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[État espagnol] Solidarité financière indépendante avec la lutte des mineurs

mercredi 25 juillet 2012, par ocl2446

Alors que la grève illimitée des mineurs se poursuit depuis deux mois, les mineurs et leurs familles se trouvent dans des situations dramatiques. Les numéros de comptes bancaires qui ont circulé sur Internet sont ceux des syndicats (UGT et CCOO) mais il n’y a aucun contrôle ou transparence quant à leur utilisation : cet argent serait utilisé surtout pour financer les frais ‟purement syndicaux” de la lutte (marche des mineurs sur Madrid…), tandis que de nombreux grévistes déclarent ne rien avoir reçu et en être de leur poche, y compris pour les frais occasionnés par le combat quotidien (achat de petits matériels de défense, de protection et d’attaque, déplacements…), sans parler de la survie au jour le jour.

Le FUSOA (Fondo Unitario de Solidaridad Obrera de Asturias), caisse de solidarité ouvrière indépendante des syndicats et des partis politiques, se charge de recueillir des fonds et de les répartir directement auprès de tous les grévistes, syndiqués ou non, en se rendant dans les puits et les lieux de concentration des mineurs en lutte.


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L’appel qui suit a été diffusé dans la Communauté Autonome de Madrid. Mais il nous a semblé judicieux de le faire circuler bien au-delà, la solidarité de classe est censée ne pas connaitre de frontières.

Recueil de soutien financier pour la lutte des mineurs

Dans une période où les coupes sociales et les attaques contre les emplois, les salaires, les droits basiques du travail deviennent habituelles et quotidiennes sans que les travailleurs et les travailleuses ne s’y opposent avec des mobilisations conséquentes, la lutte menée par les mineurs est remarquable non seulement par sa radicalité et ses confrontations avec les forces de répression, mais aussi par la constance et la continuité de la lutte, en particulier dans les bassins du nord, dans les Asturies et le Léon.

La Caja Obrera de Resistencia de Madrid (Caisse Ouvrière de Résistance de Madrid) a soutenu financièrement cette lutte à plusieurs reprises, jusqu’où cela a été possible, laissant à zéro le solde du compte alimenté par les affiliés actifs. Toutes les aides que nous avons apportées ont été pour le FUSOA (Fonds Unitaire de Solidarité Ouvrière des Asturies), caisse de résistance asturienne avec laquelle nous partageons une présence dans la coordination des Caisses de Résistance et des Comités de Solidarité.

C’est pourquoi avec ce communiqué nous commençons une collecte de fonds parmi les travailleurs et les travailleuses les plus conscients de Madrid. Nous ne demandons pas l’aumône pour les pauvres, nous sollicitons la solidarité financière pour ceux qui luttent, pour qu’ils continuent à se battre et qu’ils puissent lutter contre la répression qui se prépare dans les cabinets ministériels contre tous ceux qui ont été identifiés et arrêtés lors des journées de lutte.

Alors maintenant, tu as la possibilité de participer à la lutte des mineurs en contribuant financièrement, selon tes possibilités. La Caisse Ouvrière de Résistance est une caisse stable qui recueille de façon permanente les contributions de ses membres actifs et qui décide en assemblée sur ses aides et ses collectes, tout en étant ouverte à tous les travailleurs et travailleuses, indépendamment de leur idéologie et de l’organisation syndicale à laquelle ils appartiennent.

Comment faire des contributions à la Caisse Ouvrière de Résistance ?

Toujours de la main à la main, ou directement aux compañeros et compañeras actifs de la Caisse, ou bien aux organisations syndicales qui collaborent à cette Caisse et nous le feront parvenir (Solidaridad Obrera, Plateforme syndicale de EMT, le Syndicat Assembléaire de la Santé, etc.). Si aucune de ces manières n’est possible, tu peux te mettre en contact avec la Caisse à travers l’adresse de la boîte postale suivante : Apartado de Correos 40155 (28080 Madrid) ou en envoyant un courriel à cette adresse électronique : cajaresistencia [at] gmail.com et nous entrerons en contact personnellement avec toi pour recueillir ton aide financière.

Madrid, juillet 2012

Source :

http://www.solidaridadobrera.org/cajaobrera/

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Actualisation du 19 au 25 juillet

La dissension entre appareils syndicaux se confirme, l’enfumage de l’Etat se poursuit ; de leur côté, les mineurs continuent leurs actions sur le terrain.

Le 19 juillet, à San Roman des Bembibre, les mineurs ont bloqué une autoroute et des voies ferrées. Il y a eu trois arrestations à la suite de frictions avec la police.

Toujours depuis le 19 juillet, trois mineurs Asturiens des CCOO-HUNOSA campent devant le ministère de l’Industrie et quatre des CCOO de León et Aragón campent également devant le musée du Prado. Ces campements se nomment “Assemblées permanentes”.

Les barrages de routes se poursuivent mais la stratégie est différente. Dorénavant les mineurs procèdent aux actions et blocages de nuit afin d’éviter que les hélicoptères de la police ne les repèrent. Les flics eux entrent donc dans les villes la nuit, coupent les lumières, brouillent les communications portables et arrêtent tout ce qui bouge : passants, automobilistes, etc...

Les dissensions à la tête des appareils syndicaux se confirment : le SOMA-FITAG-UGT souhaite abandonner la stratégie de blocage des routes. Le SOMA a ainsi organisé le 20 juillet une marche au départ des puits de mine en direction d’Oviedo, capitale provinciale des Asturies. Entre temps l’USO, syndicat qui possède statutairement une caisse de résistance et de solidarité a versé 30.000 € aux mineurs de Cangas del Narcea. Notons qu’à l’issue de la manifestation du 11 juillet, le ministère de l’Industrie a reçu l’USO en audience ; audience à laquelle CCOO et UGT ont refusé de se rendre. L’USO se positionne clairement comme le syndicat qui veut négocier et pense gagner grâce à la négociation sans importuner la population avec des coupures de routes.

Une réunion était prévue le 20 juillet entre les mairies des bassins miniers (assoc Acom) et un représentant du ministère de l’Industrie. Les municipalités ont réclamé la mise en circulation des 111 millions d’ euros prévus pour l’aide à la production de charbon afin de donner un ballon d’oxygène aux entreprises. Le gouvernement a répondu qu’il ne donnera pas un centime tant qu’il y aura la grève et les blocages de routes.

L’enfumage de l’Etat

Le 21 juillet, après 8 h de négociations, les représentants des salariés et ceux des entreprises auraient produit un document qui permettrait de débloquer les 111 millions en question. Ce document de 14 pages serait un accord entre la Carbunión, le FITAG-UGT et les CCOO afin de mettre un terme au conflit grâce à des possibilités de maintien de l’emploi dans les mines jusqu’en ... 2012 (sic) !

L’activité des mines serait quant à elle maintenue jusqu’en 2018 grâce à l’étalement des coupes au taux initialement prévu de 63 %.

Dissensions et machinations à la tête des appareils syndicaux

Le mardi 24 juillet : l’USO a donné une conférence de presse accusant les CCOO et le SOMA-FITAG-UGT de prolonger volontairement le conflit pour défendre leurs intérêts syndicaux et les entreprises minières de Vitorino Alonso qualifié de mafieux durant la conférence.

L’USO accuse les deux syndicats majoritaires d’avoir refusé un accord avec le ministère de l’Industrie car une partie des aides qui auraient été transférées pour permettre le recouvrement des salaires des ouvriers étaient destinées à l’origine à financer SOMA et CCOO par l’intermédiaire des plans de formation ainsi que le paiement de frais de fonctionnement incluant le salaire de certains secrétaires de ces syndicats. L’USO plaide pour un retour au travail, garantissant que la viabilité du secteur est assurée si on transfère une partie des fonds destinés à la ré-industrialisation vers les entreprises minières pour l’aide à la production, ce qui est en fait la position du gouvernement. Précisons que l’USO n’a pas quitté une seule fois la table de la négociation depuis fin juin et le lancement de la Marche Noire.

Le SOMA répond en demandant au secrétaire de l’USO de se rétracter publiquement sinon ils intenteront des actions en justice. Par ailleurs le SOMA rappelle que l’USO a lui aussi reçu des subventions ainsi que des fonds pour la formation des mineurs et leur famille. Le SOMA rappelle qu’il y a probablement des milliers de “fils de mineurs USO” qui ont bénéficié de ces plans de formation...

Pour compliquer la situation, le secrétaire général des USO Asturies se désolidarise de sa direction nationale quand elle parle des transferts de subventions pour permettre la reprise du travail par contre il rejoint les critiques sur le détournement des subventions de formation pour le financement des syndicats.

Pendant ce temps sur le terrain

Les actions continuent. Les mineurs empêchent depuis le 23 juillet l’approvisionnement de la centrale thermique de Compostilla. Ils ont bloqué des camions chargés de charbon d’importation qui venaient alimenter la centrale. Pendant ce temps, Goldman Sachs accumule dans le port d’El Musel, dans les Asturies, des tonnes de charbon d’importation en attendant que les prix montent.

Mercredi 25 juillet : Le ministère a rejeté le plan commun proposé par les syndicats majoritaires/Carbunión. Pour le ministère il est peu clair et inutile. Le gouvernement recherche uniquement le moyen de ne pas fermer des entreprises et perdre des emplois dès cette année. Par contre, les coupes auront bien lieu. Il réfléchit à un plan charbon 2013-2018 tout en assurant que le modèle actuel de négociation est mort, autrement dit, le plan se fera sans les syndicats. Pendant ce temps, le blocage de la centrale thermique continue. Les mineurs bloquent toujours des autoroutes en Asturies et les mineurs enfermés dans les puits du León viennent d’atteindre leur 50 ème jour passé sous terre.

Le 25/07/12

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2 Messages

  • Chers Camarades,
    Merci,

    Ce que vous proposez est exactement le contraire de ce que les Mineurs Espagnols ont demandé et ne peut qu’apporter la division. Cela peut seulement porter préjudice aux efforts de solidarité.

    Dans ce cas, le Spanish Miners’ Solidarity Committee rompt toute forme de relation avec vous et vous retire de toutes ses listes de contact.

    Bien à vous, Graeme Atkinson, en charge pour le Spanish Miners’ Solidarity Committee

    repondre message

    • [État espagnol] Solidarité financière indépendante avec la lutte des mineurs 15 août 2012 23:40, par un des contributeur au suivi du conflit des mineurs

      Bon vent !

      « Les Mineurs Espagnols » dont vous vous targuez, ça n’existe pas ! Dans cette lutte, chaque syndicat a rendu public l’existence d’un compte bancaire de solidarité. Et chaque syndicat (le SOMA-FITAG-UGT, la Federación de Industria de CCOO, et aussi les plus petits comme l’USO et la CSI) est censé verser à ses adhérents une grande partie de la solidarité perçue.

      Dans les faits, les mineurs n’ont pratiquement rien reçu de « leurs » syndicats. L’argent reçu a surtout servi à financer les activités syndicales, comme la marche sur Madrid ou les encierros dans les puits. Ce sont surtout les municipalités qui ont mis en place une solidarité, essentiellement alimentaire. Dans le León, les mineurs ont pris des initiatives propres pour se financer, comme la confection et vente de T-shirts.

      Cette quasi absence de solidarité financière est d’ailleurs une des raisons de la reprise du travail au bout de trois mois de grève illimitée.

      Pire. Au lieu d’organiser ou d’impulser vraiment une campagne de solidarité, les syndicats majoritaires (en tête l’UGT, suivie par les CCOO) sont allé pleurer un prêt bancaire, comme avance sur salaire, auprès de la banque Caja España-Duero, avec un délai de carence de 3 mois et un taux zéro garantis pour le créditeur par les « avoirs » des syndicats !

      C’est ça la solidarité financière du syndicalisme institué : d’abord ils négocient un prêt avec un organisme financier et ensuite ils présentent la facture aux ouvriers - ‟sans intérêts”, la belle affaire...
      (voir : http://www.noticiascastillayleon.co...

      C’est ça la nouvelle solidarité "ouvrière" à l’ère du capitalisme "libéral-financier" : des avances sur salaires par des prêt bancaires (à taux zéro et un délai de 3 mois pour commencer à rembourser tout de même !) garantis par les biens et avoirs des syndicats !

      Merci les syndicats pleins de sous, merci les banques !

      Tous ensemble, tous ensemble !

      La signification, c’est que sans vous, sans votre bonté, vos capacités de négociation et vos actions désintéressées, on n’est rien.

      L’initiative du FUSOA avait au moins le mérite de poser la question de la solidarité à la base, horizontale, intersyndicale, incluant les non-syndiqués. Évidemment, cela heurtait de plein fouet la bureaucratie du syndicalisme intégré, largement bénéficiaire des subventions du ‟Plan Carbón”, notamment en matière de financement de la formation professionnelle.

      repondre message


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