dimanche 9 octobre 2011, par
Voir en ligne : Déclaration d’occupation de New-York
Le 17 septembre, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées aux alentours de la bourse de New York City au sud de Manhattan à l’appel d’un mouvement anonyme baptisé Occupy Wall Street . Un appel lancé par un magazine alternatif canadien. Repris sur quelques sites Internet. Appel repris dans un concert de Manu Chao, et puis c’est à peu près tout.
Les 2 à 300 personnes du premier jour ont voulu s’installer dans un parc voisin pour y dresser des tentes mais la police les en a empêché. Mais le lendemain, ils sont revenus. Pas de d’organisation ni de porte parole. Simplement des thèmes simples : « Nous sommes 99% de la population et on ne va pas supporter plus longtemps l’avidité et la corruption de 1% ». Un communiqué disant : « Comme nos frères et nos sœurs en Egypte, Grèce, Espagne, Islande, nous avons prévu d’utiliser la tactique révolutionnaire de l’occupation massive du printemps arabe pour restaurer la démocratie aux Etats-Unis ».
Beaucoup de très jeunes (moins de 20 ans) parmi eux.
Et des slogans : « Nous sommes des personnes, pas des indices boursiers », « Nous avons pris la bourse », « FMI, laisse-nous vivre ».
Dès le lendemain, s’est tenue la première assemblée, à l’image de ce qui s’est passé en Espagne, en Grèce et ailleurs. Près de mille personnes qui se sont appelé “Assemblée Générale du Peuple de New York”. Très vite, des petits groupes se sont formés pour amener de la nourriture. L’appel Occupy Wall Street a commencé à avoir un écho dans une trentaine de villes via l’Internet. A New York, les 3 ou 400 personnes de la veille sont maintenant le double.
La police est omniprésente et les arrestations se font sous n’importe quel prétexte : utilisation d’un mégaphone sans permission, ou s’être dispersé pour ne pas se laisser arrêter (“désobéissance aux ordres” !), ou encore avoir empêché la police d’enlever une banderole accrochée dans le parc…
Le mégaphone électrique est interdit. Qu’à cela ne tienne, ils et elles ont inventé le « mégaphone humain » : chaque phrase que dit un orateur est répété successivement dans les rangs de sorte que tout le monde entende…
Le 24 septembre, 80 manifestants sont été arrêtés par la police, officiellement pour avoir bloqué le trafic automobile. Les campements ont été installés dans deux parcs privés de la zone, avec l’accord de leurs propriétaires : ils sont donc en principe indélogeables. Dans la semaine, une vingtaine de personnes ont été arrêtées, la plupart pour des tags, d’autres pour avoir porté les masques Anonymous de “V pour Vendetta” : un officiel de la police a déclaré qu’une loi de l’Etat de New York de 1845 interdit à deux personnes ou plus de porter des masques dans un même rassemblement…
Au bout d’une semaine, dans une dizaine de villes, les premiers rassemblements sont organisés, dont Los Angeles, Chicago…
L’extension se fait surtout dans la dernière semaine de septembre : Kansas City, Saint Louis, Boston, San Francisco, Denver, Seatle… une trentaine de villes sont touchées à la fin septembre et le mouvement ne cesse de s’étendre. Le site Internet occupytogether commence à recenser toutes les initiatives à l’échelle du pays, et même au-delà : Canada, Australie...
Mais en dehors, de NYC, le mouvement reste encore modeste.
La grande presse n’en parle pas. Les quotidiens dits sérieux les traitent de « hippies » en quelques lignes. Sauf Fox News, la chaîne d’infos TV en continu (d’ultra droite) qui voient en eux des « Nazis », pas moins !.
A NYC, les occupants, qui ont rebaptisé le Zuccoti Park en Plazza Liberty ou Liberty Square, ont reçu le soutien de plusieurs syndicats, dont celui des transports de la ville, métro et bus (TWU). D’autres syndicats prévoient une manifestation pour le 5 octobre et ont déclaré soutenir le mouvement de protestation.
Pendant ce temps, le mouvement a commencé à s’élargir. Un journal, “The Occupied Wall Street Journal” a été tiré à 50 000 exemplaires. Pour le numéro suivant, 900 personnes ont déjà contribué financièrement et récolté 36000 US$.
Ce même week-end, les “indignés” new-yorkais ont reçu un soutien inattendu : une quinzaine de marines, vétérans, ont décidé de rejoindre le mouvement « pour le protéger » et faire barrage à la police si besoin est.
Au cours de cette dernière semaine de septembre, d’après la police, 5000 personnes sont passées dans le parc occupé. Ils et elle sont quelques centaines à y passer la nuit.
Samedi 1er octobre, environ 4 à 5 000 personnes se sont rassemblées et ont décidé de partir en manifestation pour protester contre la répression policière du week-end précédent. Mais, c’est l’arrestation de 700 des manifestants (dont une chroniqueuse du New York Times) qui se dirigeaient vers le pont de Brooklyn pour le bloquer qui a eu pour effet de faire sortir dans la grande presse et les grands networks TV l’information sur l’existence de ce mouvement. Seuls les manifestants situés sur les trottoirs ont eu le « droit » de manifester. Mais arrêter tant de monde, qui manifestait pacifiquement, dans un lieu aussi visible, n’a pu que se retourner contre les autorités.
Depuis cette date, des petites vidéos montrant notamment le comportement de la police se sont diffusées un peu partout sur le Net. Presque tous les arrêtés ont été libérés tard dans la nuit mais quelques unes seront convoqués sous 30 jours devant une cour pénale de NY pour atteinte à l’ordre public et blocage du trafic sur le pont. L’attitude le police commence a être ouvertement critiqué, surtout qu’au même moment, on apprend que la banque JP Morgan Chase, sauvée par l’État, a fait une donation (déductible d’impôts) de 4,8 millions de dollars à la Fondation de la Police de New York.
Le même jour, une manifestation de 3000 personnes à Boston s’est conclu par l’arrestation de 24 personnes à la suite de l’occupation des bureaux de la Bank of America de cette ville. A San Francisco, un rassemblement était organisé devant les bureaux de Chase Bank et 6 manifestants ont été arrêtés. A Los Angeles, une manifestation en direction de la mairie a rassemblé 3000 personnes.
Des milliers de manifestants
Le mercredi 5 octobre, la manifestation, appelée également par plusieurs syndicats (des employés de services, des infirmières, des transports publics, les Teamsters… qui normalement sont des soutiens du Parti démocrate), des collectifs et organisations communautaires d’afroaméricain-e-s et de latin@s (dont la Beyond May 12 Coalition), a compté avec plus de 15 000 personnes, avec une immense banderole « We Are The 99% », et une foule d’autres disant « L’imagination au pouvoir », « Banquiers, en prison », « Politiciens, à la maison », « Citoyens à l’agora, créons une nouvelle démocratie », « Mettons fin à la Banque Centrale ! », « Quand les riches volent les pauvres, ils appellent ça des affaires, quand les pauvres se défendent, ils appellent ça violence ».
Plusieurs colonnes de manifestants. « Jobs, not cuts » (« Du travail, pas de coupes sociales ». Un cortège d’un syndicat des travailleurs de Chinatown, composé essentiellement de latinos. Une autre banderole « Printemps Arabe, Été Européen, Automne Américain » ». Un syndicat des plombiers. Un autre des enseignants de la ville. Beaucoup d’étudiants aussi. Certains, fidèles à la tradition gauchiste, avec des emblèmes de Che Guevara, Sandino, Fidel Castro. D’autres avec des calicots dénonçant leur situation d’“endettés” pour cause d’études payantes et sans jobs…
Les messages de soutien commencent à arriver de toutes parts.
Pour beaucoup, c’est un tournant et un début de consécration.
Pour Noami Klein, figure des mouvements altermondialistes, « le mouvement Occupy Wall Street, n’est pas une réponse à celui du Tea Party mais une réponse au Parti démocrate ».
Les derniers jours, le campement de Plazza Liberty continue de s’étoffer et commence à s’organiser. Une bibliothèque, une cuisine, une pharmacie…
Depuis le 1er octobre, des tentes ont été installées aux abords de l’Hôtel de Ville de Los Angeles.
Samedi 8 octobre, une manifestation “contre la cupidité des entreprises” et contre la guerre (10ème anniversaire de la guerre en Afghanistan) a eu lieu à Washington (capitale fédérale) à l’appel du mouvement “ Occupy D.C. ” (“Occupons Washington DC”) et Stop the Machine , au cours de laquelle une occupation symbolique d’un musée national de l’air et de l’espace s’est terminée en affrontements (légers) et lâchers de gaz au poivre par les gardiens. Le musée a été fermé. Les manifestants ont fait un sit-in sur les pelouses pour exiger de pouvoir entrer, mais en vain.
Le 15 octobre est une autre échéance, internationale, avec 400 rassemblements annoncés dans 45 pays sous le slogan : « Unis pour un changement global »
A suivre…
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Déclaration du mouvement de NYC :
http://nycga.cc/2011/09/30/declarat...
Site “hub” regroupant les informations sur les initiatives à l’échelle du pays et au-delà :
http://www.occupytogether.org/
NYC :
http://occupywallst.org/