qui permette la garantie de leurs territoires par la délimitation effective de leur habitat et de leurs terres et la promotion de leurs droits constitutionnels.

7 -. Enfin, nous nous SOLIDARISONS avec la douleur de la famille de Sabino Romero, celle de sa communauté et des autres dirigeants Yukpa, en faisant le vœu que son sang répandu dans la terre indienne permettra aux peuples autochtones la renaissance de la conscience collective, une appréciation plus importante de leurs territoires ancestraux et de leurs identités culturelles, qui constituent les apports de ce MARTYR DE LA DÉLIMITATION.
SABINO VIT, la lutte continue...

Organisation Régionale de Peuples Indigènes de l’Amazone (ORPIA)
Organisation Indigène Piaroa Unis du Sipapo (OIPUS)
Organisation Ye’kuana du Haut Ventuari (KUYUNU)
Organisation Indigène Jivi Kalievirrinae (OPIJKA)
Organisation Yanomami (HORONAMI)
Organisation Femmes Indigènes de l’Amazone (OMIDA)
Organisation de Communautés Indigènes Huôttuja du Secteur Parhuaza (OCIUSPA)
Association des Maîtres Piaroa (Madoya Huarijja)
Organisation Ye’kuana du Haut Orénoque (KUYUJANI Originaire)
Organisation Piaroa du Cataniapo « Reyö Aje »
Organisation Indigène du Rio Negro (UCIABYRN)
Organisation Piaroa de Manapiare
Organisation Yarabana du Parucito (OIYAPAM)
Mouvement Politique Peuple Uni Multiethnique de l’Amazone (PUAMA)
José Gregorio Díaz Mirabal, Vice-coordinateur CONIVE (Consejo Nacional Indio de Venezuela)
Guillermo Guevara, (Membre indigène de l’Assemblée Constituante de 1999)

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Au peuple vénézuélien, sur le cas du Cacique Sabino Romero

Collectifs et Mouvements Populaires d’Aragua

Collectifs et mouvements populaires actifs dans l’État d’Aragua, nous voulons rendre publique notre consternation et notre profonde indignation pour l’assassinat du Cacique yukpa Sabino Romero, de la Sierra de Perijá. Un Vénézuélien de plus dans la longue liste des exécutés pour le seul fait de combattre pour ses droits.

La lutte exemplaire de Sabino, de sa famille et de la communauté Yukpa en général, a pour objectif la récupération et la délimitation de leurs terres ancestrales, contre les mines de charbon, contre l’écocide de la sierra et pour le respect de leur culture. Cette attitude l’a conduit à toucher à des intérêts très puissants dans la Sierra, des propriétaires fonciers, de la mine, du narcotrafic, des employeurs, transnationaux et nationaux.
Sabino a constamment fustigé la partialité des forces militaires, politiques et même communales, qui se sont adossées aux puissants. Sabino a été trainé dans la boue comme un radical insatisfait, parce que beaucoup de malinches [indigènes opportunistes avec les colons] dans les communautés locales se sont alignés sur la culture occidentale et le développementisme d’État. On entend des porte-paroles du gouvernement déclarer que ces terres ont été déjà délimitées et qu’on leur a assigné des projets productifs. C’est là une des démonstrations les plus probantes de la lutte de Sabino. Une délimitation amputée dans sa dimension, mais surtout dans son aspect culturel. Pour les vrais autochtones, la terre est la mère et ses enfants veulent une mère entière, pas amputée. Nous ses véritables enfants nous nous opposerions à avoir une mère dépecée, avec un bras pour les éleveurs, un autre pour les mineurs, d’autres pour les projets productifs de l’État, et en outre avec chacun en train de détruire sa partie.

Les projets productifs courants ne se correspondent pas à la culture aborigène, parce que celle-ci est en harmonie avec la nature.

Les mines de charbon, un projet condamné plusieurs fois par le Président Chávez et les ministres de l’Environnement (Osorio, Farías) ; mais qui continuent leur progression. Un projet qui apporte des misères au PIB, tout en causant de grands dommages écologiques ; et la destination du charbon, ce sont les États-Unis, ce qui justifie beaucoup d’échanges avec ce pays. C’est aussi une zone où l’on produit de la drogue.

Nous rejetons le traitement médiatique qui est donné à l’assassinat de Sabino, qui assimile les forces révolutionnaires indignées, qui ont montré leur solidarité et leur soutien à Sabino, avec la presse putschiste. À moins qu’il ne faille considérer maintenant aporrea.org, suenalaguarura.org, etc. comme des médias putschistes. Nous invitons le peuple vénézuélien à visiter ces espaces cités ici pour qu’il s’informe de la lutte de Sabino et son ancienneté.

Sabino, un cacique courageux de la résistance culturelle autochtone, a porté ses revendications et sa vérité à Caracas, où la solidarité de collectifs et de mouvements populaires a permis de rendre visible sa juste et constante lutte. De telle sorte que la société a été informée : « ils me poursuivent et ils vont me tuer, a-t-il dénoncé… ». Il n’y a aucune raison pour que dans ce processus, cet assassinat méprisable et prémédité ait pu être accompli.

Dans son préambule, la Constitution bolivarienne consacre que nous sommes une société démocratique, multi-ethnique et pluriculturelle. Il semblerait que cette caractérisation de la société n’est pas comprise dans sa plénitude. La création d’un ministère des Affaires Indigènes est un cadeau de la domination, elle est comme un guichet de réclamation pour les aborigènes, dont s’occupent, dans la majorité des cas, des malinches culturels imprégnés de honte ethnique. Cela ne suffit pas, il manque définitivement trop de choses pour un exercice interculturel.

Le problème de la Sierra a été traité à partir d’une vision européocentrique normalisatrice et, comme culture occidentale hégémonique, elle colonise, elle impose, elle soumet et assassine la dissension.

Sabino n’a pas seulement été assassiné par le « Sicariat » et les « Éleveurs », des figures anonymes destinées à l’oubli. Nous croyons aussi qu’il y a des responsabilités institutionnelle et politique dans cette affaire. C’est pourquoi elles doivent être examinées et sanctionnées.

Nous exhortons au peuple vénézuélien à se mobiliser pour exiger du gouvernement bolivarien l’ouverture d’une enquête exhaustive pour rechercher les auteurs matériels, intellectuels et politiciens de ce crime ; et que l’on garantisse un large débat sur la problématique du peuple Yukpa et de Sierra de Perijá ; dans le cas contraire, le décès de Sabino et de sa famille aura été vain.

Hier, la bourgeoisie utilisait les corps répressifs de l’État pour assassiner les dirigeants révolutionnaire et le peuple, aujourd’hui, elle utilise les tueurs à gages. Souvenons-nous que plus de 330 dirigeants paysans ont été assassinés, plus de 30 militants syndicaux exécutés et des centaines de travailleurs sont intimidés et menacés parce qu’ils élèvent la voix pour protester contre la barbarie capitaliste.

Assez d’impunité !
Mobilisation Populaire !
Justice Révolutionnaire !

Collectifs et mouvements populaires

CARIACO
COMUNEROS
PATRIA JOVEN
BRAVO SUR
CASABE NEGRO
CANTAURA VIVE
CAMPAMENTO BOLIVARIANO
ASAMBLEA REVOLUCIONARIA DE COMBATIENTES GUERRILLEROS


Sabino Romero Izarra... <br> sa clairvoyance historique, son peuple, sa vie et ses meurtriers

Pandora Reydes
6 mars 2013

<img2211|left>Comprendre les causes et trouver l’ensemble des coupables de l’assassinat du leader et cacique[1] indien yukpa Sabino Romero Izarra, n’est pas chose facile. La complexité de la situation existante dans la Sierra de Perijá mérite de faire un examen des aspects significatifs d’ordre économique, politique et culturel. Nous allons essayer de donner un aperçu général de la situation dans l’espoir de trouver un soutien conscient et déterminé pour demander au gouvernement vénézuélien de prendre des mesures urgentes afin d’éviter d’autres décès, de rendre justice à Sabino et à son inlassable combat.

Les Yukpa, groupe ethnique d’appartenance linguistique caraïbe, habitent à la frontière colombo-vénézuélienne. L’histoire sociale de ce peuple tourne autour de son territoire ; c’est à partir de leur lutte pour les terres que se sont maintenues des informations sur ce groupe autochtone. Dès le premier contact historique, enregistré, entre les peuples autochtones qui habitaient l’actuel État occidental de Zulia et les troupes d’Ambrosio Alfinger, entre 1530 et 1534, a débuté un processus de violents affrontements entre les colonisateurs et les peuples autochtones, qui a obligé ces derniers à chercher refuge dans la Sierra de Perijá.

La Sierra de Perijá… territoire convoité

Le territoire Yukpa s’est étendu, au moins au cours des trois derniers siècles, du nord au sud, entre le Río Apón et les rives septentrionales du Río Santa Rosa, respectivement, puisque les reducciones[2] se sont constituées sur un axe Est-Ouest, en les dépouillant de la presque totalité des basses terres. Actuellement, ils occupent les bassins de quatre rivières qui sillonnent au travers des contreforts centraux de la Sierra de Perijá, recouvrant les municipalités de Rosario et Machiques de Perijá, État de Zulia.

Depuis la promulgation de la Loi de Délimitation et de Garantie de l’Habitat et des Terres des Peuples Autochtones, les habitants de chaque bassin ont gagné en puissance et ont commencé à réoccuper des espaces plats dont ils aspirent qu’ils leur soient officiellement restitués, comme solution définitive à la conflictualité permanente. Par conséquent, il y a maintenant de nombreux projets d’utilisation des territoires perijaneros, mais en aucun d’entre eux n’est prise en considération la vie digne de leurs propriétaires véritables et ancestraux. Éleveurs et petits propriétaires, dans leur majorité avec une mentalité développementiste mais avec des pratiques quasi médiévales, qui accaparent des milliers d’hectares pour produire du lait et de la viande qui, dans les pays technicisés, sont produites dans des surfaces de quelques centaines d’hectares à peine. Mineurs qui rêvent de faire sauter cette montagne pour extraire du charbon et d’autres minerais, qui certainement laissera peu de revenus mais beaucoup de destructions écologiques et socioculturelles.

Pour les Yukpas, le manque de terres appropriées au développement des activités socio-économiques traditionnelles constitue le plus grave de tous les problèmes. La réduction de leur territoire ancestral qui a commencé à l’époque coloniale n’est pas encore terminée.

Dans les allées et venues en défense de leurs terres, plusieurs arguments ont été utilisés pour discréditer la légitimité de la lutte yukpa : dans certains cas, ils ont été accusés d’être des alliés de la guérilla, quand la vérité est que les membres de ce peuple subissent quotidiennement les conséquences du conflit armé à la frontière, en perdant la possibilité de parcourir une partie des espaces qui leur ont été laissés et en se voyant obligés de fournir les aliments qu’ils parviennent à obtenir pour nourrir leur famille.

Un autre argument affirme qu’ils ne sont pas productifs et qu’en leur donnant des terres, on met en danger la sécurité alimentaire de la région et du pays, car dans ces haciendas sont prétendument produits la viande et le lait qui nous nourrit, quand la vérité est que la plupart des terres revendiquées par les Yukpas sont sous-utilisées ou improductives, beaucoup ayant été relativement abandonnées ou négligées par leurs propriétaires. Une autre vérité qui se cache dans cet argument est que l’ensemble des terres revendiquées par les Yukpas dépasse à peine 1% du total des espaces qui sont actuellement des haciendas dont un très petit groupe de familles s’en attribue la propriété.

Chaktapa ... le fer de la lance indienne yukpa

Dans la lutte du peuple yukpa pour ses territoires, la fondation de la communauté Chaktapa est un cas emblématique : elle se trouve dans des espaces qui leur appartenaient ancestralement, mais qui, ces dernières années, ont été attribués à l’hacienda Tizina.

Ce conflit a débuté au milieu des années 70, quand un groupe de familles yukpas sont descendues de la partie supérieure du bassin du Río Laja de la Sierra de Perijá et ont occupé de nouveau leurs terres autour des haciendas. A partir de ce moment, le chef de la communauté, Sabino Romero Izarra, a fait l’objet de divers attaques et persécutions. Des groupes d’hommes armés allaient dans la communauté pour le chercher, il était poursuivi pendant ses déplacements de la communauté vers les villes, il a été frappé plusieurs fois et à plusieurs reprises les maisons construites par les habitants de la communauté ont été brûlées ainsi que leurs récoltes. Sabino a reçu des assignations, des menaces de mort avec quiconque dans les communautés voisines, au point qu’à un moment, pour éviter d’être assassiné, il a dû déménager avec sa famille dans la ville de Caracas, où il a vécu de la vente de produits artisanaux tout en cherchant des soutiens pour protéger sa vie.

Nombreux ont été les Yukpas qui ont payé de leur vie la défense de leurs terres. Peut-être que de nombreux Vénézuéliens qui ne vivent pas près des territoires autochtones, croient que les ainsi nommées correrías [razzias] d’Indiens dans lesquelles les membres d’un groupe ethnique étaient assassinés sans aucune conséquence judiciaire, sont terminés, que cela correspond à une période de conquistadores étrangers et de guerres lointaines qui n’ont rien à voir avec ces temps que l’on dit modernes. Mais cela est une erreur, les Indiens continuent aujourd’hui à être tués avec des protections dans le pouvoir économique et les contacts politiques. Un exemple est le cas du père du cacique Sabino Romero Izarra, dont le nom est José Manuel Romero, âgé d’environ 98 ans quand il mourut quelques jours après avoir été tabassé par un hacendado avec son propre fusil, qui est parfaitement identifié mais reste en liberté.

Selon les témoignages des membres de la communauté Chaktapa, qui étaient présents lors des faits, le 7 juillet 2008, l’un des prétendus propriétaires de l’hacienda Kusaré est arrivé à la communauté accompagné de six tueurs à gages armés pour chercher le cacique Sabino Romero ; ne l’ayant pas trouvé, ils ont attaqué les femmes, les petites filles et le vieux José Manuel Romero qui se reposait dans son hamac. Il a été « agrippé par la chemise et tiré de l’endroit où il était assis, giflée, traîné et projeté en l’air par le propriétaire, qui l’a ensuite jeté à terre ». Plus tard, le 19 juillet, il a été emmené à l’hôpital de Machiques et, de là, transféré à Maracaibo où il est décédé le 22 juillet.

Dans l’un des derniers enregistrements réalisé de ce chef indien, faits par des groupes de soutien de l’Université bolivarienne du Venezuela et de l’Université de Zulia qui sont venus dans la communauté pour enregistrer les événements – ce que les médias privés ne font pas –, on voit le Señor José Manuel avec le visage peint en noir, en signe de guerre exigeant la justice ; mais celle-ci n’est pas arrivée alors qu’il vivait encore, car les coups, les humiliations et de l’état de confusion et de troubles qu’a généré l’irruption de ces personnes dans leur propres logements, a inévitablement entrainé sa mort.

Le 13 octobre 2009, le lendemain que des représentants du gouvernement national aient délivré les titres de propriété collective aux membres de trois communautés (Shirapta, Aroy et Tinacoa) comme produit des progrès réalisés dans le processus de délimitation, dans un contexte troublé, d’affrontements, d’interventions d’agents externes, de divisions et de désaccords entre les membres des communautés autochtones, s’est produit un affrontement clairement lié au processus de délimitation du territoire entre les membres des communautés Chaktapa et Guamo Pamocha, faisant deux morts, plusieurs blessés et détenus, dont deux membres de la communauté Chaktapa, Sabino Romero Izarra (Cacique) et Alexander Fernández Fernández.

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Pendant tout le processus, les autorités gouvernementales ont publiquement nié la relation entre ces faits et le processus de délimitation. Cependant, la façon dont l’affaire a été traitée suggère qu’à l’intérieur des institutions, la relation était bien reconnue : parmi les situations qui révèlent cette présomption se trouvent des faits en rapport avec la façon dont a été transféré, mis à l’isolement et inculpé le chef Sabino Romero Izarra, reconnu par les membres de la communauté Yukpa comme le pilier de la résistance et de l’opposition à la manière dont est réalisé le processus de délimitation autochtone ; de même que l’incrimination qui a été faite par les médias contre le professeur Lusbi Portillo et les membres de l’ONG Sociedad Homo et Natura, qui ont activement pris part au soutien des dirigeants Yukpa mécontents des rythmes, des mécanismes et des résultats du processus de délimitation.

Persécutés, humiliés, menacés, constamment déplacés, Sabino Romero Izarra et Alexander Fernández Fernández ont été emprisonnés 18 mois après un procès rempli de nombreuses manipulations juridiques. Grâce à la pression des mouvements sociaux, la libération des détenus a été obtenue[2].

Briser l’organisation autochtone… formes de pénétration politique

L’incapacité du gouvernement national pour accorder des territoires aux peuples indiens – des territoires dans le véritable sens du mot, territoires continus, non fragmentés, en tant que peuples –, tel qu’on leur a fait croire au début du processus de délimitation, a pris de l’ampleur. La liberté de Sabino et d’Alexander est venue compromettre encore davantage la situation pour les instances gouvernementales.

Sabino retourne à la tête de sa communauté, Chaktapa reprend sa place comme fer de lance indienne yukpa dans le but de rendre visibles et publiques les promesses non tenues, les manipulations et la délivrance de titres trompeurs.

La nécessité de faire taire les doutes et la résistance a conduit les organes gouvernementaux, dans les mains du Ministère du Pouvoir Populaire pour les Peuples Indigènes du Venezuela, à approfondir les formes de pénétration politiques qui permettrait d’assurer la division du peuple yukpa et donc son contrôle sur les communautés. Puisque la criminalisation des dirigeants et des alliés ne s’est pas avérée aussi efficace que prévue, la voie la plus expéditive s’est alors orientée vers le renforcement des nouvelles instances de pouvoir et formes d’organisation, produit d’une initiative nettement externe. La création des soi-disants “Caciques Mayores” [« Grands Chefs »], figure qui trouve son origine dans le processus de délimitation du territoire yukpa, consiste basiquement à octroyer et reconnaître de l’extérieur des communautés, un pouvoir spécial aux chefs des centres pilotes, ce qui de cette manière affaiblit les processus traditionnels visant le consensus et l’égalité entre toutes les communautés qui forment un réseau.

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Cette intervention et d’autres actions gouvernementales systématiques ont divisé les membres des communautés (et les communautés elles-mêmes) entre : a) ceux qui soutenaient les actions du gouvernement, qui étaient les mêmes qui avaient le droit de devenir des fonctionnaires du gouvernement, c’est-à-dire « caciques mayores », vice-ministres indiens et/ou bénéficiaires de diverses formes de soutien financier par l’octroi de projets et de crédits sélectifs, et b) ceux qui n’étaient pas satisfaits du processus de délimitation, ceux qui, pour avoir été critiques, ont été exclus, par des membres de la communauté et des personnes externes, de toute politique sociale, mis en cause et catalogués comme obstacles au développement du peuple yukpa comme tels.

Sabino et sa clairvoyance historique

Dans ce deuxième groupe se trouvait et se trouve la communauté de Chaktapa avec Sabino à la tête.
Avec les communautés fortement divisées, les pressions du gouvernement pour obtenir l’approbation de ses politiques erronées, le soutien des médias qui généraient et diffusaient des modèles d’opinion tous faits afin d’incriminer Sabino et tous les membres de sa communauté, la situation de conflictualité dans la sierra s’est avivée, les habitants de Chaktapa vivaient dans une tension constante, au point que les hommes dormaient dans les arbres pour prévenir les incursions de ceux qui viendraient certainement pour le tuer. Ces précautions n’ont pas empêché que, le samedi 23 juin 2012, un groupe d’hommes armés se sont emparés d’Alexander et José Luis Fernández Fernández, et Leonel Romero, les ont enlevé, les ont emmenés dans la montagne et les ont abattus à bout portant. Chaktapa perdu trois autres de ses membres.

Même avec toute la douleur que peut signifier la perte de parents et de compagnons, la volonté farouche et la clairvoyance historique de Sabino Romero Izarra n’a pas été brisée ; au contraire, sa conviction que l’octroi des territoires constituait le fondement de la justice, de la révolution et de la venue d’une véritable paix dans Perija s’est renforcée. Avec une communauté numériquement réduite, frappée économiquement, mais renforcé dans ses convictions et la direction à suivre pour la consolidation du peuple yukpa, il a continué d’exiger le territoire, de négocier avec d’autres communautés dans une recherche d’unité et de soutien.

Sabino, a refusé de consentir à des cadeaux momentanés, à des prêts et à des journées de travail épileptiques et payées par des aumônes pour lui-même et pour sa communauté. Il a défini comme personne d’autre ce qu’était la révolution, et il a expliqué infatigablement qu’il croyait en ce gouvernement, qu’il croyait dans la révolution bolivarienne (pour voir un seul exemple : http://goo.gl/uIgmg ), mais les fonctionnaires avec un esprit colonisé n’ont pas compris que « Sabino ouvre la voie », ils ne l’ont pas cru, ne l’ont pas soutenu, ne l’ont pas protégé ; au contraire, dans leur vision réductionniste du monde, ils ont continué leurs pratiques de conquistadores et attisé le feu sorti tout droit du racisme historique des territoires de Perijá, et sont devenus les témoins, les complices et les bourreaux de la dignité indienne.

<img2216|right>Á plusieurs reprises, Sabino a annoncé sa mort, il connaissait le danger qu’il courrait et était prêt à y faire face. Il s’est embarqué dans la demande que les représentants du gouvernement soient élus par le peuple yukpa lui-même, et non placés là après avoir été triés sur le volet pour s’assurer d’une loyauté les conduisant à trahir leurs racines. Quand il est allé voter dans ce processus électoral qui constituait pour lui une avancée dans la réunification du peuple yukpa, les auteurs matériels l’ont trouvé, deux balles dans la poitrine disent les informations, deux coups de feu dans une zone proche d’un cœur qui battait pour un peuple et pour la dignité des Indiens yukpa, des Indiens américains qui refusent de mourir soumis par une vision développementiste, capitaliste et homogénéisatrice.

Ce que signifie la justice pour Sabino

Qui a tiré sur Sabino Romero Izarra ? Il faut enquêter, qu’ils le trouvent, qu’ils le jugent et le lui fasse payer. Mais, qui a tué Sabino Romero Izarra ? est une réponse qui est déjà dévoilée : les balles qui ont arrêté le cœur de l’Indien digne ont été fabriquées avec la haine raciste, avec les vils intérêts économiques, avec les mauvaises politiques et pratiques du gouvernement.
Rendre justice à Sabino, et à tous les morts de la Sierra de Perija, va bien au-delà de rechercher qui a déclenché l’arme à feu. Rendre justice implique de délimiter et restituer les territoires indiens comme territoires le plus vite possible et de les nettoyer de ces soi-disant tiers.
Rendre justice signifie destituer les autorités militaires de Machiques et les fonctionnaires du ministère du Pouvoir Populaire pour les Peuples Indigènes, et mettre à la place d’autres, non-colonisés, en contrôlant que leurs actions garantissent la digne autonomie des peuples indigènes.

Note de la traduction
[1] Cacique, mot d’origine arawak ou taïnos, populations indiennes des Antilles. Chef de communauté ou de « tribu »
[2] Reducciones, ‟réductions”, missions des ordres religieux catholiques, notamment des jésuites, accompagnant la colonisation. Regroupement de l’habitat indien en vue de la christianisation forcée des populations autochtones.
[3] Libération obtenue aussi parce que les Indiens ont revendiqué le transfert de cette affaire dans leur propre système juridique communautaire dès lors qu’ils s’agit d’un conflit interne, point qui figure d’ailleurs dans la Constitution du pays (article 260).

Source : ici

[Traduction : Francesco / OCLibertaire]

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  • Deux mois après l’assassinat au Venezuela de Sabino Romero, le chef des Indiens Yukpa, les activistes et les membres de sa communauté demandent pourquoi le meurtrier n’a toujours pas été retrouvé.

    Le dimanche 3 mars 2013, le responsable indigène Sabino Romero a été abattu dans l’Etat de Zulia, à l’ouest du Venezuela. Deux hommes en moto se sont approchés de la voiture de Romero et ont tiré, tuant le cacique et blessant sa femme.

    Il est mort peu de jours avant le décès de l’ancien Président du Venezuela, Hugo Chavez. Certains ont craint que la mort du président n’ait éclipsé la procédure d’enquête. Foro por la Vida, une des organisation de défense des droits humains les plus en vue du Venezuela, a réclamé une “instruction exhaustive, transparente et rapide” pour trouver le responsable de l’assassinat.

    Des sources ont très rapidement soupçonné qu’un tueur à gages avait été recruté. Romero était un chef emblématique dans le conflit qui dure entre les propriétaires terriens, les exploitants de ranchs et les indigènes de Zulia. Il s’était fait le défenseur de la délimitation des terres ancestrales des Yukpa et manifestait contre les projets de mine de charbon dans les montagnes de Perija, à la frontière colombienne.

    La suite ici : http://fr.globalvoicesonline.org/2013/05/08/145539/

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