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[État espagnol] Malgré les interdictions et les élections, le mouvement continue et s’amplifie

lundi 23 mai 2011, par OCLibertaire

La force du mouvement de contestation qui secoue l’État espagnol depuis une semaine a contraint le gouvernement à renoncer d’appliquer l’interdiction des manifestations décidée par la Commission électorale centrale. C’est déjà l’aveu d’un rapport de force.
Depuis vendredi soir, la participation aux rassemblements s’est encore accrue, particulièrement dans les grandes villes en dehors de Madrid. En outre, des milliers de personnes se sont aussi retrouvées pour la première fois dans les villes de taille moyenne. Partout, les assemblées ont décidé de poursuivre le mouvement d’occupation des espaces publics au delà de la journée électorale du 22 mai.
En ce début de semaine, il est clair que le mouvement entend s’inscrire dans la durée.


L’extension hors des frontières.

Londres, Bruxelles, Budapest, Rome, Florence, Bologne, Padoue, Prague, Varsovie, Vienne, Paris, Athènes, Buenos Aires, Jérusalem, Rabat, Tanger, etc. ont connu des rassemblements vendredi, souvent devant les ambassades ou consulats espagnols. A Lisbonne une manif a rassemblé Espagnols et Portugais. A Paris, environ 400 personnes, en majorité de jeunes espagnols résidents dans la capitale, se sont retrouvées place de la Bastille où elles se sont rassemblées de nouveau samedi dans l’après-midi. A Grenoble ils et elles étaient 150. Marseille, Toulouse s’y mettent aussi, et peut-être Montpellier. Au Maroc, les jeunes espagnols ont reçu le soutien des membres du groupe “Mouvement du 20 février” à l’initiative des manifestations pour le changement dans ce pays. A Jérusalem, plusieurs dizaines ont défilé aux cris de « Nadie se esperaba, España en la Intifada” [Personne ne s’y attendait, l’Espagne dans l’Intifada”] et « El pueblo no se calla, sabemos lo que falla » [“Le peuple ne se tait pas, nous savons ce qui ne va pas”]

D’autres rassemblements sont annoncés dont la listes ne cesse de s’allonger : Berlin, Milan, Turin, Athènes, Jérusalem, au Canada, à Washington et New York ou encore Mexico, Sydney, au Japon, à Amsterdam ou Stockholm. Samedi matin, un site Internet recensait plus de 530 lieux de rassemblements dans le monde. Des rassemblements étaient annoncés ou avaient déjà eu lieu un peu partout, sauf en Afrique (exception faite du Maroc) et une très grande partie de l’Asie (rassemblement de 30 citoyens espagnols à Hanoï !). Dans la très grande majorité des cas, il s’agit d’étudiants de nationalité espagnole.

Dans l’État espagnol

Vendredi soir, ce sont environ 160 rassemblements qui se sont déroulés dans tout le pays, soit plus du double de la veille : maintenant ce sont des villes moyennes qui sont touchées. Et la participation à ces rassemblements continue de progresser. A Madrid, la place saturée de monde déborde sur les rues adjacentes. La police a compté 28 000 personnes tandis la plupart des témoins estiment que le double est plus proche de la réalité. Difficile de savoir en fait car cette partie centrale de la ville est toujours très fréquentée en soirée, surtout en fin de semaine. A Barcelone, la place de Catalunya a été remplie pour la première fois depuis le début de la semaine, avec sans doute plus de 20 000 personnes. A Valence, deux établissements bancaires ont été symboliquement occupés dans la journée et le rassemblement du soir sur “Place du 15 mai” (l’ex-place de la mairie) a regroupé entre 12 et 15 000 personnes environ. Entre 200 et 300 s’y sont installées pour la nuit tandis qu’à Séville, la presse parle de 10 000 participants au rassemblement et 600 campeurs.

Impossible de dresser la liste et encore moins de relater ce qui se passe partout. Ce que l’on peut dire, c’est que la décision d’interdire les réunions dans la rue a été rendue tout simplement impossible par un formidable mouvement de désobéissance collective qui a vu affluer des dizaines de milliers de personnes aux quatre coins du pays dès le vendredi soir, une grande partie d’entre elles pour la première fois, et cela même s’il y avait aussi des curieux parmi elles.

L’interdiction des rassemblements pas appliquée

Si la Commission électorale centrale, l’instance supérieure qui a autorité sur l’ensemble du territoire de l’Etat espagnol, a déclaré l’illégalité et l’interdiction des rassemblements les 21 (“journée de réflexion”) et 22 mai (jour du vote), l’exécutif n’a pas voulu. Du moins pour l’instant. La décision d’interdire tous les rassemblements a en effet produit un effet de mobilisation plus important encore, en nombre de rassemblement et en participation à ceux-ci.

Le ministre de l’Intérieur Rubalcaba, qui est aussi le n°2 du gouvernement, a prononcé des phrases ambiguës, disant que la police sait ce qu’elle doit faire, qu’en agissant pour résoudre un problème, elle ne peut en créer d’autres, et qu’elle interviendra s’il y a des désordres et de la violence. Mais qu’en l’état actuel des choses, la place est indélogeable, sauf à provoquer des affrontements, des blessés. Propos repris peu ou prou par les principaux syndicats de policiers qui ont déclaré ne pas souhaiter d’intervention contre les occupants.

De leur côté, le mouvement “Tomalaplaza” [Prends la place] de la Puerta del Sol a rappelé que la protestation devait rester pacifique, que rien de devait donner prétexte à une intervention policière (notamment ni des gestes violents, ni une trop grande consommation d’alcool) et a appelé à une journée de “réflexion collective”, mais dans les rues et les places, avec des assemblées, des débats, de la musique, etc.

Village autogéré

Pendant ce temps, l’occupation s’enracine et s’organise. Les bâches sont de plus en plus nombreuses, les tentes aussi. Une dizaine de commissions commencent fonctionnent (Action, Art, Alimentation, Infrastructure, Coordination interne, Infirmerie, Nettoyage, Communication, Juridique, Information et même “Respect”, etc.) et certaines comme Extension, ont crée des sous-commissions (court terme / long terme). Une garderie et espace de jeux pour enfants (“Zona Infantil”) ont été mise en place, ainsi que des sanitaires et toilettes, des poubelles, un deuxième point de restauration-cafétéria, une bibliothèque. Un panneau solaire a même été installé et fournit de l’électricité. Le nombre de commissions et sous-commission ne cesse de croître pour répondre aux nouveaux besoins qui se font jour. Un plan du village réactualisé fréquemment est disponible pour s’y retrouver.

Des ateliers sont également mis en place : clown, performance, éducation écologique, massages, décroissance, journalisme, etc. Ainsi qu’un potager biologique et symbolique.

Samedi après-midi, il y avait de la musique (concert), un « paseo de reflexión » (une marche silencieuse) de la Puerta del Sol jusqu’au siège de la Banque d’Espagne. Plusieurs batukadas parties de trois endroits distincts ont convergé vers la “Place de la Solution”. Pendant ces deux jours, plusieurs centaines de personnes se sont réunies sur d’autres places, proches de la Puerta del Sol, et ont discuté à la fois de l’organisation de l’occupation et du campement et de la partie « programmatique » de ce mouvement qui prétend à une transformation du système politique et de la politique elle-même en matière économique, sociale, énergétique, éducative, etc.

Un programme politique ?

Les contenus de cette nouvelle orientation politique revendiquée sont peu ou prou les mêmes que ceux que l’on retrouve depuis quelques années dans diverses mouvances “antiglobalisation” de la gauche alternative et écologique, genre ATTAC, auxquels s’ajoutent des éléments nouveaux liés à la crise de 2007-2008 et aux mesures économiques prises par le gouvernement depuis le début deux ans (retraites, salaires, santé, transports gratuits pour les chômeurs, droit au logement, possibilités de limiter et “liquider” les dettes des particuliers comme cela se fait pour les entreprises…). Pour la partie institutionnelle, est demandée une réforme de la loi électorale (pas de financement privé des partis, pas de personnes poursuivies sur les listes, listes ouvertes et système de représentation proportionnel…). Le reste, est un catalogue assez intemporel, depuis la séparation des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire), la fermeture des centrales nucléaires, la réduction des dépenses militaires, « une vraie régulation des conditions de travail » surveillée par l’État, la taxation des transactions financières, etc. Rien de bien nouveau qui ne soit déjà connu en somme.

A la vue de ces propositions, la question qui se pose immédiatement, c’est celle de la politique elle-même, c’est-à-dire le type de relation, jamais établie ou même interrogée, entre d’un côté une liste de revendications (qui certainement ne fera que s’allonger dans les jours qui viennent si l’on souhaite parler de tout et n’oublier personne) et de l’autre les moyens de lutte à discuter et à décider pour tenter de les conquérir. D’un côté un « cadre » politique est en train d’être construit par quelques centaines personnes réunies, même de manière très horizontale et démocratique et, de l’autre, il y a des appels à constituer des assemblées de quartier ou de communes qui sont censés être les lieux de l’élaboration politique.

Comment s’articulent ces différents niveaux ? Et même, une fois que le programme sera ficelé, si toutefois c’est possible en respectant l’hétérogénéité d’un mouvement politico-social aussi atypique, qu’en fait-on ? Trop tôt pour répondre évidemment. Mais pas trop tard pour signaler dès maintenant que, sous prétexte d’être “positif”, de ne pas se contenter de critiquer ou de dénoncer, il y a déjà une ligne générale assez précise et identifiable qui s’élabore et qui correspond à une certaine orientation politique préalablement définie.

Il est notable en effet que sur chaque point, chaque thème – et même sur tous – ne soient pas présentée une gamme de positions possibles entre lesquelles il serait possible de débattre : sur n’importe quel sujet, qu’il s’agisse de démocratie, de logement décent, de « relations de travail », de santé ou d’éducation, etc., il n’est pas vrai qu’il existe une position unique à chaque fois mais au moins plusieurs. Car choisir et débattre, c’est au préalable pouvoir le faire entre plusieurs propositions exprimées. S’il s’agit de créer un mouvement nouveau et ouvert, pourquoi s’empresser de verrouiller tous les contenus ? S’il s’agit de changer de système, et pas seulement les politiciens comme cela a été dit et répété, pourquoi conserver le cadre institutionnel de la Constitution espagnole (et se contenter d’une demande de référendum sur la maintien de la monarchie), pourquoi maintenir un système qui reconduit l’existence d’une classe politique séparée et par définition incontrôlable, pourquoi se contenter de vouloir surveiller ou contrôler les « marchés financiers » et ne rien dire sur les rapports d’exploitation dans le travail, dans la relation salariée, comment aborder les questions énergétiques sans interroger les modes de production (et de consommation), etc. Certains n’hésitent pas à parler déjà de « processus constituant ». C’est vraiment aller très vite en besogne. Ou alors vouloir se satisfaire de bien peu de choses.

Comme toujours, il y a un rapport de cohérence entre les contenus proposés et les manières (les formes) dont elles sont issues. Il n’est qu’à voir comment se sont mises en place les commissions de travail et à quel type de division du travail on aboutit. Á la Puerta del Sol, celle qui s’appelle Extension (du mouvement) est d’une certaine manière une des plus “politique” puisqu’elle est celle qui réfléchit au devenir de ce mouvement, à court et long terme, et émet des propositions. Il est curieux qu’elle soit au même niveau que les autres (Nettoyage, Infirmerie…), qu’il n’y en ait qu’une et pas dix ou vingt, ou bien qu’à chacune des commissions plus “technique” (elles ont toutes bien évidemment une dimension politique) ne soit pas associé un volet ou moment politique de réflexion et d’élaboration sur le devenir du mouvement. Malgré de louables formes apparentes de l’horizontalité (pas de hiérarchie a priori, parole tournante, on se parle et on s’écoute…), sont insidieusement reproduites des divisions entre tâches d’exécution et d’élaboration, qui sont quand même une des manières par lesquelles ce système fonctionne à tous les niveaux : partis, institutions et formes de la représentation politique, structures de l’organisation sociale, du travail, de la production marchande, du pouvoir techno-scientifique, etc.

Mais peut-être qu’après tout le mal-être, la révolte et le ras-le-bol qui s’expriment dans les rassemblements et les campements permanents ne tiennent pas dans un programme politique, ne s’y réfèrent qu’implicitement, par défaut d’autre chose et de manière lointaine, que les formes de multiplicité et le caractère hétérogène de ce mouvement ne sont pas synthétisables dans une série de réformes, même si celles-ci se révèlent par ailleurs impossible à mettre en œuvre dans la situation actuelle malgré leur aspect acceptable et consensuel.

Le 23 mai, ça continue

Mais peut-être aussi que les enjeux du moment se situent ailleurs, notamment dans le type de conflictualité que ce mouvement de protestation a déjà introduit avec le pouvoir politique et sur ce qui va se passer dans les jours qui viennent, tant en terme de dynamique interne, de capacité expansive vis-à-vis de la société notamment par l’incorporation de nouvelles figures sociales, que dans les moments les plus “centraux” ou plus généraux de l’antagonisme avec l’État en particulier sur la question cruciale de l’occupation permanente des places.

Sur le fonctionnement général, quelques voix commencent à se faire entendre sur la manière dont sont gérées et organisées les assemblées, la distribution de la parole, l’élaboration des propositions, la présence et le rôle de militants chevronnés de groupes politiques face au citoyen lamba qui s’adresse à une foule pour la première fois, etc. Sur Madrid, la proposition de « programme politique » en 16 points tel qu’elle a été élaborée et rendue publique fait grincer bien des dents et même plus que ça depuis dimanche.
Apparemment, selon les villes, les situations sont contrastées. Comme dans tous les mouvements, il y a toujours un fonctionnement à deux niveaux. Les noyaux les plus actifs et le reste : ceux et celles qui prennent en charge l’organisation du mouvement et la grande masse qui participe et vit la situation de manière plus passive. A la Puerta del Sol, ceux et celles qui participent aux commissions et autres sous-commissions étaient un peu moins d’un millier samedi et dimanche, sur 30 à 40 000 personnes réunies. Mais, ce qui est intéressant et notable, c’est que, pour le moment, le nombre de ces personnes qui s’impliquent dans les groupes de travail et les commissions croît proportionnellement à la participation générale aux rassemblements et les quatre ou cinq commissions du début sont maintenant une quinzaine... et il s’en crée de nouvelles avec de nouvelles personnes tous les jours

Pour la suite, la tendance générale est de vouloir continuer le mouvement après le 23 mai. Maintien des occupations mais avec des échéances, d’ailleurs distinctes à Madrid et Barcelone, pour ne prendre que ces deux grandes villes.
Sur Madrid, un appel a été lancé d’organiser des assemblées populaires sur les places de chaque quartier ou commune de la Communauté autonome le samedi 28 mai. Cette proposition est faite aussi pour le reste du pays. Il s’agit de créer des « espaces locaux de propositions, de coexistence et de réflexion ». Ces assemblées locales sont appelées à se réunir le lendemain, dimanche 29 mai, sur la Puerta del Sol, pour une grande assemblée générale, en espérant que celle-ci sera la plus représentative possible (puisqu’il s’agit de réunir rien de moins que « l’Assemblée du Peuple de Madrid » !).

L’assemblée de Barcelone quant à elle a décidé de maintenir le campement au moins jusqu’au 15 juin, jour où est appelée une grande manifestation – déjà prévue par un certain nombre de collectifs – en direction du parlement régional contre les coupes budgétaires prises par le gouvernement (droite nationaliste de CiU) sous le prétexte de juguler la crise de la dette. En parallèle, dans certains quartiers de la ville (Sants, Gracia, Nous Barris) des assemblées locales se sont réunies à la suite de plusieurs rassemblements et concerts de casseroles. Des assemblées de quartiers sont programmées tout au long de la semaine.

Le maintien des occupations n’a de sens que s’il permet d’approfondir et d’enraciner plus encore ce mouvement, d’en faire le point de ralliement et le moyen de renforcer tous les conflits sociaux en cours et éparpillés, comme c’est déjà le cas dans certaines villes (Barcelone, Saragosse) où des secteurs en lutte sont venu exposer les raisons de leur combat. Mouvement pour lui-même visant son auto-expansion ou espace de mobilisation, de confluence, forum, pour l’ensemble des luttes ? Ou tout ça en même temps et aussi autre chose à venir.

La désobéissance collective de masse de ces derniers jours a été la réponse appropriée aux tentatives de museler un mouvement de protestation en train de naître. Un seule exception : à Alcoy, petite ville de la région d’Alicante, où les policiers ont sommé les manifestants de se disperser et de ne pas faire des regroupements de plus de 20 personnes, faute de quoi, chacune serait passible d’amendes pouvant aller jusqu’à 6000 euros.

Mais l’État peut-il supporter encore longtemps le désordre que signifie cette désobéissance collective ? On sait depuis Hobbes que l’État s’est institué – et se légitime – sur un « devoir d’obéissance » envers cette entité abstraite se présentant comme l’instance séparée, représentative et unificatrice des significations et de la volonté de la totalité sociale, du peuple, et qu’il se doit sans cesse d’en assurer le monopole exclusif.

Plein de cartes sont dans les mains du gouvernement. La répression, le pourrissement, ou encore la multiplication des restrictions et conditions draconiennes imposées à l’exercice du droit de manifester visant à domestiquer ce mouvement et à le vider de sa capacité ou dimension subversive au profit d’un retour à des formes plus traditionnelles d’expression et de canalisation de la révolte.

De son côté, ce mouvement de contestation, assurément “réformiste” dans son expression majoritaire, mais qui ne tient manifestement pas dans les cadres du réformisme institutionnel existant (le bipartisme, la relation syndicats-patronat, les politiques antisociales des socialistes, sans parler de la droite…), et qui donc le fissure et le déborde, peut-il se maintenir sans se développer, s’élargir encore et se consolider, et peut-il le faire de lui-même, c’est-à-dire sans un minimum de conflictualité avec les institutions ?
Et en retour, cette conflictualité ne contient-elle pas la possibilité d’un double mouvement de radicalisation progressive de la protestation autour d’un mot d’ordre du type « Que se vayan todos » (et l’ouverture des horizons que cela suppose) et d’approfondissement / extension des processus d’auto-organisation en cours ?
De la protestation à la rébellion ? Qui sait ?
A suivre…

Le 23 mai (à la mi-journée)

Pour information : propositions des Assemblées de Madrid et Barcelone

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Traduction française des propositions de l'Assemblée réunie place Puerta del Sol, à Madrid.

MADRID, 20 mai 2011
Suite au consensus atteint par l’Assemblée réunie le 20 mai à ACAMPADA SOL (le camp place Puerta del Sol), une première liste de propositions, résultant de la compilation et de la synthèse des milles propositions reçues tout au long de ces jours, a été élaborée.
Nous rappelons que l’Assemblée est un processus ouvert et collaboratif. Cette liste ne se conçoit pas comme étant fermée.

1. Le changement de la loi électorale pour que les listes soient ouvertes et avec circonscription unique. L’obtention de sièges doit être proportionnelle au nombre de voix.

2. Une attention aux droits basiques et fondamentaux reconnus dans la Constitution tels que :

  • Le droit à un logement digne, par la rédaction d’une réforme de la loi hypothécaire afin que la remise du logement annule la dette en cas d’impayé.
  • La santé publique, gratuite et universelle.
  • La libre circulation des personnes et le renforcement d’une éducation publique et laïque.

3. L’abolition des lois et des mesures discriminatoires et injustes telles que le plan de Bologne et l’Espace européen de l’enseignement supérieur, la loi relative au statut des étrangers et celle connue sous le nom de loi Sinde.

4. Une réforme fiscale favorable aux plus bas revenus, une réforme des impôts sur le patrimoine et les droits de succession. L’application de la taxe Tobin, laquelle impose les transferts financiers internationaux. La suppression des paradis fiscaux.

5. Une réforme des conditions de travail de la classe politique afin que soient abolies leurs indemnités de fonction. Que les programmes et les propositions politiques acquièrent un caractère inaliénable.

6. Le rejet et la condamnation de la corruption. Qu’il soit rendu obligatoire par la loi électorale de présenter des listes nettes et libres de toute personne accusée ou condamnée de corruption.

7. Des mesures plurielles à l’égard des banques et des marchés financiers dans l’esprit de l’article 128 de la Constitution, qu stipule que « toute la richesse du pays, sous ses différentes formes et quelle que soit son appartenance est subordonnée à l’intérêt général. » La réduction des pouvoirs du FMI et de la BCE. La nationalisation immédiate de toutes ces entités bancaires ayant requis le sauvetage de l’Etat. Le durcissement des contrôles sur ces entités et sur les opérations financières afin d’éviter de possibles abus quelle que soient leur forme.

8. Une vraie séparation de l’Eglise et de l’État, comme le stipule l’article 16 de la Constitution.

9. Une démocratie participative et directe dans laquelle la citoyenneté prend part activement. Un accès populaire aux médias, qui devront être éthiques et vrais.

10. Une vraie régulation des conditions de travail. Que son application soit surveillée par l’Etat.

11. La fermeture de toutes les centrales nucléaires et la promotion d’énergies renouvelables et gratuites.

12. La récupération des entreprises publiques privatisées.

13. Une séparation effective des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.

14. Une réduction de la dépense militaire, la fermeture immédiate des usines d’armement et un plus grand contrôle de la sécurité par l’Etat. En tant que mouvement pacifiste nous croyons au « Non à la guerre. »

15. La récupération de la mémoire historique et des principes fondateurs de la lutte par la Démocratie dans notre pays.

16. La totale transparence des comptes et du financement des partis politiques comme moyen de contention de la corruption politique.

@acampadasol – Movimiento #15M

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Traduction française des « Propositions de l'Assemblée de Barcelone »

Barcelone, en rassemblant le savoir et les apports de centaines de personnes, nous avons rédigé collectivement plusieurs documents de travail au sujet des différents niveaux sur lesquels nous allons agir pour obtenir le changement. Tous ces documents sont ouverts aux modifications et améliorations constantes.
Le texte qui suit n’est que l’un de ceux-là.
Nous sommes en train de changer le monde. Complètement.

Pendant ce temps, les politiques qui ne nous représentent pas sont toujours là, changeant sans cesse d’avis et légiférant sur nos vies.
C’est pourquoi nous leur écrivons ici quelques mesures qu’ils peuvent facilement comprendre, et que nous voulons voir appliquées immédiatement.
Attention ! Ce programme est minimal. En réalité ce que nous voulons est beaucoup plus grand, quelque chose qu’ils ne comprendront possiblement jamais.
Ce texte sera présenté aux maires élus demain – 22 mai – et à leurs conseillers municipaux.

Nous leur demanderons point par point d’appliquer ce qui suit, en commençant par le point 1.

1 – ABOLITION DES PRIVILEGES DES HOMMES ET FEMMES POLITIQUES, A COMMENCER PAR BARCELONE :

Une coupe drastique dans les revenus des hommes et des femmes politiques, les ajustant au revenu moyen de la population.
La suppression des privilèges concernant les impôts, les indemnités, les années de cotisation et les retraites (rien qu’à Barcelone l’économie serait au minimum d’un demi-million d’euros par mois.)
Le plafonnement des retraites sur la base de la pension maximale établie pour les autres citoyens et citoyennes.
La suppression de l’immunité juridique et de la prescription pour les cas de corruption. La révocation des hommes et femmes politiques corrompu-e-s.

2 – ABOLITION DES PRIVILEGES DES BANQUIERS ET BANQUIERES :

La prohibition de tout type de sauvetage ou d’injection de capital dans les entités bancaires et les caisses d’épargne : ces entités, en difficulté, doivent faire faillite ou être nationalisées pour constituer une banque publique sous contrôle social.
La restitution transparente et immédiate aux coffres publics, de la part des banques, de tout le capital public apporté.
La régulation des mouvements spéculatifs et des sanctions envers les mauvaises pratiques bancaires. La prohibition des placements dans les paradis fiscaux.
Que tous les logements acquis via des opérations hypothécaires abritent sous un régime de loyer social les familles expulsées.

3 – ABOLITION DES PRIVILEGES DES GRANDES FORTUNES :

[Il suffirait d’appliquer la coupe de 5% des revenus, qui fut appliquée aux fonctionnaires, aux 50 plus grandes fortunes et le problème de déficit de l’Etat espagnol serait résolu.]
L’augmentation du taux d’imposition des grandes fortunes et entités bancaires, l’élimination des SICAV.
Non à l’élimination des droits de succession. Pour le retour de l’impôt sur le patrimoine.
Le contrôle réel et effectif de la fraude fiscale et de la fuite de capitaux vers les paradis fiscaux.
La promotion au niveau international de l’adoption d’une taxe des transactions financières (taxe Tobin.)
De par l’application de ces 3 points on obtient le budget pour les quatre suivants. Parce que l’argent ne manque pas, il est évident qu’il existe des moyens.

4 – REVENUS DIGNES ET QUALITE DE VIE POUR TOUT LE MONDE :

L’économie au service des personnes et non le contraire.
L’établissement d’un salaire maximum tout comme il existe un salaire minimum.
La réduction de temps de travail quotidien, de façon que tout le monde puisse profiter, prendre le temps de penser et concilier sa vie personnelle avec la vie professionnelle, sans réduction de revenu.
Le retrait de la réforme des retraites.
La sécurité de l’emploi : l’impossibilité d’effectuer des licenciements économiques dans les grandes entreprises réalisant des bénéfices ; le contrôle financier des grandes entreprises pour s’assurer qu’elles n’embauchent pas en CDD lorsqu’elles pourraient le faire en CDI.
La reconnaissance du travail domestique, reproductif et de soins.

5 – DROIT AU LOGEMENT :
L’expropriation des logements inoccupés n’ayant pas été vendus pour augmenter le parc public de logements en régime de loyer social.
La déclaration que les villes sont libérées des expulsions de locataires et de squatteurs.
La pénalisation du mobbing.
La dation en paiement des logements pour annuler les hypothèques, de manière rétroactive depuis le début de la crise.
La prohibition de la spéculation immobilière.
***

LES POINTS SUIVANTS RESTENT A DISCUTER EN ASSEMBLEE :

6 – SERVICES PUBLICS DE QUALITE :

Le retrait des propositions de coupes budgétaires du Gouvernement de la Généralitat.
Le rétablissement des services de santé et d’éducation qui ont subi les coupes budgétaires.
L’engagement du personnel sanitaire jusqu’à la fin des listes d’attente.
L’engagement de la profession enseignante pour garantir le ratio d’élèves par salle, les groupes dédoublés et les groupes de soutien.
La garantie réelle de l’égalité des chances pour l’accès à tous les niveaux d’éducation, indépendamment de l’origine sociale. Enseignement laïc.
Le financement public de la recherche afin de garantir son indépendance.
Des transports publics de qualité et écologiquement soutenables.
Des services publics et gratuits de soins à l’enfance et aux personnes nécessitant de soins particuliers.
La prohibition de la privatisation des services publics.

7 – LIBERTES ET DEMOCRATIE PARTICIPATIVE :

Non au contrôle d’Internet. Abolition de la loi Sinde. Non à l’ACTA.
La protection de la liberté d’information et du journalisme d’investigation ainsi que de son indépendance.
L’élimination des obstacles légaux entravant le droit d’émission des médias communautaires libres et à but non lucratif. L’élimination des monopoles de fait des espaces radio.
L’utilisation de logiciels libres dans les institutions publiques afin de les adapter à l’ère digitale, à coûts soutenables.
Le retrait de l’ordonnance sur le civisme ; le retrait de toute ordonnance qui limite les libertés de mouvement et d’expression.
Des référendums obligatoires et inaliénables pour les questions de grande ampleur (dont les directives européennes.)
L’élimination des rafles d’immigrés en situation irrégulière et le retrait de la loi relative au statut des étrangers. La fermeture des centres d’identification et d’expulsion (CIE) et le droit de vote pour les immigrés.
Une modification de la loi électorale pour garantir un système authentiquement représentatif et proportionnel, qui ne discrimine aucune force politique ni volonté sociale – dans lequel le vote blanc et le vote nul trouvent également une forme de représentant et où l’abstention active puisse avoir son espace d’auto-organisation dans les quartiers.
L’établissement de dispositifs effectifs qui garantissent la démocratie interne aux partis politiques, listes ouvertes, élection directe des conseillers municipaux et transparence sur le financement des partis.
Budget participatif.
Respect de la planète et de tous les êtres qui l’habitent. Consommation responsable.
Défense du droit des peuples à décider de la gestion des ressources naturelles.
La monarchie est un anachronisme qui ne nous représente pas et qui, de là-haut, ne paie pas d’impôts.

8 – REDUCTION DE LA DEPENSE MILITAIRE

Voici donc les revendications minimales et d’application immédiate. Demain, les autres.
Parce que les gens doivent pouvoir organiser leur vie en coopération et en liberté.

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1 Message

  • Urgent. Des informations rapides. Merci de faire suivre....

    Depuis sept heures ce matin, les flics catalans (appelés Mossos d’Esquadra ainsi que la police municipale) expulsent le camp de la Place de Catalogne, officiellement pour la nettoyer en vue de festivités en cas de victoire du Barça demain soir en finale de la Champions League (contre Manchester).

    Des centaines de personnes sont rassemblées et essaient de faire face. Des pneus de véhicules du nettoyage ont été crevés pour les empêcher d’enlever le matériel du camp saisi sur la place. Des manifestants se sont assis et opposent une résistance passive. Et crient « C’est ça leur démocratie ! »

    Les flics chargent et matraquent les manifestants et occupent les lieux. Les tentes, les banderoles, les panneaux et le matériel informatique ont été saisis.

    10 h Les manifestants sont de plus en plus nombreux et encerclent les flics. Ceux-ci deviennent encore plus violents et multiplient les coups de matraques et lancent des balles en caoutchouc. Au moins 14 blessés officiellement à 10 h 30 d’après les services d’urgence informe la presse.

    Un second cordon de flics a été déployé autour de la Place et en bloque les accès tout en encerclant le « premier cercle » des manifestants.
    Les appels à se rassembler se multiplient ainsi qu’un appel général pour ce soir 19 h afin de reprendre la place et la tenir.

    Des appels à manifester ce soir à 19h se répandent aussi un peu partout dans les différentes acampadas des villes de Catalogne et de tout l’Etat espagnol, avec le slogan : « No nos callarán » « Ils ne nous feront pas taire ».

    Intervention policière aussi à Lleida, aussi en Catalogne.

    C’est clairement une offensive du gouvernement de Catalogne contre le mouvement des assemblées.

    Il existe à Paris, une "Maison de la Catalogne", émanation du gouvernement de la communauté autonome.
    Maison de la Catalogne 4-8 cour du Commerce Saint-André 75006 Paris Metro Odéon

    Qu’on se le dise !

    ... faire suivre, svp ...

    Infos ici :

    http://acampadabcn.wordpress.com/

    http://www.kaosenlared.net/noticia/urgente-seguimiento-barcelona-policia-autonomica-esta-procediendo-desa

    repondre message


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