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Une crise de la finance ???

dimanche 30 octobre 2011, par Courant Alternatif

A l’heure d’écrire cet article, les événements se précipitent, au point que l’auteure ne sait ce qui se sera passé entre son écriture et sa lecture : ènième crise grecque, baisse de la note de l’État américain, baisse de la note de plusieurs grandes banques, baisse de la note de l’État français, grands conciliabules européens pour sauver une ènième fois l’Europe....
Sont présentées comme des évidences des affirmations qui relèvent en fait plutôt de credos idéologiques : on ne doit pas laisser de dettes aux générations futures, certaines populations vivent au-dessus de leurs moyens et plus longue sera l’attente plus dure sera la chute... Circulent sur internet des buzz sur un « scoop », les banques ne possèderaient pas l’argent qu’elles prêtent (information connue et débattue par les économistes depuis le XVIème siècle environ). Tout le monde jusqu’à la droite diabolise les banques (pas au point de les « spolier » quand même !), le capitalisme semble devenir fou... Le lectorat attentif de Courant Alternatif a en fait les données pour s’y retrouver, mais essayons quand même de reprendre le fil.


Quels liens entre les Etats et les marchés financiers ?

Ils sont multiples car ils ne sont pas seulement d’ordre économique, mais aussi politique et probablement personnel.

Le lien le plus important est aussi le plus classique. Les Etats doivent emprunter pour financer leurs déficits. Cette pratique est aussi vieille que l’Etat, et est pour beaucoup dans la montée en puissance des banques depuis le Moyen Age. Classiquement, les Etats empruntent par le biais de la Bourse en émettant des obligations, qu’on appelle les « bons du Trésor ». Ces emprunts étaient considérés comme les plus sûrs (l’Etat, c’est du solide) et donc ils pouvaient proposer un taux d’intérêt relativement faible et trouver preneurs. C’est ce qui a permis en France l’existence d’une classe importante de rentiers jusqu’à la première guerre mondiale. Il y avait bien sûr parfois quelques hics, par exemple le fameux emprunt russe, que les révolutionnaires ont refusé de rembourser.

Par ailleurs, les Etats ont aussi le privilège de pouvoir financer leurs déficits en créant de la monnaie. Pourquoi ne le font-ils pas systématiquement, puisque c’est un moyen simple et qui ne demande pas de remboursements ? Parce qu’on considère qu’une masse monétaire trop importante est un facteur d’inflation. Et l’inflation ruine les rentiers, qui ont des revenus fixes. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé après la 1ère guerre mondiale en France : un phénomène totalement inconnu jusqu’alors est apparu, celui d’une inflation durable (même si faible), et ceci a complètement transformé la nature de la petite bourgeoisie, qui est devenue une petite bourgeoisie salariée lorsqu’elle n’a plus pu vivre de ses rentes (certains en font une des causes de la montée du fascisme). Les rentiers ne sont plus aujourd’hui une base sociale du conservatisme à ménager, ils sont trop peu nombreux. Mais les grandes institutions financières les ont remplacés : une part importante de leurs profits proviennent des emprunts publics. Ce sont des sommes très importantes : la seule dette de l’Etat français représente 1700 milliards d’euros (sans compter les collectivités locales)1. Le paiement des seuls intérêts a représenté en 2009 46 milliards d’euros1, autrement dit 46 milliards d’euros de profits pour les marchés financiers, soit un peu moins de 10% des profits globaux dégagés sur le territoire par l’ensemble des capitalistes
 [1].

Deux événements ont changé la donne, l’un au niveau mondial, l’autre au niveau européen.

Au niveau mondial d’abord, les années 80 ont marqué un tournant important avec la « libératio » progressive des capitaux. C’est la fameuse déréglementation mondiale. Petit à petit, la liberté de circulation sans contrôle des capitaux d’un pays à l’autre a été instaurée. Ceci en même temps que les transactions se sont informatisées. Désormais, « on » peut placer n’importe quel montant sur n’importe quelle place boursière du monde. Enfin, pas tout à fait on, ceux qui disposent de montants suffisants pour que ce soit intéressant, et ça ne fait pas beaucoup de monde, mais plutôt quelques institutions spécialisées (mais beaucoup d’argent). Ce tournant correspond à un renforcement de la domination du capitalisme financier sur les capitalismes industriels et commerciaux. C’est avec ce tournant que les États sont devenus dépendants des marchés financiers internationaux pour le financement de leurs emprunts. Précisons qu’il s’agit d’une soumission volontaire. Les gouvernements pourraient inciter les banques à caser leurs emprunts auprès des petits épargnants nationaux, ce qui les mettrait relativement à l’abri. C’est ce que fait par exemple le Japon.

Au niveau européen ensuite. Aveuglement idéologique ? Soumission totale aux diktats financiers ? La zone euro est la seule région du monde à s’être interdit constitutionnellement de créer de la monnaie (Traité de Maastricht). C’est la Banque Centrale Européenne qui a la charge du contrôle de la masse monétaire européenne. Elle est statutairement indépendante des États, de même que les différentes banques centrales qui la composent (la Banque de France a dû changer de statut). Elle a inscrit dans ses statuts la lutte contre l’inflation comme objectif n°1, donc l’engagement à ne pas augmenter de trop la masse monétaire. Elle a persisté le plus longtemps qu’elle a pu à maintenir des taux d’intérêts élevés (c’est bon pour la monnaie, et très mauvais pour l’activité industrielle et le commerce). Les États de la zone euro ne sont donc plus maîtres de leurs financements, et il s’agit là d’une soumission volontairement pérennisée par un arsenal juridique.

L'argent de la dette

La dette a donc deux facettes : c’est une somme d’argent qu’on doit, et c’est un marché puisqu’elle rapporte des intérêts. Un marché dans tous les sens du terme : elle peut s’acheter et se vendre, justement parce qu’elle rapporte. Une dette trop élevée est une dette qui risque de ne pas être remboursée, donc le taux d’intérêt est plus élevé pour compenser. Elle reste donc une dette intéressante commercialement.

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Évidemment, les chiffres donnent le vertige, comme le montre l’illustration 1 qui est en millions d’euros. En France, la dette publique s’élève à environ 1700 milliards d’euros, soit un peu plus des 4/5 du PIB. Le seul paiement des intérêts, sans compter les remboursements, tourne autour des 50 milliards d’euros par an. Évidemment, une dette ne vaut que par rapport à la richesse du débiteur. C’est pourquoi les dettes sont généralement présentées en pourcentage du PIB. La télé nous a abreuvé-e-s avec la dette de la Grèce qui fait 1,5 fois son PIB. Elle est étrangement silencieuse sur celle du Japon (avant Fukushima), 2,2 fois sa richesse, ou celle des États-Unis, un peu plus que son PIB [2].. Mais en fait, c’est d’abord une question de structure de cette dette : combien à court terme, combien à long terme, ou autrement dit qu’est-ce qui doit être remboursé prochainement ou qu’est-ce qui doit être remboursé à la saint glin-glin. C’est ensuite une question qui relève de Madame Soleil : le pays va-t-il suffisamment s’enrichir pour payer facilement ?

L’autre question, bien sûr, c’est combien on paye. Les taux d’intérêt à long terme des obligations d’Etat sont en moyenne de 4,4% en 2011 pour la zone euro. Evidemment, mieux vaut être riche que pauvre, l’Allemagne bénéficie d’un taux de 3,3% et la France de 3,7%. La Grèce, elle, subit un taux usuraire de 13,5% et le Portugal est quand même à 8,7%. Les Etats-Unis payent quand même 3,5%, le Japon, lui, a la confiance de ses petits épargnants et leur attribue royalement 1,3%... [3]

Mais pourquoi ces chiffres donnent-ils le vertige ? Le PIB, c’est la richesse annuelle. Ce n’est pas parce qu’on achète une maison de 100.000 euros qu’on gagne plus de 100.000 euros par an. Si ces chiffres donnent le vertige, ce n’est pas pour leur montant en soi mais pour ce qu’ils représentent dans l’univers financier. Les 50 milliards d’euros que l’Etat français verse au titre des intérêts, il les verse aux heureux détenteurs de titres boursiers particuliers. C’est en quelque sorte un impôt négatif, versé aux riches. Ce peut-être des petits épargnants, comme au Japon. On a vu que ça change les taux.

Aux Etat-Unis, les investisseurs étrangers détiennent environ 1/3 de la dette (10% pour les seuls chinois). Vu d’un point de vue nationaliste, la dette des Etats-Unis enrichit en partie l’étranger. L’Europe, elle, a décidé que le financement de la dette ne pouvait venir que des marchés financiers et pas des banques centrales ou de la création monétaire (aux Etats-Unis, 40% de la dette est détenue par le secteur public). En France, par exemple, environ les 2/3 de la dette ont été achetés par des capitaux étrangers (cette proportion est d’ailleurs plutôt en baisse). La France doit donc conserver une bonne réputation auprès des marchés internationaux pour continuer de se financer. C’est la conséquence de la déréglementation dont je vous ai parlé plus haut.

Avec l’éclatement de la crise des subprimes en 2007, les marchés financiers (dont les banques) ont cherché des valeurs sûres où investir. Ils ont donc acheté massivement des emprunts d’État. Ça tombait bien, les États ont lancé de gros emprunts pour financer les plans de relance et les plans de sauvetage des banques. Le fameux débat sur la moralisation des banques est de la poudre aux yeux destinée à masquer une escroquerie assez hallucinante. Le marché interbancaire, celui où les banques échangent de la monnaie, était en panne car elles ne se faisaient plus suffisamment confiance entre elles pour se prêter réciproquement de l’argent. Pour éviter une panne complète de l’économie, ce sont donc les banques centrales qui leur ont prêté, à des taux avantageux pour éviter d’aggraver la crise. De plus, chaque État a « sauvé ses banques » en les recapitalisant, c’est-à-dire en leur donnant de l’argent pour augmenter leur capital. C’est là que l’aveuglement idéologique, ou la complicité politique, des États de la zone euro atteint l’incroyable. Idéologie ultralibérale oblige, les États ont donné de l’argent sans contrepartie de contrôle. Ils auraient pu devenir actionnaires, mais non, ils ont juste donné de l’argent aux banques en leur demandant d’être gentilles. Ils savent pourtant pertinemment, notamment de par leurs relations personnelles et familiales et leur milieu social, que le rôle d’une banque n’est pas d’être gentille, c’est de gagner de l’argent sur les opérations financières. Ce qu’elles ont fait. Traité de Maastricht oblige, les États ne pouvaient financer ces dons ni par de la création monétaire ni par leurs banques centrales, soumises à la Banque Centrale Européenne. Ils ont donc lancé des emprunts... souscrits par les marchés financiers dont les banques.... En bons gestionnaires du court terme, et en bons fossoyeurs de l’avenir, ils ont acheté prioritairement les emprunts publics qui rapportaient le plus, c’est-à-dire par définition les plus risqués : grecs, portugais, espagnols, irlandais... en les panachant avec du « solide », France, Allemagne... Exactement la même tactique que précédemment pour les subprimes.

Tout est alors en place pour un solide jeu pervers.

Pour leurs activités spéculatives, les marchés ont avantage à une hausse du taux d’intérêt qui rend non seulement les prêts plus intéressants mais aussi et surtout tous les produits dérivés des prêts [4]. Les rumeurs sur les risques de faillites et autres difficultés les arrangent donc bien, au point de les susciter. Mais les créanciers n’ont jamais intérêt à ce que leurs débiteurs fassent faillite. Or, en alourdissant la charge de la dette, ce petit jeu met en péril la zone euro : plus les taux d’intérêts montent, plus la dette pèse lourd, plus les Etats ont besoin d’emprunter, plus les taux d’intérêts s’élèvent, etc.

Au milieu de tout ça, quel rôle jouent les agences de notation ? Comme les produits financiers sont de plus complexes au point que plus personne n’y comprend rien, ce sont des services spécialisés sur l’analyse de la situation des débiteurs. Ce ne sont pas des institutions étatiques ou para-étatiques, ce sont des entreprises privées filiales de banques et autres. Elles notent donc entre autres ... leurs clients. C’est dire si elles sont crédibles. D’ailleurs, Lehman Brothers avait encore la meilleure note possible la veille de sa faillite. Parmi les débiteurs, elles notent les Etats en fonction de leur credo idéologique ultralibéral. On peut remarquer que la baisse de la note des Etats-Unis n’a pas changé d’un iota les taux d’intérêts de leurs emprunts. Comme quoi...

En arrière-fond, mais qu’il ne faut jamais oublier, il s’agit de se payer sur la bête. La bête, c’est qui ? Les exploités du monde entier. La finance accapare une partie de plus en plus importante des profits mondiaux (je n’ai pas les chiffres) et tient les renes (ce sont les intérêts financiers à court terme qui dictent l’ensemble des modalités de gestion du capital). Il faut quand même qu’il reste suffisamment de profit pour faire tourner la machine industrielle. Les recommandations de politique économique des marchés financiers vont toutes dans le même sens : augmenter les profits au détriment des salariés. Ce sont les plans d’austérité. Que se passe-t-il ? Les plans d’austérité rognent sur le pouvoir d’achat du plus grand nombre et aggravent le chômage. Les recettes fiscales baissent d’autant. Les États rognent sur la protection sociale, ouvrant au passage un nouveau marché, financier lui aussi, sur lesquels d’aucuns lorgnaient depuis longtemps. Tous les plans d’austérité sont pris au nom de la contrainte financière. Les marchés sont-ils satisfaits pour autant ? Pas du tout, ils conservent une certaine lucidité et savent qu’à terme les mesures qu’ils réclament aggravent la situation. Les notes baissent, les taux d’intérêts montent à nouveau, la spéculation rapporte toujours plus, et de grands sommets fébriles se tiennent, où on va voir ce qu’on va voir....

Dette privée et dette publique

C’est qu’il ne faut pas oublier au-delà des péripéties la raison de fond profonde de la crise. Le capitalisme pour se développer a besoin de débouchés, qu’il ne peut trouver que dans la consommation salariée de masse (les riches ne sont pas assez nombreux pour tout dépenser). Or depuis les années 80, le rapport de forces s’est inversé en faveur du patronat qui a réussi à restaurer ses marchés en comprimant les salaires. Les profits ont été rétablis au détriment de la consommation qui les permet. Ce miracle a tenu de nombreuses années grâce à l’essor du crédit : la stagnation du pouvoir d’achat a été compensée par une explosion des crédits à la consommation et des crédits immobiliers, qui ont eux-mêmes nourri l’explosion des marchés financiers. C’est cet édifice qui a montré sa fragilité à l’occasion de la crise des subprime. Tous les remèdes proposés aujourd’hui ne font qu’aggraver cette contradiction. Et pour le moment, cette contradiction est indépassable, puisqu’il s’agit des bases mêmes du système.

Les organismes de propagande du libéralisme n’ont à la bouche que les déficits publics. Au point que la majeure partie des gens confond déficit public et déficit d’un pays. Pas du tout, la dette brute d’un pays, c’est l’addition de la dette de son Etat, de celle de ses entreprises et de celle des ménages. En France, effectivement, le gros de la dette est d’origine publique. Mais n’ayons pas la mémoire courte. Les pays considérés comme fragiles étaient encensés, il y a peu pour leur faible endettement. L’exemple emblématique en est l’Espagne, dont l’Etat était très peu endetté. Sauf que la population espagnole, elle, l’était, essentiellement du fait des crédits immobiliers liés à la course à la propriété et surtout la recherche d’un toit dans un contexte de spéculation foncière. Que s’est-il passé ? La crise a entraîné de nombreux défauts de paiement, et la prospérité des banques en a été atteinte. L’Etat a donc du voler à leur secours en garantissant leurs créances. Et d’un seul coup, la dette publique s’est envolée.

La dette publique est donc liée à la dette privée. De fait, l’explosion des déficits est liée à la fragilité des banques qui ont fait un maximum de profits en sachant qu’étant au coeur du système, celui-ci ne peut pas les laisser faire faillite. Elles ont mieux lu Marx que les représentants officiels du mouvement ouvrier. Elles savent que l’Etat est là d’abord pour garantir le système capitaliste, quel qu’en soit le prix. C’est pourquoi on nous imposera l’allongement de la durée du travail, la précarisation, la privatisation de la protection sociale, etc... pour mieux financer la prospérité des banques. Il n’est bien sûr pas question de faire payer la note aux capitalistes eux-mêmes.

Et maintenant ?

C’est le bazar.
La zone euro joue sa crédibilité monétaire internationale. Si elle laisse la Grèce sortir du système, ceci signifie que d’autres pays en crise pourront le faire ensuite, et donc les conditions d’emprunt des pays en question vont monter en flèche, provoquant infailliblement la crise qu’ils essaient d’éviter. Elle n’est prête à « sauver la Grèce » que moyennant des conditions politiques que le peuple grec refuse. Elle est totalement divisée sur les moyens à mettre dans le sauvetage. Faire quand même payer un peu les banques ? Dans quelle proportion ? Qui va financer l’emprunt nécessaire ? Va-t-on modifier les statuts qui interdisent à la B.C.E. de financer directement les Etats ? L’Europe n’existe pas, chaque pays joue ses intérêts propres et sa vision, chaque pays a ses propres échéances électorales, alors que toute intervention nationale est interdite par le traité européen.
Le « sauvetage » repose sur la solidité financière de la France et de l’Allemagne, censée rassurer les marchés. Ces deux pays ont-ils les reins assez solides ? Leur situation va se dégrader quoiqu’ils choisissent. Si un certain nombre de pays de la zone s’enfoncent dans la tourmente, ils seront fragilisés par le biais des placements aventureux de leur banque. S’ils garantissent des prêts, ils seront fragilisés par la situation des pays en question.

Mais les différends ne se limitent pas à des querelles de marchands de tapis. La question est de savoir si le système est capable de se réformer lui-même avant la catastrophe annoncée. Visiblement non, et d’autant moins que leur vue diverge sur les remèdes à proposer. Visiblement, le mot d’ordre de l’heure, c’est de changer le moins de choses possibles, habitués qu’ils sont à être les serviteurs zélés des grands maîtres. Or là, l’intérêt des grands maîtres mène les pays européens à se précipiter dans les abîmes. L’aveuglement idéologique, notamment les croyances dans un credo économique libéral qui ne tiens pas debout même dans une perspective de gestion capitaliste, joue peut-être aussi un rôle important.
Secondairement, il y a une solution politique sur laquelle ont toujours compté les fondateurs de l’Europe. Toute politique monétaire et budgétaire nationale étant interdites dans la zone euro, aboutir à une forme de gouvernement fédéral, au moins du point de vue de la politique économique. C’était l’idée des créateurs de l’Europe : engager les conditions économiques qui ne laissent ensuite qu’une seule possibilité politique. Mais là encore, les dirigeants européens n’y sont pas prêts. Aucun d’entre eux n’est en effet prêt à perdre du pouvoir au profit de l’autre.

Quant à nous, nous devons savoir que la crise est toujours devant nous, et qu’ils comptent bien nous la faire payer. Ce qui se passe en ce moment montre, si besoin en était encore, comment ce système mène à notre perte, et que la seule solution est d’en sortir. En attendant d’y arriver, rappelons nous que le capitalisme s’adapte toujours à l’équilibre des rapports de force. Nos capacités de résistance, si elles ne l’abattent pas, peuvent néanmoins influencer l’avenir de ce système, et les décisions qu’ils prendront pour mieux sauver leur peau.

Sylvie

.

Notes

[1D’après les chiffres de l’I.N.S.E.E

[2Tous ces chiffres viennent du site de l’OCDE. La précision a son importance car les évaluations des dettes publiques divergent, il y a plusieurs façons de les compter. Ici, ce sont les « engagements financiers bruts ». Dans ce comptage, la dette de l’État français est estimée à 97% de son P.I.B. Le chiffre donné par l’INSEE relève des critères de Maastricht

[3Chiffres de l’OCDE

[4Les produits dérivés sont des titres financiers que les marchés inventent à partir d’un certain nombre de titres de bases : en les mélangeant, en les achetant et revendant à l’avance pour une date donnée, en inventant des assurances qui elles-mêmes font l’objet de cotations... S’y retrouver précisément demande de longues études, mais le principe de base est toujours une combinaison de titres classiques et de paris qui sont eux-mêmes vendables (un peu comme on revendrait un ticket de loto sportif avant le tirage).

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