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EDITO CA 213

vendredi 7 octobre 2011, par Courant Alternatif


Nous sommes entrés dans la traditionnelle « rentrée sociale ». Que vont donner les appels à la mobilisation lancés par les syndicats ? Des chefs d’orchestre traditionnels des mouvements sociaux ont lancé le 27 septembre une grève dans l’Education nationale et dans un certain nombre d’autres secteurs proches. Il est certain que ces appels reposent sur un ras le bol concernant la casse de l’éducation et de la formation avec ces suppressions d’emploi et leurs conséquences sur les conditions de travail, ces suppressions de classes avec leurs conséquences pour les parents d’élèves et les élèves, … Ce mécontentement qui s’exprime par des luttes locales peut toujours s’amplifier et tendre à se généraliser, l’avenir nous le dira. Puis ce sera la « mobilisation » pardon « la journée d’action » interprofessionnelle du 11 octobre orchestrée par les syndicats responsables où on ignore encore à ce jour s’il y aura ou non un appel à la grève… pour 24h dans le service public et quelques heures dans le privé. C’est d’un rituel et d’un convenu ! On peut se demander si ce cinéma va encore durer longtemps… Quand les syndicats intégrés à l’appareil d’Etat auront-ils perdu toute crédibilité ?
S’organiser en dehors des syndicats devient une urgence ce qui ne signifie pas forcément quitter les syndicats dans les boîtes où on bosse lorsqu’il est possible de s’en servir comme outil pour les luttes.
Ces syndicats ont aujourd’hui de plus en plus « le feu aux fesses ». L’Etat et le patronat tiennent à aller encore plus loin dans leurs intégrations avec leurs projets de modification de la représentativité où les petits risquent de perdre leur représentativité et ainsi disparaître par manque de financement. On peut toujours espérer que ces petits syndicats interviennent davantage sur le terrain au lieu d’intégrer les gros appareils mais il ne faut pas rêver, le permanent syndical fait bien souvent tout pour ne pas retourner au turbin quitte à changer de boutique !
Nous ne pouvons pas non plus oublier que nous sommes à quelques mois d’une échéance politicienne et traditionnellement nos chefs d’orchestre oeuvrent pour la paix sociale et la sérénité des citoyens déposant leur bulletin dans l’urne. C’est bien connu, tout ce que nous n’avons pas gagné par nos mobilisations et surtout, par les temps qui courent, tout ce que nous n’avons pas réussi à sauver, peut être rattrapable par de nouveaux et nouvelles élu/e/s. Il n’est pas sûr que ce discours traditionnel fera encore long feu. Qui peut encore croire à ces sornettes ? Qui peut encore se nourrir d’illusions « réformistes » lorsqu’on a connu la Gauche au pouvoir législatif de 1981 à 86, de 1988 à 1993 et de 1997 à 2002 : soit 15 ans en 30 ans. Mais la mémoire est sélective, Il y a toujours des incrédules et surtout ceux et celles qui ont socialement intérêt à se raccrocher à un changement politicien en particulier les classes moyennes qui se précipitent aujourd’hui pour les primaires socialos.
Nous espérons toujours que nous sommes et serons de plus en plus nombreux à avoir intégrer qu’il n’y a rien à attendre de la classe politique dans son ensemble.
Alors, va-t-on voir naître en France comme en Espagne un mouvement d’indigné/e/s refusant la « trêve électorale » ? Les idées plaquées sur une autre réalité ont bien souvent du mal à fonctionner mais personne ne peut prévoir ce qui peut se passer dans quelques semaines. Par contre, il y a eu le mouvement des retraites qui a marqué beaucoup de gens même si celui-ci a manqué d’autonomie et a été finalement bien contrôlé par les centrales syndicales. Dans certains endroits, ils existent encore des braises où suite à ce mouvement des gens ont continué à se réunir. Alors, pourquoi pas un retour de flammes ? Si c’est possible re-dynamisons les A.G. interprofessionnelles ouvertes aux précaires et aux chômeurs ! D’autant plus qu’un vaste mouvement de grèves invisible existe en France depuis le début de l’année 2011. Plus de 770 grèves de début février à mi-juin ont été recensé en s’appuyant seulement sur des informations publiées par la presse. Il ne s’agit pas d’un réel mouvement social puisque ses acteurs n’ont pas conscience d’agir collectivement dans un même but. Néanmoins, localement, des foyers de résistance et de luttes tendent à se multiplier.

Cette rentrée va être aussi le théâtre de manifestations antinucléaires. Là aussi va se poser le problème de la rupture ou non avec les institutionnels qui préparent les élections et leurs négociations avec le PS. Nous devons décrédibiliser définitivement le Réseau Sortir du Nucléaire qui depuis sa création, voici 14 ans, demande à l’Etat français et à ses élu/e/s une sortie du nucléaire dans 10, 15 ou 20 ans. C’est se foutre de la gueule du monde ! Notre seule revendication demeure son arrêt immédiat sans se préoccuper si le capitalisme a, en France, les moyens de remplacer cette énergie électrique par d’autres dites alternatives. C’est son problème et pas le nôtre, résolu d’ailleurs dans beaucoup d’autres Etats ! Les alternatives ne peuvent nous intéresser que lorsqu’elles correspondent à une recherche d’autonomie de populations qui veulent se réapproprier leur vie en dehors de toute marchandisation. Là aussi, on ne pourra réellement progresser si un mouvement social réussit à naître en rupture avec les logiques marchandes et productivistes du capital.

Nous vivons actuellement une période palpitante avec une remontée significative des luttes en Europe où le lieu d’affrontement entre les classes n’est plus seulement dans les lieux de production où de plus en plus de gens refusent de payer leur crise et ne s’identifient plus au système qui les exploitent et les broient. Au niveau international, nous sommes là aussi entrés dans une période de mouvements de fonds où le problème de la solidarité de classe est à nouveau reposé.

OCL-Reims, le 20/09/2011

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